EPU95 –
Montmorency
Diabète - Endocrinologie - Maladies
Métaboliques
Mise à jour du 11 Mai
2007*
Nodules thyroidiens & cancers de la
thyroïde
Pr. L. Leenhardt, Dr. O.
Esnault
(Service de Médecine Nucléaire Hôpital
Pitié-Salpétrière)
Modérateur : Dr Y. Soulier
Séance du 4 mai 2006
1. Quelques
chiffres
La découverte d’un
nodule thyroïdien est 3 fois plus fréquente chez la femme que chez l’homme.
Cinq pour cent des adultes, environ, ont des nodules thyroïdiens palpables,
le plus souvent, de plus de 1 cm dans leur plus grande dimension. Leur
fréquence augmente avec l'âge. On estime la prévalence des nodules à :
4 Au
moins 40 % des femmes > 40 ans
4 Au
moins 50 % des sujets > 60 ans
Les cancers
thyroïdiens sont rares. Ils représentent, en France 1% des cancers
incidents. L’incidence (nombre de nouveaux cas par an) augmente en France
comme dans la plupart des pays depuis les années 1970. L’incidence est
respectivement de 2.2 chez les hommes et de 7.5 pour 100 000 habitants chez
les femmes.
La prévalence du
cancer dans les séries de nodules thyroïdiens opérés est très variable
d’une étude à l’autre, en raison, notamment, des biais de sélection
opératoire. La prévalence des cancers thyroïdiens occultes de découverte
fortuite à l’examen anatomopathologique peut atteindre 30%
Pour mémoire,
l’incidence, en Europe, de la maladie de Basedow –Graves est de 20
pour 100.000 habitants et par an. La thyroïdite d’Hashimoto affecte 3% de
la population générale
2. Le
diagnostic
En pratique, le
diagnostic est évoqué à la palpation dans 4 à 7% des cas. Il est
confirmé à l’échographie. Dans 20 à 40% des cas, le nodule est de
découverte fortuite à l’échographie (doppler carotidien).
Les nodules
thyroïdiens palpables (> 1cm) doivent être explorés
4 30%
sont retrouvés chez les personnes > 70 ans
4 2%
avant 20 ans
4 5%
chez l'adulte
Les nodules
infracliniques (< 1 cm), découverts à l'occasion d'un examen pour une
autre cause (40% après 50 ans), ne justifient aucune exploration
complémentaire.
2.1. Le nodule est-il malin ?
Il n'existe pas de
moyen fiable non invasif de distinguer un nodule bénin d'un carcinome
thyroïdien. Cependant, la palpation, l'imagerie, et la biologie
(thyrocalcitonine) peuvent apporter des éléments de présomption.
Quelquefois, on
constate des signes d'invasion, paralysie de corde vocale par exemple, ou
des métastases (adénopathies cervicales). Ou bien il existe une histoire
familiale de cancer thyroïdien médullaire. La nature cancéreuse du nodule
devient plus vraisemblable.
Argument
en faveur de la malignité
|
4 Irradiation du cou pour maladie
bénigne (angiome) ou maligne (Hodgkin)
4 Une histoire familiale de polypose
colique
4 Age < 20 ans ou > 70 ans
4 Sexe masculin
4 augmentation rapide de volume (non
kystique)
4 Ferme ou dur à la palpation ou qui est
mal délimité
4 Une adénopathie cervicale
4 Un nodule fixé
4 Des signes de compression :
dysphonie, dysphagie, toux
|
Contrairement à ce
que l'on pensait autrefois, la multiplicité des nodules ne diminue pas la
probabilité que l'un d'eux soit cancéreux.
2.2. Etiologie des nodules
thyroïdiens
Etiologie
des nodules thyroïdiens
|
Bénins
4
Goitre
multinodulaire
4
Kystes
simples ou hémorragiques
4
Adénomes
folliculaires (macro ou microfolliculaires)
|
Malins
4 Cancer papillaire
4 Cancer folliculaire
4 Cancer à cellules de Hürthle
4 Cancer médullaire
4 Cancer anaplasique
4 Lymphome thyroïdien primitif
4 Cancer secondaire
|
3. rappel
sur les hormones thyroïdiennes
3.1. Biosynthèse et Sécrétion
Les cellules C
produisent la calcitonine. Lorsqu'elles dégénèrent cela donne le cancer
médullaire qui est rare.
Les cellules folliculaires,
lorsqu'elles se développent en excès, donne naissance à un nodule
thyroïdien puis, dans de rares cas, un cancer différencié de la thyroïde.
Ces cellules folliculaires produisent des hormones thyroïdiennes.
La thyroïde produit
100% de T4 (3 fois plus importante que la T3), mais seulement 20% de T3
qui, pour le reste, résulte de la transformation de T4.
3.2. Explorations thyroïdiennes
Elles reposent sur
le dosage de la TSH. Il faut rappeler que le dosage des hormones
thyroïdiennes n’est pas justifié en 1° intention.
4 TSH
normale è
euthyroïdie; un bilan plus approfondi n'est pas légitime.
4 TSH
élevée è
hypothyroïdie périphérique, …
4 TSH
basse è
hyperthyroïdie périphérique + hyperproduction primitive d'hormone
thyroïdienne qui freine la TSH
4. Échographie
4.1. La technique
Elle est simple et
reproductible. L'échographie permet de confirmer ou de porter le diagnostic
de nodule, d'en mesurer les dimensions, de préciser son caractère solide,
liquide ou mixte et son échogénicité. Elle précise, à un moment donné :
4 Les
dimensions de chacun des lobes ; le nombre, la situation, les dimensions et
les caractéristiques d'échostructure et d'échogénicité de chacune des
formations nodulaires
4 L'éventuel
retentissement trachéal
4 L'état
des chaînes ganglionnaires.
4.2. Indications
L'échographie
confirme le diagnostic de nodule thyroïdien suspecté à la palpation et en
permet l'évaluation. Elle est utile pour la surveillance des goitres
multinodulaires en complément de la palpation.
La pratique
d'échographies systématiques sans palpation est sub-optimale et peut être à
l'origine d'une médicalisation abusive, anxiogène et coûteuse.
4 L’étude
Doppler thyroïdien est très informatif sur la vascularisation du nodule
(périphérique plutôt rassurante ou centrale, mixte plutôt évocatrice de
malignité).
Elle constitue un
guide pour l'exploration cytologique en repérant les formations nodulaires
les plus suspectes (à contours irréguliers, solides, hypoéchogènes).
L'échographie est
également indiquée dans la surveillance des dimensions d'un nodule présumé
bénin. Le rythme des contrôles est à adapter au cas par cas. Il doit être
apprécié selon l'évolutivité clinique du nodule.
4.3. Le compte-rendu
Il doit, maintenant
comporter :
4 La
date de mise en oeuvre de l’appareil et ses références
4 Les
indications de l'examen
4 La
sonde utilisée (7.5 MHz ou plus)
4 Les
résultats :
o
Taille, épaisseur, contours et échostructure de
chaque lobe et de l'isthme
o
En cas de nodule : nombre, taille, situation
exacte, échostructure (mixte, solide, liquide), échogénicité (iso, hyper,
hypo- ou anéchogène), netteté des contours; aspect du parenchyme adjacent;
recherche d'adénopathies satellites, de déviation trachéale, du caractère
plongeant d'un goitre); schéma souhaitable.
4 La
conclusion
o
Résumé descriptif synthétique sans conclusion
histologique
4.4. Sa valeur diagnostique
L'examen
échographique distingue les nodules
4 Anéchogènes
(1-3% des cas), ils sont bénins
4 Hyperéchogènes
(10%), seul 1 à 4 % des nodules sont des cancers.
4 Isoéchogènes
(3-28%).
4 Hypoéchogènes
(40-65%)plus souvent malins
4.5. Ses pièges…
Certaines structures
anatomiques (muscle long du cou, œsophage) sont trompeuses. De même les
pseudo-nodules des thyroïdites de Hashimoto sont trompeurs ainsi que les
plages hypoéchogènes mal systématisées dans le cadre des maladies de
Basedow.
Enfin, aucun critère
échographique, pris isolément, n'a de valeur diagnostique. La valeur
prédictive de malignité des résultats échographiques est la suivante, en
fonction de l’échostructure des nodules :
Structure (% nodules)
|
Echostructure
|
Pronostic
|
Liquidienne pure (1 à 3 %)
|
Anéchogène
|
Bénignité
|
Mixte (20% à 25%)
|
|
15 à 25% de cancers
|
Solide pur
|
Hypoéchogènes (40%)
Hyperéchogènes
Isoéchogènes
|
20% de cancers
1-3% de cancers
12 à 16% de cancers
|
4.6. Les nodules
« solides »
Les nodules « solides » sont
souvent hypoéchogènes (noirs). Cet aspect augmente la probabilité de
malignité du nodule.
Les
microcalcifications peuvent correspondre aux calcosphérites des cancers
papillaires mais leur valeur diagnostique demande à être évaluée. A
l’inverse, les macrocalcifications n'ont pas de valeur d'orientation.
Les nodules à
contours peu nets et irréguliers sont suspects de malignité.
Les adénopathies de
taille supérieure au centimètre, d'aspect globuleux et d'aspect
hypoéchogène avec perte du hile et vascularisation mixte anarchique sont en
faveur de la malignité.
L’échographie
ci-dessous, montre un nodule « solide », hypoéchogène (noir).
Nodule
thyroïdien > 1 cm
(D’après
Frates et al, Radiology , 2005)
|
Signes cliniques
|
Cytoponction
|
Microcalcification
|
Cytoponction
|
Solide ou calcification
|
> 1,5 cm è
cytoponction
|
Mixte ou kyste + bourgeon
|
> 2 cm è
cytoponction
|
Aucun des signes mais augmente de
volume
|
Cytoponction
|
Kyste pur + aucun des
signes
|
Pas de cytoponction
|
Goitre multinodulaire GMN
|
Cytoponction d’un ou plusieurs nodules
|
GMN diffus
|
Pas de cytoponction
|
Ganglions
|
Cytoponction
|
5. La
cytoponction
5.1. Technique
Elle présuppose un
opérateur entraîné. La ponction est réalisée avec une aiguille fine (25 ou
26 gauges). L’opérateur pique dans le nodule avec ou sans repérage
échographique.
En général, 2 à 4
ponctions sont réalisées sans aspiration. Le matériel est étalé sur une
lame et coloré au MGG.
Une ponction ne
comportant pas assez de cellules (moins de 6 amas cellulaires par lame) est
déclarée non significative et doit être répétée.
Dans 5 à 10% des
cas, malgré des prélèvements itératifs, un matériel cytologique adéquat ne
pourra être obtenu. Ce taux peut servir d'objectif de qualité, pour celui
qui ponctionne.
Les principaux
paramètres à analyser et devant figurer dans le compte-rendu cytologique
sont :
4 La
qualité et la richesse des préparations;
4 La
composition du fond des étalements;
4 La
texture et l'architecture des placards cellulaires;
4 L'aspect
individuel des éléments cellulaires et de leurs composants.
Elle nécessite
l'interprétation par un anatomo-cyto-pathologiste, spécialement formé à la
cytologie thyroïdienne et à ce type de prélèvements. La cytoponction coûte
41 €
5.2. Sensibilité et spécificité de
la méthode
Elles sont bien
établies, comme le montrez le tableau ci-dessous.
5.3. Les limites de la cytoponction
Les faux négatifs
(réponse bénigne sur un nodule malin) sont de 2 à 5%. Ces réponses
faussement négatives connaissent plusieurs causes, ce peut être
4 La
ponction d’une zone bénigne
4 Une
erreur d'interprétation,
4 Un
cancer papillaire à présentation vésiculaire.
4 Un
cancer vésiculaire.
Le taux de faux
positifs est de 3%
Il s’agit alors
surtout d’agrégats lymphocytaires, de nodules toxiques, de surcharges
iodées ou d’une prise d’antithyroïdiens.
5.4. Ce que l’on peut en attendre…
La cytoponction est
le seul examen préopératoire capable dans 60 à 800% des cas d'établir le
diagnostic de la nature réelle du nodule. Elle a divisé par 4 le nombre
d’actes chirurgicaux à but diagnostique.
Dans ces conditions,
l'utilisation de l'examen cytologique comme premier moyen d'exploration des
nodules thyroïdiens est la méthode qui permet de dépister le plus grand
nombre de cancers thyroïdiens pour le nombre le plus faible d'interventions
pour nodules bénins.
Pour les nodules
ponctionnés et étiquetés bénins, la répétition de la ponction paraît
souhaitable, par exemple, ponction refaite un an plus tard, en particulier
en cas d’augmentation de volume du nodule
Les cytologies bénignes
C'est le diagnostic
le plus fréquent, posé dans 65 à 75% des cas. Elles correspondent
histologiquement aux nodules colloïdes des goitres, aux adénomes
macrovésiculaires, qui leur sont morphologiquement identiques, ou aux
lésions de thyroïdites.
Une cytologie
bénigne est un élément important mais non formel de bénignité.
Les cytologies suspectes ou
« douteuses »
Ce diagnostic est
porté dans 10 à 30 % des cytologies thyroïdiennes. La plupart sont
évocatrices de nodules microvésiculaires, trabéculaires (embryonnaires),
oncocytaires ou atypiques. C'est le cadre des tumeurs folliculaires qui
désignent l'ensemble des lésions de haute densité cellulaire et
d'architecture microvésiculaire ou trabéculaire.
Les cytologies malignes
Elles représentent
environ 5 à 10 % des cytologies thyroïdiennes.
Une cytologie
maligne correspond à un cancer dans 55 à 100 % des cas. Les diagnostics
cytologiques de carcinomes papillaires, médullaires et anaplasiques sont
habituellement assez sûrs.
Les cytologies non significatives
ou non contributives
Les ponctions ne
comportant pas assez de cellules épithéliales sont dites inadéquates, non
significatives ou non représentatives. Leur nombre varie de 5 à 15 % des
ponctions selon l'expérience des équipes et la rigueur des critères de
significativité exigés. Elles correspondent à des lésions malignes dans 10%
des cas en moyenne.
Si une cytoponction
est non significative, l'examen doit être répété. Un nouveau prélèvement
aboutit à un résultat significatif dans 50% des cas en moyenne, un peu plus
si la ponction est faite sous échographie.
Il reste une
proportion de 5 à 10 % de nodules thyroïdiens où, malgré des prélèvements
itératifs, un matériel cytologique adéquat ne peut être obtenu.
5.5. Les cas difficiles : les
lésions kystiques de la thyroïde
Elles donnent lieu,
dans 20 à 50 % des cas, à des ponctions « non représentatives »
faites de colloïde plus ou moins hémorragique et de macrophages. Ces kystes
correspondent en fait plus souvent à des nodules solides ayant eu des
phénomènes de dégénérescence kystique qu'à des kystes vrais, très rares.
Cependant, une lésion kystique n'exclut pas le diagnostic de cancer.
Dans une étude, ayant porté sur l'examen de deux séries de kystes, 14 à 25
% de cancers ont été observés.
5.6. En résumé…
Conclusions
|
Proportion
|
Chirurgie
|
Non contributif
|
5
à 15%
|
10%
cancers
|
Douteux
|
10
à 30%
|
17
à 54% cancers
|
Malins
|
5
à 10%
|
55
à 100% cancers
|
Bénins
|
65
à 75%
|
2
à 4% cancers
|
5.7. Les messages a propos de la
cytoponction….
C’est, avec quelques
restrictions, la méthode la plus fiable pour différencier un nodule bénin
d'un cancer.
Elle permet de
réduire de 25 à 50% les indications chirurgicales et elle augmente de 10 à
30% la proportion de cancers dans les pièces opératoires.
Elle ne conduit à la
chirurgie que des nodules suspects.
5.8. Faut-il reponctionner ?
Les indications des
ponctions itératives sont les suivantes
4 Suivi
d’un nodule bénin, dans certaines conditions,
4 Une
augmentation de volume : 20% dans un diamètre et/ou > 2 mm dans au
moins un diamètre
4 Un
échec du premier prélèvement
Pour les gros nodules (> 4 cm), la cytoponction est moins
fiable.
6. La
scintigraphie thyroïdienne
Effectuée avec le
technétium ou l'iode 123 (plus cher mais permet une imagerie fonctionnelle
de la glande). Elle donne des précisions sur la situation et le
volume de la glande thyroïde. Elle précise la qualité fonctionnelle
des nodules suffisamment volumineux (10 mm de diamètre): nodules captant à
risque d'évolution vers les nodules toxiques, et nodules hypofixants.
6.1. Valeur diagnostique
La scintigraphie ne
permet pas de poser le diagnostic de malignité. Les cancers
thyroïdiens sont essentiellement observés parmi les nodules hypofixants et
isofixants (à l'iode 123 ou au technétium). Mais la plupart de ces nodules
sont bénins (de l'ordre de 90 %). Le caractère non fixant n'est pas
discriminant. Il ne suffit pas pour adopter une attitude systématisée.
La
scintigraphie oriente fortement vers la bénignité en cas de nodule
hyperfixant. Le risque de malignité est, dans ce cas, inférieur à
1%. La scintigraphie fait le diagnostic de nodule autonome ou de goitre
toxique.
6.2. Indications
Elle n’a pas
d’indication si le nodule est euthyroïdien. Elle est seulement
utile en cas d’hyperthyroïdie.
L'association d'un
nodule thyroïdien à des signes cliniques d'hyperthyroïdie et/ou à un taux
bas de TSH plasmatique conduit à la réalisation d'une scintigraphie
thyroïdienne à la recherche d'un nodule toxique.
En l'absence de
signe clinique ou biologique d'hyperthyroïdie, une scintigraphie peut
éventuellement être indiquée à la recherche d'un nodule chaud
(seulement 25 % des nodules chauds s'accompagnent d'un taux de TSH
abaissé), notamment dans les cas de cytologie douteuse, lorsque le résultat
est en faveur d'une lésion folliculaire.
Si un nodule froid
reste isolé et en l'absence d'apparition d'une hyperthyroïdie la répétition
d'une scintigraphie est inutile. L'aspect hypofixant à la scintigraphie
thyroïdienne ne se modifie pas dans le temps.
Fixation
|
Fréquence
|
Cancer
|
Hypo
|
70%
|
10%
|
Hyper
|
20%
|
1%
|
Iso
|
5%
|
5%
|
En conclusion, la
spécificité de la méthode est trop faible et est « peu
rentable ». Enfin, la scintigraphie n’a aucun intérêt si le nodule
est < 1cm car le seuil de résolution scintigraphique est de 1 cm.
7. Traitement
7.1. La place du freinage hormonal
L’objectif de
l’administration d’hormones thyroïdiennes est de freiner le développement
des nodules euthyroïdiens. Le principe est de freiner la TSH qui stimule la
croissance des cellules folliculaires.
4 Les
données de la littérature sont très controversées mais une méta-analyse
publiée récemment par Castro et al confirme l’absence d’efficacité
significative du traitement freinateur.
4 Du
fait des effets secondaires (osseux et arythmie), il n’est pas conseillé de
prescrire ces traitements en l’absence d’hypothyroïdie et de contexte de
thyroïdite auto-immune
Un fait est
établi ; la progression ou l'absence de régression ne sont pas des
arguments en faveur de la malignité.
7.2. La thyroïdectomie totale
Cette chirurgie
n'est pas plus lourde qu'une lobectomie (dont le seul avantage est de ne
pas rendre obligatoire le traitement substitutif); En cas de cancer
thyroïdien, le traitement chirurgical recommandé est la thyroïdectomie
totale complété si nécessaire en fonction du stade TNM de la tumeur par 100
mCi d‘iode 131. L ‘avantage de la thyroïdectomie totale complétée par
une totalisation à l’iode 131 réside dans la surveillance : dosage de
thyroglobuline associé à l’échographie démasquant les récidives précoces
qui se traitent bien ; tous les 6 mois pendant la 1ère année,
puis une fois par an et enfin tous les 2 à 3 ans, mais surveillance à
vie !
7.3. L’alcoolisation
« PEI »
C’est une procédure
« mini-invasive », en vogue dans certains pays, du traitement non
chirurgical des nodules thyroïdiens. Cette technique consiste en une
injection d’alcool absolue dans les nodules. Pour les équipes entraînées à
cette technique, les résultats semblent bons, surtout pour les lésions kystiques.
Une réduction du volume de plus de 50% est obtenue dans 90% des cas
7.4. Les ultrasons
« HIFU »
C’est une nouvelle
technique en cours de mise au point à la Pitié-Salpétrière.
Le principe repose
l’utilisation des ultrasons à haute intensité avec focalisation du faisceau
es sur la lésion à traiter. Au point focal, la température s’élève à 90°C
pour un volume 2 mm x 2 mm x 0,5 mm entraînant une nécrose du nodule
Actuellement 25
patients devant être opérés pour un goitre nodulaire ont bénéficié dans le
cadre de cette recherche d’un traitement HIFU 15 jours avant la chirurgie.
Les lésions ont ensuite été examinées en histologie. Cette procédure a
maintenant démontré son efficacité et surtout la sécurité de son emploi.
Reste à étudier les effets à long terme de l’HIFU et de préciser les
indications (nodules cytologiquement bénins augmentant de volume, nodule
toxique ne pouvant bénéficier de la chirurgie ni de l’iode radioactif).
Le développement de
cette technique est actuellement en Phase 2
8. Le
cancer de la thyroïde
D’après
« Cancers de la thyroïde » (EMC Endocrinologie 2 (2005) 1–38)
: L.
Leenhardt, F. Ménégaux, B. Franc, C. Hoang, M.-O. Bernier,
Dupasquier-Fédiaevsky, E. Le Marois, J.-P. Chigot, L. Chérié-Challine, A.
Aurengo
8.1. Généralités
« Les cancers thyroïdiens sont rares
et représentent 1 % des tumeurs malignes.
Les femmes sont plus
fréquemment atteintes que les hommes (sex-ratio 3/1).
Le cancer thyroïdien
peut survenir à tout âge bien qu’il soit fréquent après 30 ans et
significativement plus agressif chez les sujets âgés.
La majorité des
patients présente un nodule thyroïdien. Les nodules thyroïdiens sont
fréquents, mais seulement 5 % d’entre eux sont malins.
Durant les vingt
dernières années, l’essor des moyens diagnostiques (échographie et
cytoponction) et les modifications des pratiques de prise en charge des
pathologies thyroïdiennes ont entraîné une augmentation des cancers
thyroïdiens en particulier des microcancers papillaires.
Le cancer thyroïdien
est plus fréquent chez les patients ayant eu un antécédent d’irradiation
thyroïdienne pendant l’enfance ou une polypose colique.
Le diagnostic repose
sur l’examen anatomopathologique de la pièce opératoire qui reste difficile
dans certains cas.
Tumeurs
malignes de la thyroïde
|
4 Primitives épithéliales
o
Carcinome
vésiculaire
o
Carcinome
peu différencié
o
Carcinome
indifférencié
o
Carcinome
médullaire (à cellules C)
4 Primitives non épithéliales
o
Lymphomes
malins (Hashimoto)
o
Tumeurs
diverses : carcinome mucoépidermoïde, mucineux, mucoépidermoïde sclérosant,
avec éosinophilie, tumeurs thymiques ou des dérivés des poches
branchiales, tumeur de Settle, Castle, tératomes primitifs thyroïdiens,
angiosarcome, tumeurs des nerfs périphériques, histiocytose X, maladie de
Dorfman-Rosaï, tumeurs fibreuses solitaires
4 Métastases
|
8.2. Pronostic
Les facteurs
pronostiques sont bien définis et le pronostic est favorable en cas de
cancer thyroïdien différencié.
Les cancers
thyroïdiens les plus fréquents (papillaire et vésiculaire) sont guéris dans
80 à 90 % des cas, si le traitement est approprié.
Le cancer
anaplasique est rare et de pronostic très défavorable.
8.3. Traitement
Le traitement
initial du cancer thyroïdien consiste en une thyroïdectomie totale ou quasi
totale. Le curage ganglionnaire n’est pas systématique.
Le traitement par
l’iode radioactif, la « totalisation », est conseillé chez les
patients à haut risque et nécessite un taux élevé de TSH pour être
efficace.
Par la suite, le
patient doit être mis sous hormonothérapie thyroïdienne à vie.
Les métastases à
distance sont observées dans 10 % des cas et les poumons et les os sont les
localisations les plus fréquentes. La survie à 10 ans est de 41% à 5
ans ; 15% à 10 ans et de 7% à 20 ans
Les récidives
locorégionales surviennent dans environ 7 % des cas.
8.4. Suivi
Une surveillance
prolongée est conseillée, à 6 mois, 1 an, 3 ans. Elle est fondée sur
l’examen clinique, le dosage de thyroglobuline plasmatique sous stimulation
par la TSH (arrêt de la L-thyroxine ou utilisation de la TSH recombinante
humaine), l’échographie cervicale et la scintigraphie corps entier sur dose
thérapeutique d’iode 131. »
9. Tchernobyl
9.1. Les faits
L’accident a donné des cancers thyroïdiens gravissimes
chez les enfants en Biélorussie, en Ukraine.
L'augmentation de l'incidence des nodules et cancers
thyroïdiens en France a commencé avant 1986 et ne concerne que l’adulte. Les causes possibles
4
Prévalence considérable des nodules et cancers
4
Biais de dépistage (scintigraphie : 1
cm ; écho : 2 mm)
4
Augmentation des pratiques : clinique,
échographie, Doppler
4
Classification histologique è
le diagnostic de cancer papillaire (70%) ne repose plus sur les papilles,
mais sur les noyaux en verre dépoli
9.2. La responsabilité de l’accident de Tchernobyl ?
En France, on a décelé plus de microcancers thyroïdiens.
Cette augmentation est due à une augmentation des pratiques
diagnostiques : échographie et essor de la cytoponction ; et,
enfin, au moindre petit nodule les gens ont voulu se faire opérer !
Non c’est faux
Concernant l’augmentation des cancers thyroïdiens en
France, les données épidémiologiques actuelles ne permettent pas de mettre
en évidence un effet Tchernobyl. L’augmentation ne touche que les adultes
et est antérieure à l’accident et est aussi constatée dans les pays
éloignés comme l’Espagne ou les Etats Unis.
Dans les dossiers autopsiques tout venant, 10 à 30% des
nécropsies montrent des microcancers thyroïdiens. Il est bien prouvé,
actuellement que le microcancer n'évolue pas en cancer de la thyroïde; ces
microcancers physiologiques seraient restés latents !
10. Sites Internet
Association Française des Malades
de la Thyroïde (AFMT) :
http://thyro-asso.org/ ou http://thyro2004.free.fr/
Epidémiologie du cancer de la thyroïde
http://www.fnclcc.fr/-dic/epid/thyr.htm
Les pathologies de la thyroïde :
http://www.medisite.fr/pathologies/endocrinologie/paththyroide/index.html
Facteurs prédictifs du cancer thyroïdien
http://www.md.ucl.ac.be/entites/mint/intr/hainaut/dossierprojet/dossierdocsem/cancerthyrfactpred.html
Etude du risque de cancer de la thyroïde,
lié à l’accident de Tchernobyl en France par l'institut de veille
sanitaire.
http://www.invs.sante.fr/presse/tchernobyl/tchernobyl.html
CHU de Rouen avec des liens :
http://www.chu-rouen.fr/ssf/pathol/tumeurthyroide.html
La Ligue contre le cancer :
http://www.ligue-cancer.asso.fr/Rubrique_Vivre/CONTENU_2_10.HTM
Page sur le cancer de la thyroïde :
http://www.extra.net.ma/babmansour/Le%20cancer%20de%20la%20thyroïde.htm
Fondation canadienne de la thyroïde
http://home.ican.net/~thyroid/English/Francais.html
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