Les nouveaux anticoagulants oraux

DÕaprs un exposŽ du Pr Ludovic Drouet

Angio-hŽmatologue - H™pital Lariboisire

DPC du 13 septembre 2012

 

1.   La coagulation

1.1.     Rappel

Description : Coagulation2La coagulation regroupe lÕensemble des phŽnomnes permettant de solidifier le clou plaquettaire en crŽant un caillot de fibrine qui obturera dŽfinitivement la brche vasculaire.

Le but de la coagulation est de transformer le fibrinogne en une substance insoluble appelŽe fibrine sous lÕaction de la thrombine (IIa). Cette formation de fibrine correspond ˆ la fin dÕune longue cascade enzymatique (cascade de la coagulation).

La thrombine nÕexiste pas ˆ lÕŽtat physiologique. Elle est formŽe localement ˆ partir dÕun complexe molŽculaire enzymatique (complexe prothrombinase), lui-mme constituŽ de facteur X activŽ (Xa), de facteur V activŽ, de Ca2++ et dÕun phospholipide, le facteur 3 plaquettaire.

Le complexe prothrombinase peut tre produit par 2 voies diffŽrentes, la voie endogne et la voie exogne.

1.2.     Point dÕimpact des anticoagulants

 


Il est prŽsentŽ sur le schŽma ci-dessus.


 

2.   Pour des nouveaux anticoagulants oraux ?

Les nouveaux anticoagulants ont ŽtŽ dŽveloppŽs pour proposer une alternative aux AVK.

ætre une molŽcule synthŽtique dirigŽe contre une cible unique

Deux options techniques ont ŽtŽ choisies soit dÕantagoniser la thrombine par les antithrombiniques directs (anti-IIa), soit de bloquer la gŽnŽration de thrombine par les antagonistes du facteur Xa. (anti-Xa).

Les deux options prises sont semblables au plan thŽrapeutique, cependant, les processus thrombotiques sont complexes et de ce fait, il aura des situations thrombotiques dans lesquelles une option pourra tre plus pertinente

Avoir une demi-vie courteÉ

Ceci pour que lÕeffet anticoagulant disparaisse rapidement quand le traitement est arrtŽ et ne dure pas plusieurs jours comme avec les AVK. Le revers de la mŽdaille est, quÕen cas de mauvaise observance, on peut avoir un risque de perte dÕefficacitŽ, de rebond ou encore dÕhypercoagulabilitŽ.

Avoir une rapiditŽ dÕaction...

Le fait quÕune molŽcule soit efficace en quelques heures est un avantage.

Avoir une pharmacologie prŽvisibleÉ

CÕest un rŽel avantage par rapport aux AVK. Cependant, les premires donnŽes de monitoring de ces nouvelles molŽcules dans la vraie vie mettent en Žvidence des variabilitŽs importantes.

Ne pas avoir de nŽcessitŽ dÕune surveillance ni dÕadaptation thŽrapeutique

CÕest le grand soulagement des patients et des mŽdecins pour lesquels avec les AVK, la nŽcessitŽ des INR rŽguliers est une contrainte importante. Le revers de la mŽdaille est quand un patient aura une complication hŽmorragique, il va vouloir savoir la raison du saignement : surdosage, affection associŽe, problme technique peropŽratoire, etc. Pour le patient qui doit tre opŽrŽ ou subir un geste invasif alors quÕil est sous traitement, on voudra savoir si on peut opŽrer ou intervenir et dans la nŽgative, dans combien de temps.

Pour chaque molŽcule, il va falloir en fonction de la dose administrŽe et du temps entre lÕadministration et la prise de sang savoir quel est le taux plasmatique attendu (et quel est le maximal acceptable tant pour dŽfinir lÕanticoagulation idŽale ou le retour ˆ une hŽmostase acceptable) et par quel test on peut au mieux le mesurer.

Si le patient saigne ou est ˆ risque de saignement du fait de lÕanticoagulant dans un contexte dÕurgence, il faudra pouvoir corriger rapidement lÕeffet anticoagulant et pouvoir surveiller cette correction sur des tests adaptŽs ˆ mettre en place et ˆ savoir interprŽter.

Pour chaque molŽcule, il va falloir, en fonction de la dose administrŽe et du temps entre lÕadministration et la prise de sang, savoir quel est le taux plasmatique attendu et par quel test on peut au mieux le mesurer.

Pouvoir donner une dose fixe

Cela est plus simple et plus facile mais le concept a des limites.

Ne pas avoir dÕinteractions mŽdicamenteuses

Les interactions nombreuses avec les AVK.

Avec les nouveaux anticoagulants, des interactions sont encore possibles par les molŽcules agissant sur la p-gp et pour deux dÕentre eux, potentiellement avec le cytochrome P 450 3A4.

Pouvoir tre utilisŽ chez les patients fragiles

CÕest un point capital car la cible de ces nouvelles molŽcules sont la fibrillation auriculaire, pathologie du sujet ‰gŽ et trs ‰gŽ, volontiers polypathologique et recevant de nombreux mŽdicaments. Ce sont ces points qui font que seuls moins de 50 % des sujets de plus de 75 ans qui actuellement devraient recevoir un AVK bŽnŽficient dÕun traitement anticoagulant.

Disposer dÕun antidote

JusquÕˆ maintenant ces nouveaux anticoagulants oraux ne disposent pas dÕantidote spŽcifique (alors que lÕon a la vitamine K et les facteurs de coagulation pour les AVK).

Ce dŽsavantage pourrait nÕtre que temporaire car un anticorps dirigŽ contre le dabigatran et un facteur Xa inactivŽ recombinant sont en cours de dŽveloppement et pourrait peut-tre dans les annŽes ˆ venir combler ce besoin majeur dÕavoir un antidote spŽcifique et efficace pour toutes ces molŽcules.

Avoir un moyen qui assure la compliance des patients

La surveillance rŽgulire de la compliance aux AVK par lÕINR va dispara”tre avec ces nouvelles molŽcules pour lesquelles aucun contr™le ne sera nŽcessaire ce qui rend impŽratif la mise en place dÕune politique dÕŽducation, de suivi et dÕencadrement de ces patients.

3.   Portrait des molŽcules commercialisŽes

3.1.     Le dabigatran (Pradaxaª)

3.1.1. Son profile

CÕest une anti-thrombine directe existant uniquement sous forme orale. Il inhibe directement la thrombine circulante mais aussi la thrombine liŽe aux rŽseaux de fibrine des thrombi. Cet effet est plus difficilement obtenu avec les hŽparines qui agissent en complexe avec lÕantithrombine donc formant des molŽcules dont la grande taille ne leur permet pas de pŽnŽtrer au cÏur des caillots. Le dabigatran etexilate ou Pradaxa¨ est spŽcifique de la thrombine  (il nÕinhibe dÕautres sŽrines protŽases).

Il possde une pharmacologie particulire. Aprs administration orale, le dabigatran etexilate est rapidement transformŽ en sa forme active, le dabigatran. Le pic de concentration est atteint en 2 heures aprs lÕabsorption orale. Sa demi-vie est en postopŽratoire chez le sujet sain ˆ fonction rŽnale normale de 14-17 heures et son Žlimination est ˆ 85 % rŽnale. Sa biodisponibilitŽ est faible, 6,5 % mais il existe peu de variabilitŽ inter individuelle, et pas dÕinteraction avec lÕalimentation.

Il nÕest pas mŽtabolisŽ par le CYP450

3.1.2. Ses indications homologuŽes

Il a son AMM pour :

Les contre-indications sont

Les interactions mŽdicamenteuses connues sont avec :

3.1.3. Posologie

PrŽvention des ŽvŽnements thromboemboliques veineux

220 mg par jour, soit 2 gŽlules ˆ 110 mg en une prise

Instaurer le traitement par voie orale ˆ la posologie d'une seule gŽlule 1 ˆ 4 heures aprs la fin de l'intervention chirurgicale, puis de poursuivre ˆ la posologie de 2 gŽlules une fois par jour pour une durŽe totale de traitement de 10 jours.

PrŽvention de l'AVC et de l'ES chez les patients adultes prŽsentant une fibrillation atriale non valvulaire associŽe ˆ un ou plusieurs facteurs de risque

300 mg (1 gŽlule ˆ 150 mg deux fois par jour). Le traitement doit tre poursuivi au long cours

220 mg (1 gŽlule de 110 mg deux fois par jour) pour les patients ˆ risque accru (‰gŽs > 80 ans et ceux traitŽs de faon concomitante par du vŽrapamil)

3.1.4. HŽmorragie sous Dabigatran

Il n'existe aucun antidote au dabigatran. Le traitement doit tre arrtŽ et une diurse suffisante doit tre maintenue.

Le dabigatran peut tre dialysŽ, mais il n'existe aucune donnŽe clinique permettant de dŽmontrer l'utilitŽ de cette approche.

3.2.     Le rivaroxaban (Xareltoª)

3.2.1. Son profile

CÕest inhibiteur direct du facteur Xa.

Il prŽsente une biodisponibilitŽ dÕenviron 80 %, une concentration maximale obtenue en 2 ˆ 4 heures, une demi-vie dÕŽlimination terminale de 7 ˆ 11 heures expliquant la frŽquence dÕune administration quotidienne dans une indication prŽventive

Il a son AMM pour

Les contre-indications et les interactions mŽdicamenteuses sont similaires.

3.2.2. Posologie

PrŽvention des ŽvŽnements thromboemboliques veineux [prothses totales de genou (PTG) et de hanche (PTH)]

10 mg par jour, en une prise.

Instaurer le traitement par voie orale ˆ la posologie d'une seule gŽlule 1 ˆ 4 heures aprs la fin de l'intervention chirurgicale, puis de poursuivre ˆ la posologie de 2 gŽlules une fois par jour pour une durŽe totale de traitement de 10 jours pour la PTG et 28 ˆ 35 jours pour la PTH.

Traitement de la thrombose veineuse profonde et prŽvention

20 mg en une prise

15 mg en deux prises puis une seule prise quotidienne

PrŽvention de l'AVC et de l'ES chez les patients adultes prŽsentant une fibrillation atriale non valvulaire associŽe ˆ un ou plusieurs facteurs de risque

20 mg par jour, en une prise

15 mg par jour, en une prise en cas dÕinsuffisance rŽnale

3.2.3. HŽmorragie sous Rivaroxaban

L'utilisation de charbon actif peut tre envisagŽe afin de limiter l'absorption en cas de surdosage au rivaroxaban. Le produit n'est probablement pas dialysable

En cas de saignement :

En cas de saignement mettant en danger la vie du patient, une administration de facteur VIIa recombinant pourra tre envisagŽe.

A ce jour, cependant, l'utilisation du facteur VIIa recombinant chez les personnes traitŽes par le rivaroxaban n'est pas documentŽe. Cette recommandation est basŽe sur des donnŽes non cliniques limitŽes.

3.3.     Eliquisª (apixaban)

CÕest inhibiteur direct du facteur Xa.

Il possde une AMM pour la prŽvention des Žvnements thromboemboliques veineux (ETEV) chez les patients adultes ayant bŽnŽficiŽ d'une chirurgie programmŽe pour prothse totale de hanche ou de genou.

La dose recommandŽe est de 2,5 mg deux fois par jour. La premire dose doit tre prise 12 ˆ 24 heures aprs l'intervention chirurgicale. Le passage d'anticoagulants par voie parentŽrale ˆ l'apixaban (et vice versa) peut se faire ˆ l'heure prŽvue de la dose suivante.

Pour la prothse totale de hanche, la durŽe de traitement est de 32 ˆ 38 jours. Pour la prothse totale de genou, la durŽe de traitement est de 10 ˆ 14 jours.

3.4.     LÕedoxaban

Ce mŽdicament nÕest commercialisŽ, ˆ ce jour quÕau Japon. Il est en cours de dŽveloppement dans la fibrillation auriculaire (Žtude Ç ENGAGE È) avec deux doses (30 et 60 mg) et une possibilitŽ dÕadapter les doses en les rŽduisant de moitiŽ chez les patients fragiles.


 

3.5.     En rŽsumŽ

 

 

Dabigatran (Pradaxaª)

Rivoxaban (Xareltoª)

Apixaban (Eliquixª)

FA non valvulaire

150 mg x 2

110 mg x 2 (risque hŽmorragique accru)

CI = ClCr < 30

20 mg x 1

ClCr 30 ˆ 50 : 15 mg x 1

ClCr 15 ˆ 30 : 15 mg x 1 + surveillance accrue

CI = ClCr < 15

 

PrŽvention en chirurgie orthopŽdique

110 mg (2 gŽlules une prise)

10 mg x 1

2 semaines PTG

5 semaines PTH

ClCr 15-50 surveillance accrue

CI = ClCr < 15

2.5 mg x 2

2 semaines PTG

4 ˆ 5 semaines PTH

CI = ClCr < 15

Traitement des TVP

 

15 mg x 2 pendant 3 semaines puis 20 mg x 1 pendant 3 ˆ 6 mois

ClCr 15-50 surveillance accrue

CI = ClCr < 15

 

 

 

4.   Les Indications des nouveaux anticoagulants oraux

4.1.     PrŽvention des ŽvŽnements THROMBOEMBOLIQUES aprs prothse totale de hanche ou de genou

4.1.1. Le contexte

Les complications thromboemboliques surviennent pour une part au cours de lÕhospitalisation mais aussi ˆ distance.

Il faut distinguer plusieurs types dÕŽvŽnements thromboemboliques diffŽrents pour leurs consŽquences et leurs risques, pour leur physiopathogŽnie, de par leur incidence relative dans les diffŽrents types de chirurgie orthopŽdique majeure et de par leur physiopathogŽnie  :

On comprend lÕimportance quÕil y ˆ prŽvenir les ŽvŽnements thrombotiques proximaux et les embolies pulmonaires alors que lÕon peut se poser lŽgitimement la question de savoir si il faut aggraver le risque hŽmorragique pour prŽvenir une thrombose veineuse distale des muscles du mollet dont le risque est encore mal apprŽciŽ.

Les grands registres cliniques sont concordants  pour montrer que tant  la mortalitŽ postopŽratoire que lÕincidence des ŽvŽnements cliniques thromboemboliques et cardiovasculaires a diminuŽ dÕun facteur 4 ˆ 5 dans ces 25 dernires annŽes, et que lÕincidence des ŽvŽnements symptomatiques ˆ 3 mois postopŽratoires est proche de 1 % avec un facteur prŽdictif majeur du risque qui est lÕ‰ge.

4.1.2. Les rŽsultats Ç poolŽs È des Žtudes pivots des NOAC

Ils sont prŽsentŽs dans le tableau ci-dessous.

 

 

EfficacitŽ

HŽmorragies

Critre

ƒvŽnements

Toutes

G raves

RECORD 1-4

(n=12 729)

Critre composite

Rivoxaban = 0.5

2.8

0.3

Enoxaparine = 1

2.5

0.2

RRR = 52% (24 ˆ 70%) p=0.001

NS

(NS)

ADVANCE 1/2

(n=8 484)

ƒvŽnements thromboemboliques

Apixaban = 0.7

3.6

0.7

Enoxaparine = 1.5

4.2

0.8

RRR=20% p=0.001

NS

NS

Dabigatran

Critre composite

Dabigatran 150 mg = 3.8 (NS)

5.6

1.1

Dabigatran 220 mg = 3.0 (NS)

5.6

1.4

Enoxaparine = 3.3

5.0

1.4

NS

NS

NS

 

4.2.     dans la maladie veineuse thromboembolique

4.2.1. Le traitement des thromboses veineuses profondes (TVP) par anticoagulants

Il est indispensable ds la suspicion clinique pour Žviter les principaux risques initiaux liŽs ˆ cette pathologie : lÕextension, la migration embolique, puis la rŽcidive.

La prise en charge ambulatoire des patients atteints de TVP sÕest largement dŽveloppŽe et sÕŽtend, depuis peu, ˆ certains patients sŽlectionnŽs atteints dÕembolie pulmonaire de pronostic favorable.

Elle nŽcessite, dans un temps trs court, dÕinitier un traitement dÕaction rapide qui nÕŽtait possible jusquÕalors que par voie parentŽrale. Un traitement oral mais dÕaction retardŽe doit Žgalement tre instaurŽ dÕemblŽe (AVK), qui nŽcessite du fait dÕimportantes variations de son effet entre individus et chez un mme individu au cours du temps, une surveillance biologique rŽgulire tout au long du traitement et de nombreuses explications et recommandations aux patients concernant la surveillance, les interactions alimentaires, mŽdicamenteuses, etc. Cette phase initiale o se chevauchent traitement anticoagulant dÕaction rapide et traitement dÕaction retardŽe reste dŽlicate ˆ gŽrer.

4.2.2. Les nouveaux anticoagulants

AdministrŽs par voie orale, ils ne nŽcessitent aucune surveillance biologique de leur efficacitŽ ou de leur tolŽrance.

Des essais thŽrapeutiques de phase III chez les patients atteints de maladie veineuse thromboembolique ont ŽtŽ publiŽs pour deux dÕentre eux, lÕŽtude EINSTEIN pour le rivaroxaban et lÕŽtude RE-COVER pour le dabigatran.

Comme ces mŽdicaments sont ŽliminŽs par le rein, ˆ 80 % pour le dabigatran, 33 % pour le dabigatran, lÕinsuffisance rŽnale peut limiter ou contre-indiquer ces traitements. Il en va de mme pour lÕinsuffisance hŽpatique et globalement pour les patients ˆ haut risque de saignement.

Le rivaroxaban ainsi que lÕapixaban ne nŽcessitent pas de prŽtraitement par quelques jours dÕHBPM.

La prudence sÕimpose encore toutefois pour toutes ces molŽcules pour plusieurs raisons : les patients inclus dans ces essais souvent plus jeunes et ont moins de comorbiditŽs que les patients vus en routine, et lÕextrapolation des rŽsultats devra se faire avec prŽcaution. Par ailleurs, lÕabsence dÕantidote constitue une limite commune ˆ tous ces traitements, mme si les firmes pharmaceutiques travaillent activement ˆ rŽsoudre ce problme.


 

4.3.     dans la fibrillation auriculaire ?

4.3.1. La fibrillation auriculaire (FA)

CÕest une ŽpidŽmie du XXIe sicle. CÕest le trouble du rythme le plus frŽquent, lÕincidence augmente rŽgulirement avec lÕ‰ge pour toucher plus de 10 % des sujets de plus de 80 ans.

CÕest un facteur de risque (FDR) majeur et indŽpendant dÕaccident embolique notamment cŽrŽbral, de handicap et de mortalitŽ. Compte tenu du vieillissement de la population, lÕenjeu de santŽ publique est majeur.

4.3.2. Les AVK

JusquÕˆ rŽcemment, le traitement par AVK Žtait le seul traitement ˆ avoir dŽmontrŽ une rŽduction du risque dÕaccident vasculaire cŽrŽbral ischŽmique ou dÕembolie systŽmique, rŽduction de prs de deux sur trois par rapport au placebo, et de 30 ˆ 40 % par rapport ˆ lÕaspirine. Ce bŽnŽfice est essentiellement observŽ dans le groupe de patient en FA ˆ risque thromboembolique modŽrŽ ˆ ŽlevŽ.

Le prix ˆ payer pour cette efficacitŽ est le risque hŽmorragique, notamment intracŽrŽbral, qui augmente de manire exponentielle avec lÕINR. Par ailleurs, de nombreuses limites sont ˆ porter au crŽdit des AVK :

4.3.3. Les nouveaux anticoagulants

4.3.3.1.    Les essais pivots

Leur intŽrt a ŽtŽ clairement montrŽ au travers de 4 Žtudes comprenant plus de 60 000 patients avec des rŽsultats allant dans la mme direction, mme si Žtudes ne sont pas directement comparables.

Les Žtudes RELY et ARISTOTLE se sont adressŽes ˆ des patients avec une FA et un facteur de risque embolique alors que lÕŽtude ROCKET a inclus des patients avec une FA et deux FDR ou plus.

Les Žtudes montrent par rapport au traitement par AVK une rŽduction des accidents hŽmorragiques cŽrŽbraux et une non-infŽrioritŽ, voire une supŽrioritŽ dans la rŽduction des complications thromboemboliques.

4.3.3.2.    Les principaux rŽsultats des Žtudes pivots

Les critres dÕŽvaluation on ŽtŽ les suivants


 

Ils sont prŽsentŽs dans le tableau ci-dessous.

 

 

RE-LY

Dabigatran

ROCKET AF

Rivoxaban

ARISTOLE

Apixaban

EfficacitŽ

Critre principal/an

W=1.69% vs.

D 110 mg =1.53% (P<0.001 NI)

RRR=9% (+11 ˆ -26%)

D 150 mg=1.11% (P<0.001 supŽrioritŽ

RRR=34% (18 to 47%)

MortalitŽ

W=4.13% vs.

D 110 mg=3.75% (P=0.13)

D 150 mg=3.64% (P=0.051)

Critre principal/an

R 1.7% vs. W 2.2%

RRR=21% (4 ˆ 34%) ; P<0.001 (non infŽrioritŽ)

ITT /an

R 2.1% vs. W 2.4%

RRR=22% (-26 ˆ +3%) ; P<0.001 (NI) ; P=0.12 (supŽrioritŽ)

Critre principal/an

APIX 1.27 vs. W 1,6%

RRR=21% (5 ˆ 36%) P<0.001(NI) ; p=0.01 (supŽrioritŽ)

MortalitŽ/an

APIX=3.5% vs. W=3,94%

RRR=11% (1 ˆ 20%) p=0.04

 

Saignements

Majeurs

W=3.36% vs.

D 100mg=2.71% (P=0.003)

D=150 mg=3.11% (P=0.31)

Intracr‰nien

W=0.38% vs.

D 110 mg=0.12% (P<0.001)

D 150 mg=0.10% (P<0.001)

Tout saignement/an

R 14.9% vs. W 14.5%

HR=1.03 (0.96 to 1.11); P=0.44

RŽduction du risque de

- Intracr‰nien : 0.5% vs. 0.7%, P=0.02

HŽmorragies fatales : 2% vs. 0.5%, P=0.003

Majeurs/an

APIX 2.1 % vs. ASA 3.0%

RRR=31% (20 ˆ 40%); P<0.001

 

Commentaire

18 000 AF + 1 FR dÕAVC

Age moyen 71 (65 -78) ans

En ouvert

2 bras 150 mg x2 ou 110 mg x2

CHADS moyen : 2 (33% ³3, 20% AIC/AIT)

14 000 patients

Age moyen 73 ± 9 ans

Double-aveugle

20 mg/jour (15 mg/jour si ClcrŽat = 30-50 mL/min)

CHADS moyen : 3.5 (87% ³ 3; 55% avec AIC/AIT) Plus sŽvres

18 000 patients

Age moyen 70 (63 – 76 ans)

Double-aveugle

2x5 mg/j (2x2.5 mg/j chez patients ˆ risque)

CHADS moyen : 2 (30% ³ 3 ; 14% avec AIC/AIT)

 

4.3.3.3.    En synthse NAO vs. warfarine

Pour le critre primaire (AVC et embolie systŽmique)

Pour les critres secondaires

Pour le critre de sŽcuritŽ primaire

Pour les critres de sŽcuritŽ secondaires

Les nouvelles recommandations

Le guide de pratique de lÕEuropean Society of Cardiology (ESC) recommande pour le choix dÕun traitement thrombo-prophylactique en cas de FA de se baser en premier lieu sur le score CHADS2 (score de 0 ˆ 6).

Aucun traitement anticoagulant nÕest recommandŽ en cas de CHADS2 = 0 et dÕabsence dÕautre facteur de risque.


 

Un anticoagulant est recommandŽ en cas de

Par ailleurs, de nouveaux anticoagulants oraux ont ŽtŽ dŽveloppŽs avec pour objectif, une meilleure efficacitŽ, une meilleure tolŽrance et une meilleure maniabilitŽ par rapport aux AVK (voie orale, absence de monitoring), et si possible ˆ moindre cožt.

Au vu de ces rŽsultats probants, la SociŽtŽ EuropŽenne de Cardiologie, en 2012 a mis ˆ jour les recommandations de prise en charge de la fibrillation atriale, prŽsentŽes dans le schŽma.

Il faut souligner que les nouveaux anticoagulants, mme sÕils reprŽsentent une avancŽe majeure, ne rglent pas tous les problmes : celui de lÕobservance au traitement, du risque hŽmorragique, mme sÕil est rŽduit dans les essais.

De plus, plusieurs populations de patients nÕont pas ŽtŽ ŽvaluŽes, comme les insuffisants rŽnaux sŽvres, les patients avec une FA valvulaire, avec prothse mŽcanique.

5.   Les aspects pratiques dÕutilisationÉ

5.1.     Relais des AVK par dabigatran/rivaroxaban et inversement ?

en fonction de lÕINR

Arrt de lÕAVK avant le dŽbut du traitement par dabigatran/rivaroxaban :

en fonction de la clairance de la crŽatinine ou de lÕINR

DŽbut de lÕAVK (posologie initiale standard) avant lÕarrt du dabigatran/rivaroxaban :

JusquÕˆ ce que lÕINR avant la dose suivante soit = 2

Mesures fiables de lÕINR aprs interruption du traitement :

En rŽsumŽÉ


 

5.2.     en cas de chirurgie ou de geste interventionnel

Chirurgies ou actes interventionnels programmŽs

Compte tenu de lÕimportante variabilitŽ pharmacocinŽtique interindividuelle et dÕinconnues sur la concentration plasmatique minimale en deˆ de laquelle le risque hŽmorragique chirurgical nÕest pas augmentŽ, il est proposŽ par accord professionnel de rŽaliser une fentre thŽrapeutique selon les modalitŽs suivantes :

Pendant la fentre thŽrapeutique, un relais par une hŽparine sera ou non rŽalisŽ suivant lÕimportance du risque thrombotique individuel.

Du fait de lÕaction trs rapide des nouveaux anticoagulants, il ne doit y avoir aucun chevauchement entre les traitements par hŽparine (quelle que soit la dose) et par nouvel anticoagulant.

Chirurgies ou actes interventionnels non programmŽs

LÕheure de la dernire prise doit tre connue.

Si la chirurgie est hŽmorragique, elle doit tre retardŽe au maximum.

5.3.     patients avec saignements majeurs ou menaant le pronostic vita

La demi-vie dÕŽlimination des NOAC est courte mais cependant pas suffisamment pour Žviter des effets graves en cas dÕhŽmorragie majeure et il nÕexiste pas dÕantidote. De ce fait, il est proposŽ :

¥        DÕarrter le traitement par anticoagulant oral

¥        DÕorienter rapidement le patient vers un service spŽcialisŽ

¥        De rŽaliser une dialyse en cas de traitement par dabigatran

5.4.     les modalitŽs de suivi des patients ?

Il nÕy a plus de contr™le biologique de routine

Le suivi rŽgulier du patient permet

Quels tests ?

Parmi les tests globaux, le TQ est le test le plus sensible au rivaroxaban et il existe une relation linŽaire avec la concentration plasmatique du principe actif chez des volontaires sains, chez des patients traitŽs ou aprs supplŽmentation in vitro de pool de plasma normaux, avec une sensibilitŽ variable en fonction des rŽactifs.

Les tests spŽcifiques basŽs sur la mesure de lÕactivitŽ anti-Xa chromogŽnique (Rotachromª, Biophen DiXaª, Coamatic heparinª) avec des plasmas calibrŽs par surcharge des principes actifs permettent une mesure des concentrations plasmatiques de rivaroxaban et dÕapixaban. Ces tests nŽcessitent cependant des adaptations spŽcifiques ˆ la mesure de ces substances.

Les tests basŽs sur la mesure de lÕactivitŽ anti-thrombine, spŽcifiquement dŽveloppŽs pour le dosage de dabigatran et utilisant des plasmas calibrŽs par surcharge de principe actif peuvent tre utilisŽs. Avec un test fondŽ sur le temps de thrombine avec du plasma diluŽ (Hemoclot DITª), les temps de coagulation sÕallongent en proportionnalitŽ linŽaire de concentrations croissantes de dabigatran ajoutŽes ˆ un pool de plasma normal.

Le temps dÕŽcarine semble bien adaptŽ pour mesurer lÕeffet anticoagulant de dabigatran avec un allongement proportionnel aux concentrations plasmatiques de dabigatran sur un large intervalle

6.   Conclusion

Deux nouvelles classes dÕanticoagulants oraux sont actuellement disponibles, les inhibiteurs directs de la thrombine, dabigatran et les inhibiteurs du facteur X activŽ, rivaroxaban, apixaban.

Il sÕagit de molŽcules ˆ absorption et effet rapides, administrŽes ˆ des doses fixes sans besoin de contr™le de la coagulation.

Des grandes Žtudes randomisŽes ont montrŽ globalement une Žquivalence avec les hŽparines et les AVK dans le traitement de la maladie thromboembolique, et dans la prŽvention des AVC dans la fibrillation atriale.

Des analyses par sous-groupes dÕ‰ge ont ŽtŽ faites chez les plus de 75 ans, o des rŽductions de doses sont nŽcessaires. De plus, leur Žlimination rŽnale (30 ˆ 90 %) limite leur usage : contre-indiquŽs si ClCr < 30 ml/min, doses ˆ rŽduire si ClCr entre 30 et 50 ml/min.

 

 

Pradaxaª, plut™t en face dÕun risque embolique

Xareltoª, plut™t en face dÕun risque thrombotique

 


Annexe I

Les caractŽristiques principales

 

Dabigatran (Pradaxa¨)

Boehringer Ingelheim

Rivaroxaban (Xarelto¨)

Bayer

Apixaban (Eliquis)

BMS / Pfizer

Cible

Thrombine (IIa)

Facteur Xa

Facteur Xa

Administration

2 prises / jour

1 prise / jour

2 prises / jour

BiodisponibilitŽ

6,5 % (pro-drogue)

60-80 %

50 %

DŽlai dÕaction

2 h

2-4 h

2 h

Demi-vie

12-17 h

5-13 h

9-14 h

ƒliminations rŽnale

80%

33%

25%

MŽtabolisme

UGT

CYP3A4/A5 CYP2C8, CYP2J2

CYP3A4

Transport

P-gp

P-gp

P-gp

Fixation protŽique

35%

95%

87%

Antidote

non

non

non

 

Les indications ˆ ce jour et les Žtudes pivots

 

 

 

Prophylaxie PTH et PTG

ACFA

Traitement des TVP

Syndrome coronaire aigu

PrŽvention mŽdicale

Antithrombine

Dabigatran

REVOLUTION

RELY

RECOVER

 

 

Anti-FXa

Rivaroxaban

RECORD

ROCKET

EINSTEIN

ATLAS

MAGELLAN

Apixaban

ADVANCE

ARISTOLE

AVERROES

AMPLIFY

APPRAISE

ADOPT

 

Les posologies

 





ANNEXE II

 

CHADS2acronym

Congestive heart failure

1

Hypertension

1

Aged ³75 years

1

Diabetes mellitus

1

Stroke/TIA/TE

2

Maximum score

6

CHA2DS2-VASc acronym

Congestive heart failure/LV dysfunction

1

Hypertension

1

Aged ³75 years

2

Diabetes mellitus

1

Stroke/TIA/TE

2

Vascular disease (previous MI, PAD, or aortic plaque)

1

Aged 65–74 years

1

Sex category (i.e., female sex)

1

Maximum score

9

 

 

 

Adjusted stroke rate (% per year)

CHADS2score

CHA2DS2-VASc score

0

1á9%

0

0%

1

2á8%

1

1á3%

2

4á0%

2

2á2%

3

5á9%

3

3á2%

4

8á5%

4

4á0%

5

12á5%

5

6á7%

6

18.2%

6

9á8%