EPU95-Montmorency
Gastro-entérologie
Mise à jour du 10 Mai 2007*
Sigmoïdite diverticulaire
Aiguë
Pr. G.
Champault,
Chef du Service
de Chirurgie Viscérale Hôpital Jean Verdier (Bondy)
Séance du 9
janvier 2003
1.
Généralités
La maladie diverticulaire est
4
rare avant 40 ans,
4
touche 30 % des sujets après 60 ans, et 50 % des
sujets de 80 ans.
Comme l’espérance de vie augmente (74 ans pour les
hommes, 82 ans pour les femmes), le praticien est fréquemment en présence
de problèmes liés à la maladie diverticulaire ou de ses complications.
1.1. Histoire naturelle de la maladie
diverticulaire
La maladie diverticulaire peut aller de la latence la
plus complète aux complications les plus graves dont la péritonite
stercorale (mortalité de 50 % encore actuellement).
4
Le plus souvent il s’agit d’une pathologie latente
(90% des sujets porteurs de diverticules) è l’apparition de
diverticules est une sorte de vieillissement de l’intestin.
4
Les complications sont relativement rares (10 à 20
% dans toutes ses formes) è
diverticulites avec ses différentes manifestations (Inflammation,
abcès, perforations, hémorragies, sténoses, fistules (vessie, vagin, …)
1.2. Quatre remarques concernant les complications
4
Les
complications sont surtout liées à l’infection d’un diverticule ou « diverticulite »
et sont très souvent chirurgicales lorsque la maladie évolue. Pour le
chirurgien c’est le problème de traiter des abcès, des péritonites, des
sténoses, des hémorragies, des fistules. Ces complications sont quelquefois
graves, et nécessitent une prise en charge assez rapide.
4
50 % des perforations diverticulaires
sont inaugurales :
o
Ainsi des patients porteurs de diverticules ne
s’étant plaint auparavant d’aucun symptôme vont un jour ou l’autre faire
une perforation. Celle-ci est extrêmement grave avec une mortalité de 15 à
20 % encore actuellement.
o
Il n’y a pas de prévention. Il faut s’attendre chez
les patients porteurs de diverticules à une telle situation qui représente
une urgence.
o
Le délai d’intervention constitue, parmi les
éléments de pronostic, l’élément le plus important.
4
La grande
fréquence d’une 2ème complication après la 1ère ayant nécessité une
hospitalisation :
o
30 % des patients ont une nouvelle complication
dans les 5 ans. La survenue d’une première crise doit enclencher un certain
nombre d’attitudes thérapeutiques qui doivent éventuellement être
agressives. La fréquence de nouvelles complications, dont on sait qu’elles
sont d’autant plus graves qu’elles se répètent, doit amener à pratiquer un
geste pour prévenir à froid la survenue de ces manifestations.
o
25 % des
patients décèdent de cette 2ème complication.
4
Quand un
patient rentre dans la maladie symptomatique, il reste exposé à un risque
vital et d’autant plus que le patient est âgé.
2.
PHYSIOPATHOLOGIE
DES DIVERTICULES
Une « révolution alimentaire » est à l’origine
de l’augmentation de la maladie diverticulaire :
4
Dans la littérature, pas ou peu de diverticules
avant 1920
4
La maladie diverticulaire est apparue avec les
progrès de la minoterie du fait de la diminution des fibres alimentaires
lors de la suppression du son dans la farine du pain.
4
Parallèlement à cette diminution des fibres de
l’alimentation, il y a eu une augmentation dans l’alimentation des produits
carnés, des graisses, …
4
Entre 1920 et maintenant en France, l’apport en
fibres alimentaires a été réduit dans l’alimentation des 9/10ème.
Une étude américaine permet d’étayer cette
situation.:L’étude du poids des selles dans une population à alimentation
riche en fibres (Ouganda), par rapport à celui d’une population à «alimentation occidentalisée »
(US Navy) a montré une nette réduction du poids des selles dans le 2ème
type de population :
4
Ouganda : 270 g / 24 heures
4
US Navy : 100 g / 24 heures
Ce rôle des fibres alimentaires est très important et en
pratique un patient porteur de diverticules intestinaux doit avoir une
alimentation supplémentée en fibres. De nombreuses études ont montré que
les fibres alimentaires prévenaient ou retardaient l’apparition des
diverticules, et même stabilisaient les diverticuloses constituées.
La maladie diverticulaire est une maladie moderne du
20ème siècle, qui augmente avec l’augmentation de l’âge moyen et celle de
la durée de vie et elle est directement liée à des habitudes alimentaires
qui vont toujours dans le sens d’une réduction des fibres.
Il existe des variations géographiques de la maladie en
fonction du régime alimentaire :
4
Elle est rarissime dans les pays en voie de
développement, (Afrique 0,1 à 5 % de la population),
4
Elle est fréquente dans les pays occidentaux (45 à
55 % de la population)
L’étude comparative entre les Japonais qui vivent au
Japon et ceux qui vivent à Hawaï a montré :
4
8 % de diverticulose chez les Japonais du Japon
4
52 % chez les japonais qui vivent comme les
Américains à HawaÏ.
Il n’y a pas d’incidence raciale. Aux USA, le
pourcentage de diverticulose est strictement identique chez les noirs
américains et les blancs américains.
3.
ANATOMOPATHOLOGIE
DES DIVERTICULES
3.1. Anatomopathologie
Il s’agit de diverticules de pulsion, par hernie de la
muqueuse, se situant sur la partie ante et mésentérique du gros intestin,
entre les bandelettes, sur une zone de faiblesse.
De nombreuses études ont montré qu’il y avait des
affaiblissements au niveau de la paroi et une hyperpression intra-luminale.
Le processus est identique à celui des hernies de faiblesse.
C’est une maladie qui prédomine sur le colon gauche essentiellement sur le sigmoïde (d’où
la dénomination de sigmoïdite), et qui peut exister sur d’autres
parties du colon, parfois sur tout le colon mais jamais sous la charnière
recto-sigmoïdienne. Le nombre de diverticules va en décroissant de la
gauche vers la droite :
4
Sigmoïde 90%
4
colique gauche 30
%
4
Transverse 4
%
4
Pancolique 14
%
Pour le chirurgien, il est important que la topographie
de la maladie soit bien identifiée pour connaître la zone à réséquer devant
comporter toute la zone pathologique.
3.2. La zone pathologique est-ce la zone infectée
ou la zone avec diverticules ?
Actuellement, il n’y a pas de règle connue. En pratique
on sectionne la zone infectée (inflammatoire) jusqu’à la zone non
inflammatoire en laissant volontairement des diverticules dont leur exérèse
serait disproportionnée et non justifiée.
Quand la maladie se complique d’infection, il s’agit
d’une infection à l’intérieur du diverticule pouvant créer soit une
micro-perforation, soit une pullulation microbienne en rapport avec la
flore colique (avec son incidence sur le plan thérapeutique). Par réaction,
l’épaississement de la paroi colique est une caractéristique importante de
la sigmoïdite. Cette réaction inflammatoire est non spécifique, ce qui
exclut toutes les autres maladies coliques granulomateuses ou colites
ulcéreuses.
Souvent il existe un micro-abcès qui évolue comme dans
l’appendicite (infiltrat, puis diffusion de l’infection). Quelques formes
sont régressives soit spontanément soit sous traitement médical.
L’apparition d’une scléro-lipomatose (épaissement des
tissus qui supportent l’intestin comme le méso-colon) ce qui peut rendre,
pour le chirurgien, l’exérèse difficile (parfois plus grande que lors d’une
exérèse d’un cancer du sigmoïde)
4.
EVOLUTION DES
PRINCIPES THERAPEUTIQUES
4.1. Historiquement trois périodes
4
Jusque dans les années 1920, il n’y en avait pas
beaucoup et seuls les patients avec complications étaient vus en urgences.
4
Dans les années 1950, on a commencé à développer le
principe d’une chirurgie préventive.
o
La mortalité lors d’intervention en urgence était
de 50 %
o
La mortalité lors d’une intervention à froid était
de 10 %
4
Depuis une quinzaine d’année (1990), on s’oriente
vers une prise en charge thérapeutique beaucoup plus précoce : le
concept de la 2ème crise est remis en cause, on privilégie les
interventions prophylactiques avant que les lésions n’évoluent et que les
complications n’apparaissent. Un apport considérable est celui de
l’intervention par voie cœlioscopique simplifiant considérablement la
qualité de vie après l’intervention et les suites de l’intervention.
4.2. Le classement en fonction de la situation
Les chirurgiens américains, les premiers, ont réparti
les situations en trois groupes :
4
Situation
d’urgence nécessitant une intervention immédiate : la péritonite
par perforation qu’elle soit stercorale (la plus grave), ou qu’elle soit
purulente. La notion de délai joue ici énormément dans le pronostic. Pour
sauver les patients on utilisait une chirurgie de sauvetage consistant à
retirer la zone lésionnelle suivie d’une colostomie. Dans un 2ème temps, si
l’évolution était favorable on rétablissait la continuité au minimum à 3
mois, souvent à 6 mois.
4
Situation de
semi urgence : situation qui permet d’avoir le temps d’explorer
(scanner, …) et de réfléchir à la stratégie d’intervention.
Masse inflammatoire
Fistule colo-vésicale ou
colo-vaginale
Sténose
L’abcès essentiellement dans l’atmosphère péricolique, mais
également dans la cavité abdominale.
o
Autrefois, l’intervention se faisait en 2 temps
avec colostomie obligatoire.
o
Actuellement, la tendance est à la ponction
drainage écho-scano-guidée. Elle permet une évolution beaucoup moins
agressive.
4
Situation de
chirurgie élective
Jusqu’à ces dernières
années, la notion de crise de sigmoïdite ou de diverticulite était traitée
par traitement médical entraînant une régression des symptômes en quelques
jours. La règle était de dire : « on proposera un geste plus
agressif (suppression chirurgicale de la lésion) qu’à partir de la 2ème
crise. On s’est rendu compte qu’attendre la 2ème crise, dont on est presque
sûr qu’elle va survenir à partir du moment où la maladie devient
pathologique, c’est exposer le patient soit à l’opérer dans de mauvaises
conditions, soit à l’exposer à des complications, soit à laisser une épée
de Damoclès.
A l’heure actuelle, il faut poser le problème chirurgical après la
1ère crise. Il faut savoir si le patient peut tirer bénéfice d’une
intervention qui serait faite de façon élective, sur un patient préparé,
avant que ne surviennent les crises itératives. La situation de sécurité est d’intervenir après 3 à 4 mois de
période silencieuse de tout symptôme.
Si l’on attend la 2ème
poussée, les crises ayant tendance à se rapprocher peuvent ne laisser entre
elles que des périodes asymptomatiques inférieures en durée à celle qui
correspond à la période de sécurité (d’où un cercle infernal dont on
n’arrive pas à sortir).
L’idée de remettre en cause
l’intervention après la 2ème crise pour la reporter à la 1ère crise doit
être prise en compte pour pouvoir traiter les patients avant que ne
surviennent les complications importantes. La chirurgie élective après la
1ère crise s’accompagne d’un résultat excellent (mortalité à 1 % au lieu de
10 % à chaud).
4.3. Les armes thérapeutiques se situent à 3
niveaux :
L’antibiothérapie
est une arme majeure dans tous les cas, car les complications sont
presque toujours infectieuses. Elle est ciblée sur la flore colique
(aérobie et anaérobie).
La réanimation lourde est nécessaire dans les formes les
plus extrêmes et pour les sujets âgés.
La chirurgie
classique part d’un principe très simple : il existe une zone
pathologique è
il faut en faire l’exérèse, quelle que soit l’importance de cette
pathologie :
4
Le sigmoïde globalement (en aval sous la charnière
recto-sigmoïdienne, en amont là où les tuniques digestives sont non
inflammatoires).
4
Lorsque le sigmoïde est retiré, on se trouve devant
des situations très variables liées à l’état du patient et à l’état local.
Deux possibilités d’action suivant la situation
o
Le rétablissement immédiat de la continuité
nécessitant l’accord du patient et du chirurgien
o
La colostomie quand l’infection est importante,
chaque fois que l’anastomose immédiate est risquée (risque de désunion).
Cette colostomie est pour le patient et son entourage lourde de
conséquences avec pour perspective, dans un 2ème temps opératoire, d’un
rétablissement de la continuité qui a sa propre mortalité.
Deux améliorations techniques chirurgicales importantes
sont adoptées par la plupart des chirurgiens :
4
Les sutures mécaniques permettent une plus grande
rapidité et sécurité que la suture ancienne à l’aiguille
4
La laparoscopie
5.
LES
SITUATIONS cliniques & leur traitements
Au cours de la maladie diverticulaire, le médecin peut
se trouver devant 5 tableaux cliniques :
-
Poussée de
diverticulite où le médecin doit se poser la question quand
opérer ?
-
Complications
septiques qui concerne les radiologues et les chirurgiens :
péritonites, abcès,
-
Sténoses qui
posent le problème est-ce une sténose cancéreuse, ou infectieuse ?…
-
Fistules en
règle facile à évoquer et à résoudre
-
Hémorragies
digestives. Les diverticules peuvent saigner, et parfois entraîner des
hémorragies très importantes nécessitant un geste en urgence qui peut aller
jusqu’à la colectomie totale d’hémostase.
5.1. La poussée de diverticulite
5.1.2. Présentation
Il s’agit d’une infection d’un diverticule, base de la
pathologie. Un jour ou l’autre sans que l’on sache pourquoi, dans le diverticule
une pullulation microbienne survient et avec elle une microperforation qui
permet au processus de s’enclencher vers une sigmoïdite où l’atteinte
péri-sigmoïdienne est la complication la plus fréquente (10 à 25 % des
diverticuloses)
Il existe une grande diversité clinique allant de :
4
formes très graves dans le ventre et peu de signes
cliniques
4
à des formes avec des symptômes criants et des
lésions peu importantes
La clinique est indispensable pour s’orienter vers la
diverticulite. L’examen doit être soigneux car le diagnostic est souvent
difficile comme lors d’une appendicite. Les signes sont ceux d’une
appendicite à gauche (douleur à gauche, empâtement, défense, troubles du
transit, fièvre, hyperleucocytose), parfois un syndrome de masse que le TR peut
percevoir quand elle tombe dans le petit bassin, un météorisme, un syndrome
infectieux pouvant aller jusqu’à un état de choc, une pneumaturie à
rechercher car très évocatrice de fistule souvent précédée d’infections
urinaires à répétition.
Les examens biologiques à demander pour évaluer le
retentissement biologique de l’infection : NFS, CRP
5.1.3. Le diagnostic repose sur l’imagerie :
4
L’ASP peut
donner des informations très importantes et 30 à 50 % des clichés sont
anormaux : niveaux hydro-aériques, météorisme, un pneumopéritoine (11
%) sanctionné par un geste d’urgence, la clarté cœcale (diamètre > 10
cm) traduit la gêne au transit gazeux donc une sténose en aval.
4
Les
lavements opaques posent un problème difficile à régler. Cet examen
permet de voir les diverticules, la sténose, la topographie des lésions et
leur répartition. Il a ses dangers lors des poussées de
diverticulite : risque de rupture de diverticule, et passage du
produit de contraste dans le péritoine (ennuyeux avec les hydrosolubles, dramatique
avec la baryte). Examen à prendre en compte mais à distance de la crise.
Pour le chirurgien, c’est un examen important car il va donner l’image de
la répartition des diverticules sur le cadre colique, permettre de
déterminer la zone qu’il faut couper, évaluer la longueur de la boucle du
sigmoïde, et prévoir la technique opératoire en fonction de la zone à
enlever. La sensibilité de l’examen
est de 94 %.
4
Le scanner
est un examen qui a beaucoup d’intérêt : image d’épaississement de la
paroi colique, d’infiltration graisseuse, d’abcès péricoliques dans le méso
ou pelviens. Ceux-ci traduisent l’extension de l’infection, et des gestes
thérapeutiques de drainage doivent être pris immédiatement. Le scanner est
actuellement l’examen demandé en 1ère intention. Sa sensibilité et sa spécificité sont de l’ordre de 90 %.
4
L’échographie
peut montrer des aspects spécifiques hypoéchogènes d’abcès. Sa sensibilité
est de 84 %. Il est non invasif et peu coûteux. Il permet un suivi
rapproché et peu coûteux. Mais, il est opérateur dépendant.
4
L’endoscopie
n’est jamais pratiquée en première intention à cause du risque de
perforation, mais elle le sera à distance de la poussée.
5.1.4. Hospitalisation ou traitement ambulatoire ?
Dans les formes peu sévères il peut être conduit en ambulatoire
avec si besoin un avis chirurgical. Le traitement ambulatoire exige une
amélioration rapide en 2 à 3 jours. Les formes peu sévères sont les plus
fréquentes (idem à appendicite), certaines peuvent régresser spontanément
Dans les formes plus sévères ou sévères lorsqu’il existe
un climat infectieux ou un terrain particulier (immunodéprimé, sujet âgé)
le traitement sera entrepris en milieu hospitalier.
En cas de doute, il vaut mieux hospitaliser
(antibiothérapie par voie veineuse, suivi des examens, scanne)
5.1.5. Le traitement médical
Il consiste :
4
Arrêt de l’alimentation orale en milieu
hospitalier, ou régime sans résidu
4
Antibiothérapie de 7 à 10 jours contre une flore
aéro-anaérobie :
o
acide clavulanique d’amoxicilline
(Augmentin ®) en première intention
o
sulfametoxazole-triméthoprime,
o
quinolone + métronidazole
L’évolution sous traitement médical
4
En cas d’échec du traitement médical, se pose le
problème d’une complication ?
4
85 à 90 %
des diverticulites se résolvent sous traitement médical en 2 à 4 jours
(douleurs, fièvre, leucocytose).
Après la résolution de la crise, quelle conduite
tenir ?
Le risque de
survenue d’une nouvelle poussée après la 1ère crise est de 33 %, (50 %
dans l’année, 90 % dans les 5 ans). Les récidives répondent moins bien au
traitement conservateur et exposent à des complications avec une mortalité
accrue. Ce risque pose le problème de la chirurgie après la première
crise ?
5.1.6. Le traitement chirurgical électif
Il doit être
pratiqué à distance de l’épisode aigu (2 mois minimum) en ayant
continué un traitement antibiotique au long cours. Avant d’opérer, la
maladie doit être réévaluée par scanner à la recherche d’abcès évoluant à
bas bruit, cette découverte nécessitant une autre attitude.
L’intervention par laparotomie nécessite une incision
longue pubo-xyphoïdienne pour décoller l’angle gauche du colon et
l’abaisser pour la suture au rectum)
Depuis 10 ans l’intervention par laparoscopie se
développe :
-
l’objectif initial était de décoller l’angle gauche sous
laparoscopie et de faire ensuite une résection par une plus petite
incision.
-
Avec l’expérience, on arrive à faire l’intervention
totalement sous laparoscopie avec une durée opératoire et une sécurité
identique à la chirurgie classique, avec un confort postopératoire très amélioré
(dès le réveil pas de sonde naso-gastrique, ni urinaire, pas de drain,
levée à J1).
Mais, tous les patients ne peuvent pas être opérés par
laparoscopie (terrains). Cette technique nécessite une formation des
équipes et une expérience en chirurgie colo-rectale et laparoscopique
Paramètres
|
Laparotomie
|
Laparoscopie
|
Durée opératoire
Conversion
Incision
Reprise du transit
Reprise de l’alimentation
Durée du séjour
Douleurs
Mortalité
Morbidité
|
2 heures
22 - 25 cm
3 - 4ème jour
4 – 5ème jour
9 – 10 jours
+++
1 – 3 %
15 – 20 %
|
2 heures (expérience)
5 – 30 % (expérience)
5 – 6 cm
1 – 2ème jour
2 – 3ème jour
4 – 6 jours
±
1 %
5 – 10 %
|
5.2. Traitement des formes compliquées
Les formes compliquées nécessitent souvent une chirurgie
en urgence qui est une chirurgie en 2 temps avec une dérivation ( 2
interventions avec chacune un lot de mortalité)
5.2.1. Les complications septiques
Dans un esprit de simplification Hinckey a proposé une
classification. Elle est reconnue par tous :
Hinchey I
Hinchey
II
|
Abcès péri-colique
Abcès pelvien
|
Hinchey
III
Hinchey
IV
|
Péritonites
généralisées
Péritonites
stercorales
|
5.2.1.1. Les abcès (stade Hinchey I ou II)
Ils correspondent à un stade précoce dans cette
classification.
Leur diagnostic repose sur l’imagerie (échographie,
scanner) précisant la taille, la situation, le nombre et l’évolution
Il existe une
symptomatologie infectieuse, un syndrome de masse et des signes
d’accompagnement urinaire ou occlusif. Ils peuvent se constituer à bas
bruit avec une période de latence clinique.
Leur traitement
Il repose sur deux principes : le traitement
antibiotique et l’évacuation drainage de l’abcès
4
La meilleure option, qui peut être réalisée dans 80
% des cas, quand l’abcès est unique, bien collecté, situé dans une zone
d’accès facile, consiste en :
o
Une évacuation per-cutané associée à
l’antibiothérapie
o
Suivie d’un résection élective dans un 2ème temps à
froid et à distance.
4
Quand l’abcès est au milieu des anses intestinales,
non accessibles ou avec risque digestif et qu’il ne peut être évacué sous
contrôle de l’imagerie, il est nécessaire d’intervenir. L’attitude sera de
type classique et consistera en :
o
Une évacuation chirurgicale de l’abcès avec
résection lésionnelle sans rétablissement de la continuité dans un 1er temps.
o
Le rétablissement secondaire de la continuité
n’étant envisagé qu’après 3 à 6 mois.
5.2.1.2. Les péritonites (stade Hinchey III et IV)
Le diagnostic est essentiellement clinique :
4
Syndrome douloureux intense de la FIG à début
brutal, avec des signes infectieux ± choc, un état subocclusif, une
contracture abdominale, une douleur au TR.
4
Le pronostic est étroitement lié au délai
d’intervention et au terrain +++
L’imagerie
4
L’ASP est important : pneumopéritoine dans 15
à 40 % des cas. Sa constatation nécessite sans délai une intervention.
4
Le scanner ne sera pratiqué que si on peut l’avoir
rapidement, sinon il est un facteur de retardement. Il montre des images
d’épanchement.
Le traitement est un traitement d’urgence
4
Le traitement classique est encore actuelle et
réalisée une fois sur deux. Il associe :
o
Antibiothérapie adaptée et une réanimation
o
Chirurgie : une toilette péritonéale, puis une
résection de la zone lésionnelle sans rétablissement de la continuité
digestive pour éviter le risque de désunion en milieu septique et enfin un
drainage.
4
L’option thérapeutique moderne du geste chirurgical
est mini-invasive :
o
Abord laparoscopique +++ qui permet la toilette
péritonéale, la suture ou l’encollage de la perforation,
o
Le drainage. Elle évite la dérivation.
o
La résection lésionnelle se fera à distance (3 – 4
mois) par laparoscopie.
o
Ainsi une fois sur deux, on peut par laparoscopie
vérifier le diagnostic de péritonite, sa cause, voir la perforation et
l’obturer.
o
Le recours à cette option nécessite :
4
une sélection des patients (50%) tenant compte de
l’âge, du terrain mais surtout que le délai écoulé depuis le début de la
symptomatologie bruyante soit court.
4
une équipe chirurgicale experte en laparoscopie.
Temps opératoires
|
Chirurgie classique
|
Option par laparoscopie
|
1er
temps
Mortalité
Morbidité
Durée de séjour
Coût élevé (réanimation)
complications – réintervention
Qualité de vie
|
toilette péritonéale + exérèse lésion +
colostomie
15 à 50 %
50 à 70 %
21 à 30 jours
+++
++
stomie
|
Toilette péritonéale +
suture ou encollage perforation
0 %
15 %
7 jours
|
2ème
temps
Délai entre les 2 temps
Mortalité
Morbidité
Durée de séjour
|
rétablissement de la continuité
4 à 6 mois
5 à 10 %
|
Résection lésionnelle / laparoscopie
3 à 4 mois
0 %
10 %
5 – 7 jours
|
Etude du Pr.
Champault de 18 interventions par laparoscopie pour péritonite
diverticulaire
5.2.2. Les hémorragie
Les hémorragies concernent de 3 à 5% des diverticuloses
correspondant à 30 – 50% des hémorragies digestives basses (rectorragies).
A partir d’un
certain âge, la maladie diverticulaire est la 1ère cause de saignement
colique, essentiellement à partir de diverticules du colon droit. Il y a un
rôle favorisant des AINS.
Le diagnostic est difficile pour la localisation.
A l’endoscopie, il est difficile de savoir d’où vient le
saignement soit qu’il soit tari, soit qu’il y a du sang partout.
L’angiographie est utile quand il y a un débit suffisant
(0,5 ml/minute) mais d’autres causes sont possibles (dysplasie
vasculaire) ;
Souvent l’épisode de saignement est unique. Une
exploration est nécessaire pour éliminer une autre étiologie justifiant un
geste chirurgical (cancer). Le saignement ne requiert que rarement un geste
thérapeutique. Dans les formes graves d’hémorragie, une embolisation. ou
une colectomie totale peut s’imposer.
5.2.3. Les sténoses diverticulaires
Elles sont souvent latentes et la conséquence d’une
lésion inflammatoire diverticulaire qui évolue progressivement vers le
rétrécissement.
Devant un tableau occlusif colique, il faut éliminer un
cancer. Classiquement l’aspect de la sténose diverticulaire est différent
de celui du cancer mais pas toujours aussi simple à discerner. On s’aidera
de :
4
l’endoscopie et de la biopsie ++
4
du lavement opaque
4
du scanner
Parfois seule la pièce opératoire apportera la preuve de
la bénignité de la lésion.
Son traitement est la résection lésionnelle élective,
avec colostomie
Certaines sténoses digestives peuvent être traitées par
stent translésionnel pour permettre la reprise du transit et dans un 2ème
temps faire la résection lésionnelle.
5.2.4. Les fistules
Les fistules se situent essentiellement à deux
niveaux :
4
Soit colo-vésicale avec comme signe une
pneumaturie, une fécalurie
4
Soit colo-vaginale avec émission matières par
le vagin
Les explorations habituelles ne sont pas urgentes
L’intervention chirurgicale consiste à réséquer la
lésion avec ou sans dérivation.
6.
CONCLUSIONS
La maladie diverticulaire est une pathologie dont la
fréquence augmente, touchant surtout les sujets âgés.
Elle était marquée par la gravité des formes compliquées,
par la mortalité des péritonites (15 à 45 %)
La chirurgie classique
4
élective (à un moment choisi, à froid) :
laparotomie pour résection lésionnelle et rétablissement de la continuité
après la 2ème poussée de diverticulite.
4
en urgence : laparotomie, chirurgie en 2
temps, Hartman et colostomie.
Les évolutions actuelles :
4
L’indication chirurgicale après la première poussée
4
La résection par laparoscopie élective
4
L’évacuation écho-scanno-guidée des collections
4
Le « stent » dans les occlusions
4
Le traitement laparoscopique des péritonites
4
Traitements endoscopiques ou par angiographie
(embol) des hémorragies.
Cette évolution a permis d’améliorer le pronostic par la
précocité de la prise en charge, d’avoir recours à une chirurgie
mini-invasive, avec pour conséquence une amélioration de la qualité de vie
en évitant souvent la colostomie.
Elle nécessite une équipe chirurgicale entraînée à ce
type de chirurgie.
|