Prise en charge thŽrapeutique des infections cutanŽes staphylococciques et streptococciques de lĠadulte en pratique quotidienne

 

Dr Fabien Guibal

Service de dermatologie - H™pital Saint Louis Paris

SŽance de FMC du 5 mai 2011

 

1.  Critres de choix dĠune antibiothŽrapie

Ils sont basŽs sur :

á      LĠefficacitŽ

á      La tolŽrance

á      LĠŽtroitesse du spectre

á      La capacitŽ ou non ˆ sŽlectionner des mutants rŽsistants

á      Le prix

á      Certaines autres caractŽristiques, comme la demi-vie, le mode dĠaction, É

2.  Folliculites, furoncles, furonculose

2.2.     Dans le cas gŽnŽral

Le germe en cause

CĠest le Staphylococcus aureus exclusivement.

Le traitement

De premire intention, en lĠabsence dĠallergie aux beta-lactamines, cĠest la cloxacilline (Orbenine¨) ˆ la dose de 500 mg /8h pendant 8 jours. LĠoxacilline (Bristopen¨) par voie orale est ˆ Žviter en raison de sa mauvaise biodisponibilitŽ orale.

Une antisepsie locale avec la chlorexhidine (Septeal¨, Biseptine¨, ..) sera rŽalisŽe.

En cas dĠallergie  aux bŽta-lactamines, la pristinamycine (Pyostacine¨) ˆ la dose de 1g /12h, pendant 8 jours.

2.3.     Cas particulier de la furonculose chronique

CĠest frŽquent et reprŽsente 20 ˆ 30% des patients atteints de furonculose. Dans ce cas la recherche dĠun portage chronique de Staphylococcus aureus au niveau des g”tes sĠimpose :

Narines +++

Plis axillaires, inguinaux, interfessier, ombilic, cicatrices de furoncles

En dehors des poussŽes, le traitement comprend :

LĠacide fusidique (Fucidine¨)) en topique appliquŽ matin et soir, sur les g”tes positifs, 1 semaine / mois pendant 6 mois

Les rgles dĠhygine sont ˆ respecter avec une douche par jour en utilisant le CystŽal¨, par exemple.

3.  LĠIMPETIGO

3.2.     LĠimpŽtigo non bulleux :

Les germes en cause

Ce sont le Staphylococcus aureus (~60% des cas) et le Streptococcus pyogenes (Strepto A).

Le traitement

On sĠaccorde quĠun traitement par voie gŽnŽral nĠest habituellement indiquŽ, uniquement sĠil existe plus de 3 lŽsions. Dans les autres cas, un traitement topique suffit.

De premire intention, en lĠabsence dĠallergie aux bta-lactamines cĠest :

Une cŽphalosporine de 1Žre gŽnŽration : cefatrizine (Cefaperos¨) ˆ la dose de 500mg /12h, pendant 10 jours ou le cefadroxil (Oracefal¨) ˆ la dose de 1g /12h, pendant 10 jours

La pŽnicilline M : cloxacilline (Orbenine¨) ˆ la dose de 500mg / 8h pendant 10 jours

Est associŽ, un traitement topique par lĠacide fusidique (Fucidine¨) ou la mupirocine (Mupiderm¨), matin et soir pendant 10 jours.

En cas dĠallergie aux bta-lactamines, lĠalternative est  la pristinamycine (Pyostacine¨) ˆ la dose de 50mg/Kg/j en 2 prises ou 1g /12h pendant 10 jours.

Le traitement topique est le mme : lĠacide fusidique (Fucidine¨) ou la mupirocine (Mupiderm¨), matin et soir pendant 10 jours.

SĠil y a moins de 3 lŽsions, le traitement topique seul est suffisant : acide fusidique (Fucidine¨) ou mupirocine (Mupiderm¨), matin et soir pendant 10 jours.

3.3.     LĠimpŽtigo bulleux :

Le germe en cause

CĠest le Staphylococcus aureus exclusivement.

Le traitement

De premire intention, en lĠabsence dĠallergie aux beta-lactamines, cĠest :

La pŽnicilline M, cloxacilline (Orbenine¨) ˆ la dose de 500 mg /8h pendant 10 jours.

Une cŽphalosporine de 1Žre gŽnŽration : cefatrizine (Cefaperos¨) ˆ la dose de 500mg /12h, pendant 10 jours ou le cefadroxil (Oracefal¨) ˆ la dose de 1g /12h, pendant 10 jours

Le traitement topique est le mme : lĠacide fusidique (Fucidine¨) ou la mupirocine (Mupiderm¨), matin et soir pendant 10 jours.

En cas dĠallergie aux bta-lactamines, lĠalternative est  la pristinamycine (Pyostacine¨) ˆ la dose de 50mg/Kg/j en 2 prises ou 1g /12h pendant 10 jours.

Le traitement topique est le mme : lĠacide fusidique (Fucidine¨) ou la mupirocine (Mupiderm¨), matin et soir pendant 10 jours.

4.  LĠŽrysiple

4.2.     DŽfinition

 C'est une dermo-hypodermite aigu‘ non nŽcrosante (infection du derme et de l'hypoderme) survenant au dŽcours d'une affection cutanŽe mal ou non soignŽe (plaie, impŽtigo, lŽsion mycosique des plis (intertrigo), etc.) ou d'un orifice naturel (Ïil, nez, etc.). Il touche surtout les adultes aprs 60 ans. Plus de 85 % des Žrysiples surviennent aux membres infŽrieurs.

4.3.     Les germes en cause

Il sĠagit du Streptococcus pyogenes (Strepto A), plus rarement les sŽrotypes C et G.

4.4.     Le traitement

Il ne nŽcessite pas dĠhospitalisation systŽmatique.

De premire intention, en lĠabsence dĠallergie aux beta-lactamines, cĠest lĠamoxicilline ˆ la dose de 1,5g /8h pendant 15 jours.

En cas dĠallergie aux bta-lactamines, cĠest pristinamycine (Pyostacine¨) ˆ la dose de 1,5g /12h, pendant 15 jours.

Le traitement de la porte dĠentrŽe est nŽcessaire. En lĠabsence de facteurs de risque, il nĠy a pas dĠanticoagulation.

En ambulatoire, la surveillance clinique doit tre quotidienne. A 72 heures, il faut hospitaliser sĠil y a :  

á      Persistance de la fivre

á      Apparition de nouveaux signes locaux ou gŽnŽraux

á      DŽcompensation dĠune pathologie associŽe

4.5.     La prŽvention des rŽcidives

CĠest un point important car le risque est ŽlevŽ de lĠordre de 30% ˆ 3 ans.

Le traitement prŽventif doit tre dŽbutŽ aprs 2 Žpisodes dĠŽrysiple. En lĠabsence dĠallergie aux bta-lactamines, amoxicilline : 500mg /12h au long cours. En cas dĠallergie, un macrolide (Par ex : roxithromycine (Rulid¨) 1cp /j.).

Le port de bas de contention pour contr™ler lĠÏdme est important.

5.  Les S aureus Ç de ville È rŽsistants a la mŽthicilline

5.2.     Le contexte

Ils reprŽsentent environ 10% des S. Aureus rencontrŽs en ville. Ils sont diffŽrents gŽnŽtiquement des S. Aureus hospitaliers rŽsistants a la mŽthicilline (MRSA). Ils sont rŽsistants ce ˆ toutes les pŽnicillines mais restent sensibles aux cyclines et au Bactrim¨.

Les populations ˆ risque sont, en gŽnŽral dĠhommes jeunes vivants en groupe (militaires, prisonniers, sportifs, toxicomanes, homosexuels, sdf).

La prŽsentation clinique la plus frŽquente est sous la forme dĠabcs cutanŽs ou de folliculite

Le risque dĠinfection est ŽlevŽ en cas de colonisation par ce type de pathognes car ils sont producteurs de leucocidine de Panton-Valentine +++ (*)

5.3.     La prise en charge, en pratiqueÉ

En cas dĠabcs :

á      Drainage +++, plus culture avec antibiogramme

á      Si antibiothŽrapie, au moindre doute, il faut utiliser des cyclines ou le Bactrim¨

Les autres prŽsentations :

á      Prise en charge habituelle

á      Envisager un problme de rŽsistance en cas dĠŽvolution dŽfavorable

6.  Conclusion

Un petit nombre dĠantibiotiques, efficaces, bien tolŽrŽs et bon marchŽs, suffit au traitement de lĠimmense majoritŽ des infections cutanŽes bactŽriennes rencontrŽes en pratique de ville.

Une grande vigilance vis-ˆ-vis de lĠŽmergence des S. aureus Ôde villeĠ rŽsistants ˆ la mŽthicilline est nŽcessaire, en particulier pour les dermatologues, placŽs en premire ligne pour ce problme de santŽ publique de premire importance.

 

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(*) = Les toxines synergohymŽnotropes (SHT) auxquelles appartient la leucocidine de Panton Valentine sont un groupe de toxines bactŽriennes dŽtruisant les leucocytes par crŽation de pores dans les membranes plasmatiques des cellules eucaryotes. Elles entra”nent des dŽsordres de permŽabilitŽ et des dŽsordres ioniques majeurs, le relargage de cytokines, lĠactivation intracellulaire des protŽases, lĠinduction de lĠapoptose, et enfin la mort cellulaire.

Leucocidine de Panton Valentine

á      Historiquement dŽcrite pour la premire fois en  1957 par Woodin

á      Individualisation en 2 composŽs distincts en 1959

á      Purification de la protŽine en 1960

á      Gnes clonŽs et sŽquencŽs en 1995

á      Cristallisation  en 2000 de LukS-PV et LukF-PV

 

GAMMA-HƒMOLYSINES

LEUCOCIDINE DE PANTON VALENTINE

Association de 2 composants : S (HlgA ou HlgC)   et F (HlgB)

4 variants molŽculaires

Association de 2 composants, S : LukS-PV et F : LukF-PV

 Leucotoxique (in vitro)

 HŽmolytique

Leucotoxique

Non hŽmolytique

 Dermo-nŽcrotique

PrŽsente dans 97 % des S. aureus

PrŽsente dans 2 % des S. aureus


 

7.  Partie non prŽsentŽe lors de lĠexposŽ

FAUT-IL TRAITER LES MOLLUSCUM CONTAGIOSUM ? RŽponse NON

DŽfinition

Le molluscum contagiosum est une lŽsion dermatologique contagieuse causŽe par un virus de la famille des pox virus.

La lŽsion est caractŽrisŽe par une papule arrondie ombiliquŽe de quelques millimtres de diamtre, gŽnŽralement non prurigineuse.

Des patients qui ne demandent rien et les enfants sont exceptionnellement gnŽs.

Les parents peuvent tre rassurŽs et convaincus de lĠintŽrt de lĠabstention thŽrapeutique. Mais cela prend du temps.

Un certificat suffit pour calmer les enseignants.

Histoire naturelle des molluscums

Ce que lĠon sait :

á      Une bŽnignitŽ constante en dehors dĠune immunodŽpression sous-jacente

á      Une rŽgression spontanŽe systŽmatique, chaque lŽsion dispara”t, en moyenne, en 2 mois et lĠensemble de lĠŽruption dispara”t en 18 ˆ 24 mois.

Les traitements proposŽs  sont douloureux et/ou inefficaces

á      Azote liquide ou curette cĠest douloureux ++ et lĠefficacitŽ est trs incomplte (70%)

á      Les autres traitements nĠont pas dĠAMM et soit cožtent souvent trs chers comme lĠimiquimod ou sont de simples placebo.

á      Aucun traitement nĠa dŽmontrŽ dĠefficacitŽ (Cochrane review).

FAUT-IL TRAITER LES VERRUES PLANTAIRES ? RŽponse NON

Histoire naturelle des verrues plantaires

On observe une rŽgression spontanŽe quasi-systŽmatique ˆ plus ou moins long terme et 60 ˆ 70 % des lŽsions disparaissent en 18 mois.

Il faut savoir quĠil y a des HPV en peau apparemment saine 1 cm autour de chaque lŽsion.

Les traitements

Ils sont plus quĠinsatisfaisants :

á      Fastidieux et donc inefficaces (kŽratolytiques)

á      Douloureux et inefficaces (azote)

á      Douloureux, inefficaces, responsables de sŽquelles et chers (laser)

La demande est le plus souvent esthŽtique car lĠimmense majoritŽ des verrues plantaires ne gnent pas la marche et nĠŽvoluent pas. Il est possible de rassurer les patientsÉ

Les exceptions sont:

á      Les lŽsions qui gnent la marche.

á      Les immunodŽprimŽs dans certains cas.