EPU95-Montmorency
Gastro-entérologie
Mise à jour du 10 Mai 2007*
Imagerie & prise en charge
des Tumeurs Hépatiques
Pr. O. Farges – Chirurgien
Hôpital Beaujon Clichy
Séance du 6 mars 2003
1.
Découverte
Il existe quatre situations de découvertes des tumeurs
hépatiques :
-
Découverte fortuite, situation très fréquente
dominée par les tumeurs bénignes (kystes et angiomes)
-
Découverte en urgence avec 2 tableaux à connaître
-
Découverte chez les patients atteints de cancer
colorectal d’une image hépatique anormale
-
Découverte chez le cirrhotique ou sujets à risque
d’un carcinome hépatocellulaire
Les Kystes et les
Angiomes hépatiques sont des lésions bénignes et ont chacune une prévalence
de 7 % dans la population générale. Ils représentent les lésions hépatiques
les plus fréquentes de découverte fortuite.
2.
Les kystes
Hépatiques
Les kystes
hépatiques sont le plus souvent découverts lors d’imagerie hépatique. S’ils
peuvent être évoqués lors d’un scanner, l’examen le plus performant est
l’échographie
2.1. L’aspect typique du kyste bénin
Les caractères
séméiologiques échographiques d’un kyste hépatique ne permettent pas de
doute.
-
Il est
anéchogène
-
Il a une limite
nette, sans paroi (épithélium biliaire)
-
Il existe un
renforcement postérieur
-
Il n’existe ni
de cloisonnement, ni de végétations, ni de calcifications
Ce tableau survient
typique ment chez la femme de 50-60 ans. Il est souvent multiple, et cela
est un argument fort de kystes bénins.
Sur le plan
évolutif, l’augmentation du volume du kyste, souvent asymptomatique, est
liée à l’hyper pression intra-kystique due à la sécrétion active de
l’épithélium qui borde le kyste.
Cette augmentation
de pression, peut être facteur de complications :
-
L’hémorragie
intra-kystique survient dans moins de 5% de kystes biliaires : l’hyperpression
intrakystique peut éroder une petite artère qui saigne dans le kyste ;
ce saignement n’est jamais grave et se tarit d’elle-même.
-
La compression
d’organe de voisinage, essentiellement l’estomac à partir d’un kyste du
lobe gauche, entraînant une pesanteur ou une sensation de plénitude
épigastrique.
-
La rupture
spontanée du kyste est très rare (1 %). Elle n’est pas grave en soi.
-
L’infection du
kyste est encore plus exceptionnelle (< à 1 %)
2.2. Les aspects atypiques d’un kyste
Lorsqu’il n’y a pas
tous les critères caractéristiques, le diagnostic étiologique est moins
aisé et différentes lésions peuvent être évoqués :
-
un kyste
biliaire atypique
-
Le kyste
hydatique
-
Le kyste cilié,
-
le cystadénome,
carcinome
-
Une métastase
pseudokystique (tumeurs neuro-endocrines, sarcomes, rein,…)
L’IRM est
actuellement l’outil d’imagerie le plus performant, pour rechercher les
éléments différentiels de ces différentes étiologies. Elle permet
d’étudier :
-
La paroi
-
la
vascularisation
-
la nature du
contenu
Le kyste hydatique peut
être évoqué devant l’imagerie (scanner, IRM) :
-
La lésion a un
aspect granité assez homogène
-
Elle est
entourée d’une paroi plus ou moins épaisse sur toute sa périphérie
-
Elle est
cloisonnée en plusieurs compartiments par des aspects de membrane
-
A l’échographie,
l’aspect n’est pas celui d’un liquide pur. Cependant dans les kystes très
jeunes, il n’y a pas encore de cloisons intérieures.
Le diagnostic sera
confirmé par la sérologie.
Le kyste biliaire
atypique, l’atypie est habituellement la conséquence d’une hémorragie
intra-kystique.
-
A l’échographie,
l’aspect n’est pas parfaitement trans-sonore : hétérogénéité,
pseudo-membrane. Septum interne, végétation, voire calcification,
1.
Le bon examen
dans cette situation est l’IRM en T1 (mieux que le scanner) . Le T2 de
l’IRM est sans grand intérêt ici, car tous les kystes biliaires sont hyper
intenses en T2. En revanche, seuls les kystes hémorragiques sont hyper
intenses en T1.
2.3. Le traitement des kystes biliaires
Il ne concerne que les kystes biliaires volumineux.
Le kyste par
définition ne communique pas avec la voie biliaire, mais il peut exister
d’exceptionnelles fistulisations dans les voies biliaires.
4
La ponction
seule ne suffit pas, car en laissant en place l’épithélium le liquide va se
reproduire.
4
La fenestration
avec évacuation large du kyste dans le péritoine, est actuellement
effectuée le plus souvent par voie laparoscopique.
4
Le traitement
percutané par ponction suivi d’injection d’alcool (radiologue) est une
alternative. Il y a peu de recul et les radiologues sont souvent réticents
à proposer le traitement des kystes hémorragiques.
4
L’exérèse par
laparotomie est proposée devant des kystes biliaires atypiques pour
éliminer un aspect tumoral pseudo-kystique, ou en cas de doute de kyste
hydatique.
3. Les Angiomes Hépatiques
Les angiomes ont une incidence de 7 % dans la population
générale.
3.1. Angiomes typiques
Ils ont également
des caractéristiques échographiques très particulières. Ils sont :
-
Homogènes :
70 %
-
Hyperéchogènes :
70 %
o
Sans paroi, avec
un renforcement postérieur : 70 %
o
Sans signal
Doppler, le sang circulant lentement dans le réseau capillaire qui le
constitue.
o
Le bilan
hépatique est normal.
3.2. Angiomes avec image échographique douteuse
L’examen à
pratiquer est l’IRM, surtout en T2 donnant une image très intense :
Signes
|
Scanner
|
IRM
|
Hypersignal en T2
Prise de contraste
Remplissage complet
|
100%
84%
41%
|
92%
100% (opacification rapide de la périphérie
vers le centre)
97% (le remplissage rapide est un bon argument)
|
3.3. Faut-il surveiller les angiomes asymptomatiques ?
L’évolution des
angiomes est variable :
-
Augmentation de
taille 5 à 10 %
-
Diminution de
taille 5 à 10 %
-
Modification
d’aspect 18 %
-
L’apparition de
symptômes est exceptionnelle
-
L’erreur de
diagnostic est également exceptionnelle (autre tumeur bénigne – métastase
hypervasculaire mais dans ce cas en tenant compte de l’aspect statique et
dynamique, l’opacification est progressive et plus prolongée)
La conduite à tenir
est un contrôle dans 6 mois.
3.4. Les angiomes symptomatiques
Lors de la
découverte d’angiome à l’occasion de troubles symptomatiques, il faut être
très méfiant :
A – Dans la grande
majorité des cas (90 %), les symptômes ne sont pas liés à l’angiome mais à
une pathologie associée :
-
colopathie
fonctionnelle le plus souvent,
-
lithiase
vésiculaire,
-
Ulcère gastro
duodénal,
-
lésion discale,
…
B – Les symptômes
ne sont liés à l’angiome que dans 10 % des cas.
C – Les
complications sont exceptionnelles :
-
Syndrome
inflammatoire < 1 %
-
Coagulopathie < 0,01 %
-
Rupture < 0,001 %
Les syndromes
inflammatoires se rencontrent surtout dans les angiomes volumineux se
traduisant par de la fièvre, des douleurs de l’hypochondre droit, un bilan
hépatique normal, pas de polynucléose. La CRP, la VS et le fibrinogène sont
souvent élevés.
Au total, les angiomes sont très fréquents,
affirmés par l’imagerie, mais le risque est d’attribuer à tord la
symptomatologie à l’angiome.
4. Tumeurs hépatiques : ni kystes ni angiomes
4.1. Généralités
Ces tumeurs
peuvent, en fonction de l’imagerie, être classées en deux groupes :
-
Les tumeurs hépatocytaires : la prise de contraste est précoce.
C’est le cas de l’adénome hépatique, de l’hyperplasie nodulaire focale et
du CHC.
-
Les tumeurs fibreuses : caractérisée par la prise de contraste
tardive. Les principales sont le cholangiocarcinome et les métastases du
cancer colorectal, …).
L’échographie est
en règle insuffisante. Le scanner et mieux encore l’IRM permettent
d’étudier le mode de la prise de contraste.
4.2. Contexte de survenue
Adénome & Hyperplasie nodulaire
focale
|
Carcinome hépatocellulaire
|
-
Femme +++
-
Hormonodépendance (pour l’adénome surtout)
-
Fréquence en diminution (pour l’adénome)
Les risques
Adénome è
Hémorragie
Hyperplasie focale
nodulaire è
Nul mais possibilité de transformation vers K
|
-
Hommes et Femmes (50 %)
-
Facteurs de risque de survenue :
o
VHB (pas toujours de cirrhose)
o
VHC (toujours avec cirrhose)
o
Alcool (pas toujours de cirrhose)
o
Hémochromatose (pas de cirrhose)
o
Stéatose hépatique non alcoolique (NASH) avec
excès pondéral
|
4.3. Les tumeurs hépatocellulaires bénignes
Dans les années
1980, sur 10 tumeurs bénignes, il y avait 50% d’adénomes et 50%
d’hyperplasies nodulaires focales. Actuellement, la proportion
d’hyperplasie nodulaire focale est beaucoup plus importante.
-
L’adénome est
hormonodépendant, la contraception hormonale à partir des années 60 a
favorisé une vague de lésions adénomateuses
-
L’utilisation de
pilules moyennement dosées a réduit la fréquence de l’adénome en faveur des
hyperplasies nodulaires focales.
Il importe de faire
la différence entre l’adénome et l’hyperplasie nodulaire focale
4.3.1. L’hyperplasie nodulaire focale
Elle est
probablement un peu favorisée par le traitement hormonal et peut-être le
tabac. La lésion est très dure (comme un nodule de cirrhose), avec une
artère centrale et une zone de souffrance autour de l’artère qui est le
siège de fibrose. L’hyperplasie nodulaire est une lésion caractéristique
avec son aspect homogène (sans remaniement intérieur, sans saignement),
lobulée, bien limitée mais sans capsule, avec une cicatrice centrale faite
d’une fibrose artérialisée.
L’échographie peut
parfois aider au diagnostic en montrant un aspect artériel dans la partie
centrale.
L’IRM donne des
images plus performantes avec comme caractéristiques :
-
L’aspect
homogène, sans capsule, et un rehaussement intense au temps vasculaire.
-
La tumeur en T2
est iso- ou hyper-signal modéré (à peu près pareil que le foie ou un peu
plus dense),
-
Il existe
toutefois une zone hyperdense correspondant à la zone cicatricielle et qui
le reste au temps portal. (la fibrose s’oppose au flux artériel et le
passage dans le système veineux).
Lorsqu’il existe
les aspects de certitude à l’imagerie en faveur d’une hyperplasie nodulaire
focale,
-
Devant un tableau clinique asymptomatique, l’abstention
thérapeutique est de règle car leur évolution se fait sans
complication, en sachant que certaines peuvent augmenter de taille (25 %),
et d’autres diminuer (25 %). Ces aspects significatifs sont de l’ordre de 5
%.
-
Devant un tableau clinique symptomatique lié le plus souvent à une compression ou un
infarcissement de la lésion, l’exérèse
de la lésion est justifiée. Une alternative serait peut-être
l’embolisation lorsque du fait de la localisation, l’exérèse comporte un
risque élevé.
Lorsque le
diagnostic de certitude ne peut être posé à l’aide de l’imagerie, il faut
faire une biopsie qui permet d’avoir un diagnostic de certitude dans 50 %
des cas. Dans le cas où elle ne le permettrait pas, il faut savoir la
refaire en prélevant aussi le foie adjacent pour obtenir un résultat de
certitude autour de 80 %.
4.3.2. L’adénome hépatique
Ne contient que des hépatocytes. Il n’y a pas
de fibrose.
Au moins un tiers sont hémorragiques (entre
30 et 50 %).
Le risque de dégénérescence existe, mais est
non quantifiable, estimé à 5 %. Ce risque justifie l’exérèse de la lésion qui peut être faite par voie
laparoscopique.
4.4. Les tumeurs hépatiques malignes sur foie sain
(non cirrhotique)
4.4.1. Le carcinome hépato-cellulaire (CHC)
Il peut être
extrêmement difficile, lors d’une biopsie ou d’un examen extemporané, de
différencier un adénome hépatique d’un hépatocarcinome bien différencié sur
foie sain.
-
La survie des
CHC hépatiques, sur foie sain, réséqués est de 60 à 70 % des cas à 5 ans
-
Le carcinome
hépatocellulaire est de loin le plus fréquent des carcinomes hépatiques.
-
Le CHC sur foie
sain représente moins de 10% de tous les CHC.
Le diagnostic se
fait à l’IRM : lésion bien encapsulée sur tout son pourtour, avec une
zone centrale hétérogène, envahissement veineux par les bourgeons cellulaires.
4.4.2. Le cholangiocarcinome
Le
cholangiocarcinome survient vers 50-60 ans, avec une prédominance féminine.
-
C’est une tumeur
fibreuse dont la prise de contraste est tardive du fait de la fibrose,
-
Elle
s’accompagne parfois de nodules satellites (élément caractéristiques) et
d’adénopathies. Ces deux éléments quand ils sont présents sont des éléments
de mauvais pronostic avec pas de survie à trois ans.
Etant donné le
pronostic, on a tendance à traiter ces tumeurs par le traitement
chirurgical associé à la chimiothérapie. La survie est inférieure à 30 % à
5 ans.
Différence entre
métastase et cholangiocarcinome :
Les points communs
: les deux sont souvent asymptomatiques, parfois multiples.
Cependant dans le
cholangiocarcinome :
-
Il s'agit
habituellement d’une grosse tumeur associée à des petites,
-
L’autre
différence est l’engainement veineux que l’on retrouve dans le
cholancarcinome.
Tableau de synthèse concernant les
petites lésions hépatiques
|
Aspect
de la lésion
|
Probabilité
|
Risque
de méconnaître
|
Aspect de kyste
|
Kyste
biliaire
|
Tumeur
pseudo-kystique I ou II
Kyste
hydatique
|
Aspect
d’angiome
|
Angiome
|
Métastase
d’aspect vasculaire
|
4.5. Les métastases hépatiques
4.5.1. Généralités
Les cancers les
plus souvent responsables de localisation métastatique hépatique isolée
sont :
-
Le cancer colorectal surtout
-
Les tumeurs
neuro-endocrines
-
Les sarcomes
digestifs
-
Le mélanome
rarement
-
Le cancer rénal
ou du sein très exceptionnellement
L’apport de
l’imagerie se situe à quatre niveaux :
-
La sensibilité
-
La spécificité
-
L’aide à la
localisation
-
Lors du
traitement dans l’abord percutané
4.5.2. Le traitement chirurgical
La chirurgie est le
seul traitement à potentiel curatif des métastases hépatiques de
cancer colorectal. La résécabilité et les taux de survie ont augmenté au
cours des dix dernières années.
-
Survie > 30 %
des cas à 5 ans
-
Survie > 15 %
des cas à 10 ans
Les progrès de la
chirurgie portent sur :
-
L’augmentation
du nombre des lésions devenues résécables
-
L’amélioration
de la survie après les résections
L’imagerie préopératoire
fait appel à des moyens devenus performants :
-
Pet-scan, TDM
hélicoïdal, Porto-scan à compléter systématiquement par l’échographie
-
IRM
DP-DP (+++)
-
L’échographie
peropératoire a perdu une partie de son intérêt du fait de l’amélioration
de l’imagerie préopératoire.
4.5.3. Conduite du traitement
Le consensus actuel est que seule la chirurgie a une
visée curative. Trois situations :
-
La métastase est
petite
Elle est résécable d’emblée.
Bien qu’il n’y ait pas de consensus, une
chimiothérapie adjuvante est de plus en plus souvent réalisée.
-
La métastase est
volumineuse
Une chimiothérapie initiale est induite. Elle permet dans près
de 10 % des cas avec les dernières lignes de chimiothérapie une réduction
importante de la tumeur. (Cette constatation pourra peut-être conduire à
réaliser une chimiothérapie néo-adjuvante de façon plus large).
La résection dans un deuxième
temps sera alors entreprise, ni trop tôt et ni trop tard.
A la question de l’étendue de
la résection : limitée ou large ?, le consensus actuel est de
dire qu’il faut une résection large passant en zone saine, et ce d’autant
plus que la tumeur est volumineuse ou confluente.
Quand doit-on faire la
résection ? Il n’y a pas de réponse absolue : elle peut être
réalisée dès que la réduction de son volume le permet, mais en tout cas
sans attendre qu’elle ait complètement disparu.
-
Les métastases sont
multiples et disséminés
Les métastases des cancers
neuro-endocriniens surviennent chez des patients jeunes et elles sont en
règle multiples (10-15). Leur développement est souvent synchrone. Ce sont
des tumeurs rares et c’est sur elles que l’on a appris à opérer et à
définir une stratégie.
La stratégie chirurgicale
nécessite plusieurs temps :
D’abord l’exérèse de la
tumeur primitive (colon, pancréas, …) et, dans le même temps,
l’exérèse des lésions hépatiques
Gauches sans faire une
lobectomie gauche complète d’emblée, à laquelle est associée une ligature
de la branche droite de la
veine porte. La ligature de la branche droite entraîne une atrophie
du foie droit et une hypertrophie du foie gauche.
Dans un temps ultérieur, on
enlève le lobe droit.
Quand on a pu ainsi traiter
ces patients, la surveillance des dosages hormonaux est très importante.
Pour certains d’entre eux, ces dosages restent dans les limites de la
normale pendant plusieurs années.
Ce type de stratégie a débuté
avec les tumeurs neuro-endocrines ; Ensuite, a pu en bénéficier les
métastases du K colorectal chimiosensible ; et actuellement, des
métastases hépatiques d’autres formes de cancer.
Deux études multi-variées ont
été effectuées basées sur cinq critères significatifs concernant le
pronostic :
o
Le caractère N+ (adénopathie) de la tumeur
primitive, les marqueurs augmentés, tumeurs multiples, la grosse tumeur, le
caractère synchrone
o
Dans tous les cas, les résultats sont plus
satisfaisants dans le groupe des opérés que dans le groupe avec abstention
chirurgicale.
o
Ces études permettent de dire que :
§
Si des patients présentent des métastases
hépatiques ayant des critères de mauvais pronostic, ces mauvais critères ne
sont pas en soi une contre indication à l’exérèse.
§
Seul le caractère palliatif de l’exérèse est une
contre-indication opératoire.
§
Les résultats de la résécabilité sont
améliorés chez les patients ayant des tumeurs initialement considérées
comme non résécables. La chimiothérapie néoadjuante et l’embolisation de la
branche porte droite (équivalent de la ligature) permettent dans 15% des
cas de réaliser une exérèse.
5. Tumeurs découvertes dans un contexte aigu
5.1. Hémorragie
Deux circonstances de survenue : l’adénome, et le
carcinome hépatocellulaire
-
Le plus souvent, il s’agit d’un sujet pour lequel
l’adénome n’est pas connu et qui présente une violente douleur, une
sensation de malaise.
-
Deuxième circonstance (CHC) : un patient asiatique ou
africain (porteur du VHB) le plus fréquemment qui arrive aux urgences sans
antécédents et signes particuliers et chez qui l’on découvre une ascite
hémorragique.
o
il s’agit 2 fois plus souvent d’un CHC que d’un
adénome
o
La rupture du CHC est un peu plus grave (choc) et
l’image est plus grosse que dans la rupture de l’adénome.
S’il s’agit d’une petite tumeur et que la douleur et
l’hémorragie persistent, il faut faire un traitement d’obstruction artériel
par embolisation. Quand elle ne peut être faite, il faut soit l’opérer à ce
stade par une exérèse large, soit attendre la résorption de l’hématome
sous-capsulaire et intervenir plus tardivement pour une exérèse plus
réduite.
5.2. Ictère
L’ictère fluctuant
est une autre circonstance clinique de découverte de tumeurs hépatiques,
très rare. Les tumeurs pouvant donner des bourgeons biliaires sont :
-
Les métastases
du cancer colique,
-
Le carcinome
hépatocellulaire, (tumeur qui pousse à l’intérieur des canaux biliaires
-
Les
cholangiocarcinomes périphériques
6. Tumeurs découvertes au cours d’une hépatopathie
chronique
6.1. Ce sont les carcinomes hépatocellulaires
Les facteurs de
risque ont été étudiés précédemment.
Sur le plan de
l’imagerie en dehors des lésions propres liées à l’hépatopathie (cirrhose),
l’aspect du CHC est
-
Celui d’une
lésion bien encapsulée sur tout son pourtour, hypervasculaire, souvent
hétérogène, avec un envahissement veineux par les bourgeons cellulaires
(contrairement au cholangiocarcinome qui engaine les veines)
-
Quand la lésion
est petite, c’est beaucoup plus difficile et le diagnostic repose sur le
caractère hypervasculaire.
Un piège
radiologique dans le cadre des cirrhoses est celui de la fistule
artério-porte périphérique, qui peut donner de petites images
hypervasculaires périphériques de 5 mm de diamètre ou moins, ou des lésions
un peu moins hypervasculaires correspondant au trouble de perfusion induit
par cette fistule.
-
Elle peut être
spontanée dans la cirrhose
-
ou secondaire
après biopsie
L’incidence du VHC
dans le nombre de CHC :
-
l’augmentation
du nombre de porteur du VHC augmente l’incidence du CHC
-
Comme il faut
environ 10 ans après la contamination pour qu’un CHC survienne, l’incidence
ne peut être qu’une incidence projetée.
Deux voies
thérapeutiques possibles à envisager en première intention :
Transplantation et Résection
6.2. L’indication de la transplantation
Elle est très
sélective et doit ne s’adresser qu’aux patients de moins de 60-65 ans, aux
petites tumeurs sans thrombose portale tumorale, et bien sûr l’absence de
diffusion tumorale extra hépatique. Elle est limitée par le nombre de
greffons, ce qui entraîne des délais d’attente de 6 mois à un an.
Si on prend les
résultats après la transplantation, les résultats sont satisfaisants. Mais
si on prend les résultats au moment de l’intention de traitement, ils sont
moins bons.
Taille des Tumeurs
|
Transplantation
|
Etude de Milan
|
Etude San Francisco
|
Survie à 5 ans
|
Survie « ITT »
|
1 Tumeur < à 5 cm
2 ou 3 Tumeurs < à 3 cm
|
1 Tumeur < à 6,3 cm
2 ou 3 Tumeurs < 4,5 cm
avec un diamètre total < à 8 cm
|
75 % à 5 ans
|
91 % à 1 an
73 % à 2 ans
|
6.3. L’exérèse chirurgicale du CHC
Elle doit être une
exérèse large qui enlève le territoire portal. Les résultats sont une
survie de 30 à 40% à 5 ans.
-
Chez le
cirrhotique, on fait une embolisation portale systématique avant l’exérèse.
-
Lorsque le CHC
se situe sur le dôme du foie, on peut utiliser la voie transthoracique qui
permet d’éviter une mobilisation extensive.
-
L’exérèse par
voie laparoscopique, quand elle est possible, entraîne moins de risque
d’ascite.
Tableau des
indications thérapeutiques du carcinome hépatocellulaire
|
Peut
être candidat à la transplantation
-
Sujet âgé de moins de 60 ans
-
1 tumeur < 5 cm ou 4 tumeurs < 3 cm
-
Sans thrombose portale
-
Sujet sevré d’alcool
-
VHB non répliquant
|
Résection
du CHC
-
CHC unique
-
Child A
-
TP nl + Bili nl + Transaminases < 2 N + pas
d’ascite
-
Pas ou peu d’hypertension portale
|
Autres
traitements possibles
-
Traitement percutané
-
Chimio-embolisation
-
Traitement palliatif
|
Indications
sélectives ou très sélectives de traitement chirurgical
-
Thrombose tumorale
-
Tumeur rompue
|
|