EPU95 –
Montmorency
Diabète - Endocrinologie - Maladies
Métaboliques
Mise à jour du 11 Mai
2007*
Insulinothérapie
& Diabète de type 2
Dr Séré-Bégué
(Diabétologue
- Hôpital de Gonesse)
Séance
de mai 2004
1. EPIDEMIOLOGIE
- DEFINITION
Maladie fréquente, 3 % de la
population, 2 millions de diabétiques en France :
4
Diabète de type I : insulinodépendant
d’emblée, 150.000 en France, essentiellement des sujets jeunes
4
Diabète de type II : le reste des 2 M.
Maladie à double composante caractérisée par :
4
Une insulinopénie :
production insuffisante d’insuline par rapport aux besoins,
4
Une insulinorésistance :
moindre effet de l’insuline sur les tissus périphériques avec pour
corollaire un excès de glucose dans le sang.
Le diabète est défini par le taux de la
glycémie à jeun :
4
Glycémie à jeun normale = 0,70 à 1,10 g/l
4
Glycémie à jeun anormale = 1,10 à 1,25 g/l
4
Glycémie à jeun supérieure à 1,26 g/l = diabète
90 % des diabétiques sont suivis par des
médecins généralistes (en moyenne, 3 consultations par semaine pour un MG).
L’augmentation de la prévalence est liée au
« papy boom » (allongement de la durée de la vie), et à
l’obésité. Des nuances en fonctions des régions : moins importante en
Bretagne, plus importante dans le Sud-est et l’Est de la France.
2. COMPLICATIONS
DU DIABETE
Le diabète est une maladie chronique,
évolutive et grave dont l’évolution naturelle est marquée par
des complications qu’il suscite
Complications chez le
diabétique
|
%
|
Responsable en France
et par an
|
Complications Cardio-vasculaires
cardiopathie ischémique
Accident vasculaire cérébral
Artérite
|
25
21
21
6
|
25 % des 120 000 infarctus du myocarde
10 à 15 % des 15 000 AVC
|
Atteinte rétinienne
Atteinte rénale
Microalbuminurie
Insuffisance rénale
|
10
20
3
|
500 à 1 000 cécités
30 % des 7 000 nouveaux cas de mise en dialyse
|
Lésions des pieds
Amputation
|
2
0,8
|
8 500 amputations selon le PMSI
|
Le diabète est la 1ère
cause de cécité et la 1ère cause d’amputation.
Le diabète a une incidence sur la mortalité
lors des récidives d’IM par rapport au 1er accident :
-
lors d’une récidive d’IM, si celle-ci survient dans
les 7 années suivant l’épisode initial, l’incidence de mortalité est
augmentée de 5 fois par rapport à celle du premier, que l’on soit
diabétique ou non.
-
Chez le diabétique l’incidence de mortalité est
doublée par rapport au non diabétique, s’il survient après 7 ans.
La relation du risque de survenue des
complications en fonction de l’Hémoglobine glycosylée (Hba1c).
Le maintien de l’Hba1c au-dessous de 7
traduit une glycémie stable dans le temps et voisine de la normale et il
permet de réduire presque complètement le risque des complications. Quand
l’Hba1c est élevée, il y a une diminution du risque relatif à chaque
diminution de 1 point de la valeur de l’Hb glycosylée.
Les objectifs à atteindre du traitement pour
réduire le risque de complications
-
obtenir une glycémie voisine de la normale pour
atteindre une Hba1c < 7
-
une TA à 135 – 80
-
une correction d’une dyslipidémie pour tendre
à : Cholestérol total ≤ 2 g/l – LDL < 1 g/l – HDL ≥
0,45 g/l – Triglycérides < 1,5 g/l
-
un arrêt du tabac
-
obtenir un indice de masse corporelle < à 25
kg/m2
-
prévention du risque infectieux
Les objectifs sont différents en fonction
de certaines situations :
en cas de microangiopathie, obtenir une
glycémie < 1,4 g/l et une Hba1c < 6,5
Lors d’une grossesse, la prévention d’une
macrosomie nécessite une glycémie < 0,90 g/l
La surveillance d’un diabétique
peut être résumée par le tableau suivant :
Tableau de surveillance d’un diabétique
|
|
Bilan initial
|
1 mois
|
3 mois
|
6 mois
|
12 mois
(tous les ans)
|
Poids (IMC= P/T2)
|
+
|
+
|
+
|
+
|
Tous les 3 mois
|
TA aux 2 bras
Pouls périphériques
|
+
+
|
+
+
|
+
+
|
+
+
|
Tous les 3 mois
Tous les 3 mois
|
Examen des pieds
|
+
|
+
|
+
|
+
|
Tous les 3 mois
|
ECG
|
+
|
|
|
|
+
|
Fond d’œil
|
+
|
|
|
|
+
|
Examen bucco-dentaire*
|
+
|
|
|
|
+
|
Glycémie à jeun
|
+
|
+
|
+
|
+
|
+
|
HbA1c
|
+
|
|
+
|
+
|
Tous les 3 mois
|
Bilan lipidique
|
+
|
|
si résultat initial anormal
|
|
+
|
Créatinémie
|
+
|
|
|
|
+
|
Microalbuminurie
|
+
|
|
|
|
+
|
Mesures hygiéno-diététiques
Activité physique
|
+
+
|
+
+
|
+
+
|
+
+
|
Contrôle à chaque consultation
|
3. PHYSIOPATHOLOGIE
L’insulino-résistance est la même toute la
vie. L’insulinopénie s’aggrave tout au long de la vie
3.1. L’insulino-résistance
Elle s’évalue sur la glycémie à jeun :
4 Le
foie insuffisamment sensible à l’insuline produit une quantité excessive de
glucose responsable de l’hyperglycémie matinale ;
4
L’insulino-résistance se situe au niveau des
muscles et du tissu adipeux.
3.2. L’insulopénie
Malgré une bonne observance, s’aggrave au
fil du temps (perte de 0,2 point de l’Hba1c par an).
Maladie évolutive où l’insulino-secrétion
est altérée :
-
Glycémie à jeun anormale entre 1,10 et 1,26 g/l
-
Altération de la glycémie post-prandiale
Une glycémie à jeun > 1,26 g/l permet
de parler de diabète.
4. CHOIX DU
TRAITEMENT DANS LE DIABÈTE DE TYPE 2
1 - Le régime + l’exercice physique
(supérieur à 30 minutes par jour) à eux seuls permettent de retarder
l’apparition du diabète. Ils accompagnent
2 – Si les règles diététiques et l’exercice
physique sont insuffisants à ramener la glycémie et l’Hba1c à la normale,
il faut y associer les médicaments antidiabétiques oraux. Leur choix se
fait en fonction du poids et de leur tolérance :
-
si l’IMC > 25, utiliser de préférence la
metformine
-
si l’IMC < 25, utiliser un sulfamide
hypoglycémiant (SH) ou metformine
3 – En cas de résultat insuffisant au bout
de 6 mois, passer à une bithérapie (SH + metformine), voire à une
trithérapie avec en plus un inhibiteur de l’alpha glycosidase.
4 – L’insuline. Dès les premières
consultations, il faut pouvoir évoquer la possibilité du recours à
l’insuline sans effrayer ou culpabiliser le malade.
5. INDICATION
DE MISE A L’INSULINE EN DEHORS DE SITUATION D’URGENCE
5.1. Quand l’insulinothérapie doit être discutée dans le diabète de
type 2 ?
4
Chez tout
sujet diabétique, qui présente un tableau infectieux ne cédant pas
rapidement ou qui est soumis à un traitement corticoïde par voie générale,
le traitement à l’insuline doit être obligatoirement institué, et pourra
être supprimé à l’arrêt de l’épisode infectieux ou des corticoïdes.
4
Quand
l’objectif glycémique n’est pas atteint alors que le patient prend des
antidiabétiques oraux à dose maximale ou qu’il existe une contre
indication à leur emploi ou une intolérance à l’égard de l’un d’eux.
4
Chez les
patients peu motivés par leur « maladie silencieuse » sans
bonne compliance au traitement (50 % des diabétiques oublient de les
prendre une fois par semaine), la mise à l’insuline permet de réduire le
risque de survenue de complications.
5.2. Pourquoi l’insulinothérapie ?
Un tiers des diabétiques de type 2 ont une
Hba1c > 8 %, traduisant un traitement non adapté et
parmi ce tiers on trouve des sujets qui prennent que :
-
Le régime seul pour 1,6 % d’entre eux
-
Un antidiabétique oral pour 29,6 %
-
Deux antidiabétiques oraux à doses insuffisantes pour
le reste
En France, il existe un retard de la mise
sous insuline par rapport à d’autres pays.
5.3. Comment débuter l’insuline ?
5.3.1. Avant de passer à l’insuline, il faut :
4
Démystifier le problème de l’insuline en
recherchant dans l’histoire du patient la signification de
l’insulinothérapie
4
Décrire au patient ce qui se passe insidieusement
dans le diabète pour faire accepter une meilleure prise en charge.
4
Apprendre au patient l’auto-surveillance glycémique
à l’aide d’un lecteur de glycémie ce qui lui permet de vérifier l’anomalie,
et de créer du symptôme.
5.3.2. Lors de l’introduction du traitement par l’insuline
On peut garder les comprimés de metformine
et/ou de SH en ajoutant l’insuline. Le type d’insuline est,
soit :
4
La NPH (type Insulatard NPH ®) à action débutant à
1h 30 et durant 12H à injecter le soir vers 22 heures qui diminue la
production de glucose par le foie.
4
La glargine (Lantus®) à action lente sur 24h à
partir de la 6ème heure. Elle a comme avantage d’éviter un pic
d’insulinémie élevé, réduisant beaucoup le risque d’hypoglycémie.
5.3.3. Les doses d’insuline.
Débuter
par 0,1 à 0,2 unités par kilo.
Augmenter
tous les 2 à 3 jours de 2 unités jusqu’à l’objectif sous
autosurveillance de la glycémie 3 fois par jour.
Tenir
compte des inconvénients de l’insuline.
·
Essentiellement l’hypoglycémie d’où l’importance de
l’autosurveillance :
·
Se méfier d’une glycémie basse à 18 h.
·
Dans le diabète de type 2 il y a moins
d’hypoglycémie que dans le type 1.
·
Utiliser de préférence une insuline qui donne une
courbe d’insulinémie plate telle la Lantus ®
5.3.4. Il faut fixer les objectifs de façon précise et qu’ils
deviennent ceux du patient.
Deux objectifs :
·
L’objectif du traitement par l’insuline est
d’obtenir que l’HbA1c devienne < 7 %
·
Pour y arriver, il faut que les glycémies de
l’autosurveillance soient entre :
o
A jeun entre : 0,80 et 1,20 g/l
o
Vers 17h avant le dîner entre : 0,70 et 1,30
g/l
5.3.5. L’intérêt de l’auto
surveillance glycémique :
·
Pour sensibiliser le patient au régime diététique
et à l’exercice physique
·
Pour adapter la posologie d’un sulfamide en début
ou lors d’un changement du traitement,
·
Pour contrôler l’équilibre glycémique en cas de
maladie intercurrente ou d’une prescription d’un médicament diabétogène.
·
Lors du passage à l’insuline
o
Pour permettre une surveillance régulière
journalière de la glycémie matin 18h & avant l’injection
o
Pour dépister les hypoglycémies (sous insuline ou
sulfamide hypoglycémiant).
6. En
conclusion
Avant d’introduire l’insuline, il importe
d’être partisan de l’objectif d’une amélioration de l’ Hba1c
et de le faire partager au diabétique.
4
Etre à l’écoute du diabétique en le laissant
exprimer ses craintes
4
Bien peser le pour et le contre, en tenant compte
des inconvénients
4
Etre soi-même convaincu.
Tableau des principaux types d’insuline
|
Type des Insulines
|
Présentation
|
Délai d’action
|
Durée d’action
|
Analogues rapides
Novorapid
(Novo)
Humalog
® (Lilly)
|
Flexpen™
Pen
|
5 à 15 minutes
|
3 à 4 h
|
Insulines rapides
Actrapid ® (Novo)
Umuline ® rapide (Lilly)
Insuman rapid ® (Sanofi-Aventis)
|
Novolet™
Pen
Optiset™
|
15 à 30 minutes
|
6 h
|
Insulines à durée intermédiaire
Insulatard NPH ® (Novo)
Insulatard NPH ® penfill
Umuline NPH ® (Lilly)
Insuman basal ® (Sanofi-Aventis)
|
Flexpen™
Pen
Pen
Optiset™
|
1 h
30
|
8 à 16 h
moyenne 12h
|
Mélanges NPH + Ins. rapide
Umuline Profil 30 ® (Lilly)
Umuline Profil 50 ® (Lilly)
Mixtard
30 ® (Novo)
Mélange NPH + Ins. ultra
rapide
Humalog
Mix 25 (Lilly)
Humalog
Mix 50 (Lilly)
Novo
Mix 30 (Novo)
|
|
|
|
Analogues lents
Glargine (Lantus ®) (Sanofi-Aventis)
Détémir (Levemir™) (Novo)
|
Optiset™
Flexpen™l
|
6 h
3-4 h
|
24 h
18-24 h
|
7. Le
RÉSEAU DIABÈTE en Val d’Oise du corps soignant
7.1. Sa composition
Il est né en avril 2002
Le réseau est actuellement centré sur 3
hôpitaux du Val d’Oise : Argenteuil, Pontoise et Gonesse
La tête du réseau est le Docteur Bernard à
Pontoise et la secrétaire, Mme Gagniez.
L’infirmière responsable est Mme Dezeure
que l’on peut joindre au 01 30 75 46 88
7.2. Ses objectifs
Il a pour objectif une meilleure
coopération entre les différents intervenants de la prise en charge des
diabétiques dans le cadre d’une médecine ambulatoire et libérale.
Il est constitué actuellement de :
-
60 infirmières libérales
-
60 à 80 médecins
Pour en faire partie, il faut d’une part
adhérer au réseau (15 Euros) et d’autre part participer à une formation
initiale pour connaître le fonctionnement du réseau, la politique de prise
en charge par les différents intervenants et les moyens offerts par le
réseau (diététique, prise en charge des soins de pédicurie,…).
Le médecin du réseau se fait honorer
normalement et pour la tenue du carnet de suivi, il reçoit une indemnité
annuelle de 200 Euros. Rien n’est changé dans sa pratique dans le choix de
ses correspondants et de ses collaborateurs.
|