DETECTER ET PRENDRE EN CHARGE LES INFECTIONS
RESPIRATOIRES GRAVES
DÕaprs un exposŽ du Pr Bernard Maitre, Henri Mondor, CRETEIL
SŽance de FMC du 6 janvier 2011
1.
Pneumopathies
aigues communautaires
a.
Comment
repŽrer les patients Ç graves È ?
b.
Choix
actuel de lÕantibiothŽrapie
2.
Grippe
a.
ExpŽrience
2009-2010
b.
Cas
particulier des surinfections
¯ Pathologies frŽquentes
Incidence 5 ˆ 11 cas/1000 habitants
¯ Pathologies potentiellement sŽvres
Hospitalisation 22-50 % des cas et mortalitŽ 10-15 %
RŽanimation 5-10 % des patients hospitalisŽs et mortalitŽ : 25-50 %
Causes dÕŽchecs prŽcoces :
Etude espagnole sur 1383 patients non immunodŽprimŽs Roson et al Arch Intern Med 2004
DŽfinition :
absence dÕamŽlioration ou dŽgradation clinique ou radiologique
ET modification du traitement (ATB ou drainage)
RŽsultats : 6 % des cas
Facteurs associŽs :
¯ Score de FINE > 90
¯ Atteinte multilobaire
¯ LŽgionellose
¯ BG –
¯ InadŽquation de lÕantibiothŽrapie
Absence dÕamŽlioration
PrŽcoce
RetardŽe
¯ Organisme rŽsistant
AntibiothŽrapie non adaptŽe
¯ Epanchement pleural/empyme
¯ Ç Super È infection nosocomiale
Pneumonie nosocomiale
Extra pulmonaire
¯ Non infectieuse
Pneumopathie organisŽe chronique
Erreur diagnostique: embolie pulmonaire, IVG É.
MŽdicamenteux
Aggravation ou progression
PrŽcoce
¯ SŽvŽritŽ initiale
¯ Microorganisme rŽsistant
¯ Infection mŽtastatique
Empyme
Endocardite, mŽningite, arthrite
¯ Diagnostic inappropriŽ
EP, inhalation, SDRA
RetardŽe
¯ Ç Superinfection È nosocomiale
¯ Pneumonie nosocomiale
¯ Extra pulmonaire
¯ Exacerbation de co-morbiditŽs
¯ Maladie non infectieuse intercurrente
EP
IDM, (IVG)
Insuffisance rŽnale, (Diabte)
Cancer
BPCO (non retrouvŽe dans cette
Žtude ?)
Pour lÕindication ˆ lÕhospitalisation, les critres
proposŽs par lÕAFFSAP sont complexes et difficilement utilisables (cf. Mise au
point AFFSAP/SPIF 06/juin 2010,
ci-dessous).
Les critres de particulire gravitŽ, conduisant ˆ
lÕadmission en rŽanimation, sont classiques ; certains sont para-cliniques
cf. Tableau 4, ci-dessous.
Mise
au point AFFSAP/SPIF 06/2010,
Par ailleurs, pour aider ˆ la dŽcision de faire hospitaliser ou non le patient, un certain nombre de scores ont ŽtŽ Žtablis. Le plus connu et le plus validŽ est le score de FINE, publiŽ dans le New England Journal of Medicine en 1997 (cf. ci-dessous). Son objectif initial Žtait Žconomique : dŽterminer les ressources de soins nŽcessaires.
Autre intŽrt, lÕintŽgration de co-morbiditŽs ˆ cette Žvaluation. Ce score classe les patients en 5 stades (classes) de gravitŽ, trs parallle au risque de mortalitŽ. LÕ‰ge a un r™le pronostic majeur.
Il a ŽtŽ testŽ avec succs sur de trs grandes sŽries, ce qui fait tout sa force, mais sa complexitŽ le rend difficilement utilisable en pratique.
Le score CURB-65 ou CRB-65, plus simple et clinique essentiellement. Il semble plus facilement utilisable :
UrŽe > 7 mmol/L
FR ³ 30 cycles/min
TAS < 90 mmHg ou TAD ² 60 mmHg
Age ³ 65 ans
€ Score 0 ˆ mortalitŽ 1, 2 %
€ Score 1-3 ˆ mortalitŽ 31 % ˆ Žvaluation ˆ lÕh™pital
Score de FINE
Renaud B et al. Clin Infect Dis. 2007;44:41-49
Cette Žtude effectuŽe
dans les SAU dÕIle de France, analyse le pourcentage de patients hospitalisŽs
selon lÕutilisation ou non du score de FINE, pour chacun des 5 stades de
gravitŽ. Elle confirme sont intŽrt en particulier Žconomique.
La
simplicitŽ de cet organigramme, qui repose de plus sur des critres cliniques,
semble avoir un intŽrt pratique en particulier en ville.
En ce qui concerne les examens complŽmentaires, un certains nombre de
marqueurs inflammatoires ont ŽtŽ dŽveloppŽs pour tenter dÕaider la prise en
charge.
La
CRP, mais mieux la Procalcitonine (PCT) et plus rŽcemment le pro-ANP (Atrial
NatriurŽtique Peptide) semblent avoir un intŽrt dans lÕaide ˆ la dŽcision, en
particulier dans les services dÕurgence. Les 2 derniers seraient assez
spŽcifiques dÕune Žtiologie bactŽrienne
Dans tous les cas, la rŽŽvaluation ˆ 48h et peut tre
plus pertinente ˆ 72h, est impŽrative.
La Radiographie
Pulmonaire est indispensable en cas de suspicion de pneumonie
Permet de confirmer le diagnostic
Permet de rechercher des complications :
¯ ƒpanchement
¯ Abcs
Oriente pour la prise en charge
Permet aussi de Ç corriger È le tir
en cas de diagnostic alterne
¯ Sauf en cas de doute sur lÕŽvolution clinique,
il nÕest pas utile de la refaire la radio ˆ 48h.
¯ Un clichŽ de contr™le ˆ 3 ou 4 semaine est
souhaitable, pour vŽrifier la bonne Žvolution.
Cas Cliniques :
Cas n¡1 : H. 62
ans, antŽcŽdent de trouble de la conduction auriculo-ventriculaire. T 39,5¡C ˆ
dŽbut brutal, douleur thoracique droite, opacitŽ alvŽolaire systŽmatisŽe
segmentaire lobaire supŽrieure droite.
ˆ Aspect typique de PFLA
Cas n¡2 : H. 59
ans, alcoolique, dentition en trs mauvais Žtat. FŽbricule depuis 25 jours
malgrŽ antibiothŽrapie de 10 jours par Amoxicilline ; expectoration
abondante et fŽtide.
Cas n¡ 3 :
F. 62 ans, alcoolique, altŽration sŽvre de lÕŽtat gŽnŽral, fivre persistante
malgrŽ une antibiothŽrapie de 10 jours par Amoxicilline/acide clavulanique,
opacitŽs alvŽolaires bilatŽrales, probable excavation de lÕopacitŽ lobaire
supŽrieure gauche.
ˆ Tuberculose Pulmonaire
Cas n¡4 : H. 50 ans, tabac 50 PA, toux, expectoration purulente et fivre malgrŽ une antibiothŽrapie de 7 jours par LŽvofloxacine. OpacitŽ excavŽe lobaire supŽrieure droite.
ˆ Cancer Bronchique
Cas n¡5 : H. 69 ans, coronarien, hypertendu, BPCO
DyspnŽe progressive depuis 10
jours, fivre oscillante 37¡8/39¡C malgrŽ une antibiothŽrapie 7 jours
Amoxicilline/acide clavulanique
ˆ OAP
& Surinfection ˆ Pyocyanique
Objectifs :
Actif sur le germe suspectŽ selon le tableau clinique, le contexte,
les antŽcŽdents et le terrain : Pneumocoque+++, germes
atypiques (Mycoplasma pneumoniae, Chlamydia pneumoniae, C. psittaci),
LŽgionelle, Klebsiella pneumoniae, Haemophilus influenzae, anaŽrobies
Diffusant dans le poumon avec des
concentrations tissulaires correctes ou avec une diffusion intracellulaire
(germes atypiques)
Doit dŽbuter dans les 8 heures (facteur
pronostique majeur)
Recommandations
de lÕAFFSAP/SPIF Mise au point 07/2010 http://www.afssaps.fr/var/afssaps_site/storage/original/application/b33b6936699f3fefdd075316c40a0734.pdf
AntibiothŽrapie probabiliste des Pneumonies Aigu‘s Communautaires de
lÕadulte en ambulatoire, sans signe de gravitŽ :
Remarques :
¯ LÕantibiothŽrapie est une urgence.
¯ Sauf contexte trs Žvocateur, ne pas couvrir
le pneumocoque est une vraie prise de risque.
¯ Les fluroquinolones ne doivent pas tre
utilisŽes si cette famille a ŽtŽ utilisŽe dans les mois prŽcŽdents (3 mois)
¯ La telithromycine (Ketek¨) a un spectre intŽressant,
mais des cas dÕhŽpatites ont ŽtŽ dŽcrits.
¯ La durŽe de lÕantibiothŽrapie reste discutŽe.
€ Environ 8 jours en cas de PFLA ˆ pneumocoque.
€ 15 jours en cas de germe atypique, 2 ˆ 3
semaines de prŽfŽrence en cas de lŽgionellose.
AntibiothŽrapie probabiliste
des PAC non graves, hospitalisŽs :
En SI ou REANIMATION : double
ATB actifs s/ pneumocoque + LŽgionelle ± Pyocyanique
En cas dÕexacerbation de
BPCO :
Pour ces patients, les preuves de lÕintŽrt de
lÕantibiothŽrapie nÕexistent que pour les pneumonies et les exacerbations qui
ont les critres dÕAnthonisen (augmentation de la toux, de la purulence
et du volume des expectorations, de la dyspnŽe).
Recommandations AFFSAPS
juillet 2011, en cas dÕexacerbation de BPCO :
RŽpartition des cas signalŽs ˆ lÕInVS
(1er
juillet 2009- 27 janvier 2010)
REVA: RŽseau
de Recherche en Ventilation MŽcanique (ne surveille pas uniquement la
grippe) :
CrŽŽ en
2009
Services
de rŽanimation francophones fŽdŽrŽs autour de projets de recherche autour de la
ventilation mŽcanique
ExpŽrience
de lÕhŽmisphre sud a permis dÕanticiper lÕarrivŽe de la pandŽmie
Recommandations
de prise en charge ventilatoire du SDRA liŽ ˆ la grippe A/H1N1
557 patients ont ŽtŽ analysŽs au cours de la
pandŽmie, gr‰ce ˆ ce rŽseau.
Pham T
Brochard L
Brun Buisson C
Facteurs
de risque et prŽsentation clinique :
|
Cas confirmŽs H1N1 (N=557) |
DŽcs (N=114) |
Grossesse |
26 (4.7%) |
2 (1.8%) |
IMC > 30 |
161 (28.9%) |
33 (28.9%) |
Asthme/BPCO |
170 (30.8%) |
25 (22.5%) |
Diabte |
68 (12%) |
16 (14%) |
Insuffisance Cardiaque |
57 (10.2%) |
14 (12.6%) |
ImmunodŽpression |
131 (23.5%) |
49 (44.1%) |
Age |
47 ±16 |
53±17 |
Pas de facteur de risque |
157 (28.2%) |
20 (18%) |
Sympt™mes avant hosp. (j) |
4 [2-7] |
4 |
SDRA |
331 (59.4%) |
97 (87.4%) |
Pneumonie bactŽrienne associŽe |
151 (27%) |
36 (32.4%) |
DŽcompensation BPCO |
86 (15.4%) |
16 (14.4%) |
€
Selon ce
rŽseau, la grossesse et lÕimmunodŽpression apparaissaient comme facteurs de
risque de mortalitŽ en rŽanimation, mais pas lÕobŽsitŽ (contrairement aux
donnŽes australiennes), qui Žtait par contre particulirement frŽquente chez
les patients affectŽs par le H1N1 hospitalisŽs.
€
Il est
remarquable que 18% des dŽcs aient ŽtŽ des patients sans facteur de risque.
€
Les
patients Žtaient hospitalisŽs en rŽanimation seulement 4 jours aprs le dŽbut
des sympt™mes.
€
Les
surinfections bactŽriennes Žtaient particulirement frŽquentes : 27% des
patients et 32% des patients dŽcŽdŽs en rŽanimation.
Utilisation
dÕune supplŽance dÕorgane : LÕECMO a ŽtŽ particulirement
utilisŽ
|
DonnŽes disponibles pour n
des 557 malades |
N(%) |
Ventilation mŽcanique VM invasive |
555 |
413 (74.5%) 340 (61.3%) |
ECMO |
555 |
63 (11.4%) |
Vasopresseurs |
498 |
212 (38.2%) |
Epuration extra-rŽnale |
506 |
94 (18.6%) |
StŽroides Indication : sepsis/ARDS |
494 |
232 (46%) 132 (26.7%) |
Facteurs
de risque et dŽcs en fonction de la prŽsentation :
Selon le
mme rŽseau REVA (Cuquemelle
E, Brun Buisson C)
Sur 103
patients qui ont pu tre analysŽs (pas dÕATB prŽalable), 48 avaient une
co-infection bactŽrienne
Documentation
bactŽriologique :
€
AntigŽnurie
pneumocoque 39,5%
€
HŽmoculture
39,5%
€
PDP 29%
ƒcologie
:
germes |
N=48 |
Pneumocoque
|
26
(54%) |
Staphylocoque
dorŽ |
13
(26%) |
Streptocoque
hŽmolytique |
4 (8%) |
Autres |
6 (12%) |
AntibiothŽrapie
:
Association
β-lactamines/macrolides (32%) ou fluoroquinolones (40%)
DurŽe :
Co-infections
8 jours
Pneumonies
virales 7 jours (p=0,02)
Traitement
antiviral par oseltamivir (97%), durŽe mŽdiane de 6 jours
Les
co-infections Žtaient particulirement frŽquentes chez les patients sans
facteurs de risque et les immunodŽprimŽs.
á
Les
co-infections aggravaient le tableau clinique (score IGS III et CURB-65 plus
ŽlevŽs)
Co-infections
bactŽriennes :
€
1/3 des patients
de la cohorte
€
50% des
patients nÕayant pas reu dÕantibiotiques prŽalablement ˆ lÕadmission
Sous–estimation des co-infections
ƒvolution dŽfavorable : recours ˆ
la ventilation invasive et/ou dŽcs
Distinction
entre les pneumonies virales et les co-infections bactŽriennes :
–
Biomarqueurs
de lÕinflammation : valeurs seuils de PCT ˆ 0,8ng/ml et de CRP ˆ 230mg/l
Bonne
valeur prŽdictive nŽgative 90%
–
Analyse
multivariŽe : prŽsence dÕune condensation alvŽolaire
Choix
de lÕantibiothŽrapie des PAC en contexte grippal, hors rŽanimation :
AFFSAPS 2010
Choix de lÕantibiothŽrapie des PAC en contexte grippal, en rŽanimation : AFFSAPS 2010