CLINIQUE DES MALADIES DU MOTONEURONE

DÕaprs une prŽsentation du Dr Franois Salachas

Centre SLA - DŽpartement des Maladies du Systme Nerveux - H™pital de la Salptrire

SŽance du 6 Mai 2010

 

1.  Points clŽs

á      DŽgŽnŽrescence progressive des motoneurones.

á      Tableau initial distal, non systŽmatisŽ, moteur pur.

á      Diagnostic clinique : association de signes dÕatteinte du motoneurone pŽriphŽrique et central.

á      Diagnostic paraclinique : EMG.

á      Diagnostics diffŽrentiel : multiples, Žliminer les lŽsions autres du systme nerveux (ENMG, IRM) et les maladies mimant la SLA (ENMG, biologie).

á      Prise en charge globale : prŽcoce, un seul traitement mŽdicamenteux Žtiologique, un suivi multidisciplinaire, des moyens de soulager.

2.  PRINCIPALES MALADIES DU MOTONEURONE (MN)

á      Les sclŽrose(s) LatŽrale(s) Amyotrophique(s) ou Maladie de Charcot (France) ; Maladie de Lou Gehrig (USA) ; Maladie du motoneurone (GB)

á      La sclŽrose LatŽrale Primitive : SLP

á      Les amyotrophies spinales de lÕadulte

o   Forme de lÕadulte jeune avec dŽlŽtion  du gne SMN1

o   Bulbo spinale liŽe ˆ lÕX ou syndrome de Kennedy

3.  Les SclŽrose(s) LatŽrale(s) Amyotrophique(s

3.1.     DŽfinition

CÕest une affection neurodŽgŽnŽrative dŽcrite par J.M. Charcot en 1869. Elle est encore parfois appelŽe maladie de Charcot.

Ce syndrome clinique est caractŽrisŽ par l'association d'un dŽficit moteur progressif central et pŽriphŽrique touchant la plupart des muscles du corps, de fasciculations, d'une amyotrophie et de troubles respiratoires. Le nom Ç latŽral È provient de la dŽgŽnŽrescence des faisceaux pyramidaux corticospinaux qui descendent latŽralement dans la moelle Žpinire.

La dŽfinition anatomopathologique classique est celle dÕune sclŽrose des cordons latŽraux de la moelle Žpinire, des cordons pyramidaux et dÕune rarŽfaction des MN dans la corne antŽrieure

3.2.     LŽsions

La SLA est une maladie neurodŽgŽnŽrative marquŽe par la mort sŽlective des neurones du cortex moteur et des moteurones du tronc cŽrŽbral et de la moelle. La perte progressive de ces deux fonctions motrices centrale et pŽriphŽrique est responsable de la plupart des signes cliniques rencontrŽs au cours de cette affection, comme I'atteinte pyramidale, l'amyotrophie et les troubles respiratoires et bulbaires.


 

Association dÕun syndrome pyramidal et dÕun syndrome neurogne pŽriphŽrique

Syndrome pyramidal

Syndrome neurogne pŽriphŽrique

á       Atteinte de voie pyramidale

á       ROT vifs, diffusŽs, polycinŽtiques

á       BBK, spasticitŽ

á       Atteinte du motoneurone de corne antŽrieure

á       DŽficit moteur

á       Amyotrophie

á       Fasciculations, crampes

 

3.3.     EPIDEMIOLOGIE SLA en France

La SLA a une incidence annuelle proche de 2 ˆ 3 pour 100 000 habitants, soit 1000 nouveaux cas par an (la moitiŽ de lÕincidence de la SEP). La prŽvalence est de 6000 cas en France. CÕest une maladie rare, mais, en France :

á      Un nouveau cas toutes les 8 heures

á      Un dŽcs par SLA toutes les 12 heures

La mŽdiane de survie est de 36 mois

LÕatteinte des muscles respiratoires est constante. Dans ce contexte, la ventilation non invasive peut tre proposŽe ˆ 5 ˆ 20 % des patients selon les centres.

3.4.     Une groupe de pathologies hŽtŽrogneÉ.

Le terme SLA recouvre des entitŽs diffŽrentes. Il faudrait mieux parler des SLAÉ

3.4.1. Le site de dŽbut est variable

Les formes spinales

Elles sont plus frŽquentes chez lÕhomme.

Elles dŽbutent aux membres

LՉge moyen est situŽ entre 50 et 55 ans.

Les formes bulbaires

Elles sont plus frŽquentes chez la femme.

Dans cette forme, les noyaux moteurs du tronc cŽrŽbral seront touchŽs dans leur grande majoritŽ, ˆ lÕexception des noyaux oculomoteurs. LÕatteinte des noyaux moteurs des nerfs cr‰niens est diffuse.

Elles dŽbutent par une dysarthrie ou des troubles de dŽglutition.

LՉge moyen est plus ŽlevŽ, entre 60 and 65 ans

3.4.2. Le rythme des dŽcs est variable

Rien ne permet de prŽvoir prŽcisŽment l'Žvolution de la sclŽrose latŽrale amyotrophique. Elle n'est que trs rarement rŽgulirement progressive, laissant appara”tre des pŽriodes o la maladie semble stabilisŽe. Le facteur pronostic le plus important est l'atteinte bulbaire et celles des muscles respiratoires. La forme bulbaire a l'Žvolution la plus rapide. Certains malades dŽcdent en moins de 18 mois ; dÕautres ont des survies supŽrieures ˆ 10 ans. Le dŽcs survient dans un dŽlai plus ou moins rapide : 50% en 3 ans, 80% en 5 ans et 90% en 10 ans.

3.4.3. Les formes sporadiques

Les formes sporadiques reprŽsentent, en France, 90 % des cas. La cause initiale est inconnue et est vraisemblablement multifactorielle associant, probablement, des facteurs gŽnŽtiques et environnementaux. Le seul marqueur spŽcifique de la maladie est neuropathologique et repose sur la mise en Žvidence dÕune dŽgŽnŽrescence motoneuronale associŽe ˆ la prŽsence dÕinclusions positives pour lÕubiquitine et pour la protŽine TDP-43.

3.4.4. Les formes familiales

Elles sont ˆ transmission autosomale dominante et reprŽsentent environ 10 % des cas.

Dans ces formes familiales, il existe une mutation du gne codant la superoxyde dismutase SOD1 portŽ par le chromosome 21. Cette mutation est prŽsente dans 10 ˆ 20% des cas. Dans ces formes il existe une hŽtŽrogŽnŽitŽ phŽnotypique inter- et intrafamiliale qui pourrait sÕexpliquer par lÕexistence de gnes modificateurs ou la prŽsence de facteurs environnementaux surajoutŽ.

3.5.     Le r™le de facteurs environnementaux

Il est trs discutŽ. Tour ˆ tour des neurotoxines, des agents infectieux ou dÕautres facteurs ont ŽtŽ ŽvoquŽs.

Le r™le de neurotoxines a ŽtŽ proposŽ pour expliquer les foyers de haute incidence dans des ”les du Pacifique Ouest (Guam, pŽninsule Kii, Nouvelle-GuinŽe). Si certes des facteurs gŽnŽtiques sont possibles, ils nÕexcluent pas des facteurs environnementaux.

Plusieurs neurotoxines ont ŽtŽ ŽvoquŽes sans preuves convaincante.

á      LÕhypothse aluminium repose sur

o   La composition du sol

o   FavorisŽ par une alimentation pauvre en calcium

o   LÕobservation dÕune augmentation des taux dÕaluminium dans le SNC

o   La neurotoxicitŽ connue de lÕaluminium

á      LÕhypothse Cycas circinalis repose sur lÕobservation des populations de lÕile de Guam. Ces populations consomment des chauves souris ; elles mmes consommatrices de noix de cicade. Cette noix contient une excitotoxine, le BMMA qui est neurotoxique chez le singe. Cependant cette neurotoxicitŽ est rŽversible et nŽcessite des doses trs ŽlevŽes

Une forme particulire sur le plan anatomopathologique

DÕautres facteurs environnementaux ont ŽtŽ suspectŽs, mais actuellement sans preuves, ˆ partir dՎtudes de cas-tŽmoins, souvent discordantes portant sur des effectifs faibles. Ces Žtudes ont incriminŽ :

á      Les traumatismes, lÕactivitŽ sportive,

á      LÕexposition ˆ des toxiques (solvant, plomb, mercure),

á      LÕexposition ˆ des chocs Žlectriques rŽpŽtŽs

á      L'hypothse d'une origine virale de la SLA est ŽvoquŽe depuis de nombreuses annŽes en raison de la similitude de cette affection avec la poliomyŽlite antŽrieure aigu‘ et avec le syndrome post-polio. Plusieurs arguments ont militŽs en faveur d'une origine virale dans certains cas de SLA.

o   Certains auteurs ont retrouvŽ des sŽquences d'entŽrovirus dans les motoneurones de patients avec une SLA (Berger).  Ces rŽsultats nÕont pas ŽtŽ confirmŽs par la suite.

o   Des cas de SLA rŽgressive sous traitement antirŽtroviral ont ŽtŽ dŽcrits chez des patients infectŽs par le VIH (Moulignier, McGowan).

3.6.     SLA Typique une caricature trop diffusŽeÉ

LÕimage classique comporte la sŽquence dÕapparition de paralysies stŽrŽotypŽes depuis les muscles des membres jusquÕaux muscles bulbaires et au diaphragme, rŽsumŽe par le concept de Ç marche dŽficitaireÈ en lÕabsence totale de troubles cognitifs, sensitifs et sphinctŽriens. Cette image dÕune maladie irrŽmŽdiablement mortelle par insuffisance respiratoire en 3 ans doit maintenant tre nuancŽe.

3.7.     SLA en rŽalitŽ...

CÕest une maladie qui se prŽsente avec une grande diversitŽ de prŽsentations cliniques :

á      Les formes centrales avec une bradykinŽsie et une raideur musculaire

á      Les formes pŽriphŽriques avec une amyotrophie et une faiblesse musculaire

á      Les formes spinales se traduisant par une faiblesse des membres

á      Les formes bulbaires associant une faiblesse des muscles de la face, de la langue et du larynx

á      Les formes axiales caractŽrisŽes par une faiblesse des muscles cervicaux et des faiblesses muscles para vertŽbraux

á      Les formes respiratoires avec un tableau de dŽtresse respiratoire inaugurale

CÕest une maladie qui se prŽsente avec une grande diversitŽ de modes Žvolutifs :

á      Les formes centrales qui aboutissent ˆ un handicap fonctionnel sans paralysie

á      Les formes pŽriphŽriques qui se traduisent par un handicap fonctionnel et une paralysie

á      Les formes spinales aboutissement ˆ une dŽpendance rapide (MS ou marche)

á      Les formes bulbaires qui se traduisent par un trouble de la communication, des pneumopathies rŽcidivantes et la nŽcessitŽ dÕune gastrostomie associŽ ˆ une atteinte frontale dÕintensitŽ variable

á      Les formes axiales qui se prŽsentent avec une tte tombante, une impossibilitŽ de la station assise et debout et une atteinte profonde de la fonction diaphragmatique.

á      Les formes respiratoires qui posent rapidement les indications dÕune ventilation assistŽe voire dÕune trachŽotomie

3.8.     La clinique

3.8.1. Dans Les formes centrales

LÕexamen neurologique retrouve :

á      Des signes pyramidaux proches de ceux rencontrŽs dans la SEP

o   Un Babinski/Hoffmann/

o   Des ROT diffusŽs, polycinŽtiques

o   Une spasticitŽ

o   Un reflexe massŽtŽrin vif comme dans les syndromes pseudo-bulbaires

á      Des signes Ç extrapyramidaux È voisins de ceux observŽs dans la maladie de Parkinson

o   Une rigiditŽ plastique

o   Une bradykinŽsie

o   Un trouble prosodique (rythme parole)

3.8.2. Dans les formes pŽriphŽriques

LÕexamen neurologique met en exergue :

á      Signes dÕatteinte du motoneurone pŽriphŽrique comme dans lÕamyotrophie spinale)

o   Une amyotrophie avec fasciculations et crampes

o   Des ROT faibles ou abolis

o   Une hypotonie musculaire

á      Souvent un tremblement dÕattitude

3.8.3. Les SIGNES associŽs

Ils comprennent

á      Une fatigabilitŽ musculaire*

á      Une asthŽnie permanente

á      Un amaigrissement, parfois inaugural pouvant culminer par une cachexie, dÕo lÕimportance du suivi de lÕIMC+++

á      Des sueurs, dont lÕorigine est discutŽe, dysautonomie, mŽtabolique ou respiratoire

á      De la dyspnŽe, caractŽristique surtout lorsquÕil existe un facteur positionnel, un balancement TA

á      Des troubles digestifs

o   TD haut avec RGO et/ou gastroparŽsie

o   TD bas avec mŽtŽorisme, constipation pouvant aggraver le dysfonctionnement respiratoire

á      Des douleurs, un syndrome anxio-dŽpressif


3.9.     FORMES CLINIQUES DE SLA

Les cinq formes classiques sont :

á      La SLA sporadique

á      La SLA gŽnŽtiquement dŽterminŽe (SOD1É.)

á      La SLA associŽe ˆ des signes extrapyramidaux et/ou de dŽmenceÉ

á      La SLA avec des anomalies biologiques de signification incertaine

á      Les pseudos SLA (ALS-mimic syndrome) post polio, NMBC, hyperparathyro•die, intoxication au plomb, formes paranŽoplasiquesÉ.)

Les SLA avec dŽmence sont le plus souvent satellite dÕune forme ˆ dŽbut bulbaire. Elles sÕexpriment sur un mode apathique ou au contraire par une dŽsinhibition.

Elles peuvent Žgalement sÕintŽgrer dans le cadre dÕune dŽmence fronto-temporale, familiale ou non. La coexistence d'un syndrome dŽmentiel de type frontotemporal et d'une SLA est estimŽe entre 3 et 6 % des cas. Elles modifient notablement la prise en charge par lՎquipe soignante et complexifient les rapports avec lÕentourage.

4.  La SCLEROSE LATERALE PRIMITIVE

CÕest une forme rare qui reprŽsente le prototype de la forme centrale pure de SLA. Elle pourrait se rŽvŽler tre un syndrome ˆ la frontire entre plusieurs maladies hŽrŽdo-dŽgŽnŽratives. Dans cette forme, le pronostic vital nÕest pas mis en jeu et il nÕy a pas dÕatteinte diaphragmatique significative. En revanche, elle pose des problmes fonctionnels, comme : le traitement de la raideur musculaire, la prise en charge de la rŽŽducation et/ou de lÕorthophonie, ainsi que lÕergothŽrapie et les appareillages ˆ proposer.

5.  Les AMYOTROPHIES SPINALES

5.1.     En brefÉ

CÕest le prototype de lÕatteinte isolŽe du motoneurone pŽriphŽrique. Elle ne met pas en jeu le pronostic vital, du moins pour les formes de lÕadulte. La progression de la faiblesse musculaire est assez lente bien que lÕhandicap ˆ terme puisse tre non nŽgligeable. Dans ces formes il y a un dŽterminisme gŽnŽtique frŽquent. Le tableau ci-dessous prŽsente les diffŽrentes formes cliniques.

 

 

Le mode de prŽsentation est de type pseudo-myopathique, avec :

á      Un dŽficit moteur proximal et une amyotrophie

á      Souvent associŽ ˆ une ŽlŽvation des enzymes musculaires

á      Une transmission  gŽnŽtique sur un mode rŽcessif et lÕabsence dÕhistoire familiale.

5.2.     Par dŽlŽtion du gne SMN1 (maladie de Kugelberg Welander)

Forme mineure de la maladie de Werdnig-Hoffman (voir tableau ci-dessus) qui touche les trs jeunes enfants. Elle est la consŽquence dÕune dŽlŽtion de lÕexon 7 du gne SMN1.

Un diagnostic molŽculaire est  possible depuis 1993. De ce fait, un conseil gŽnŽtique est justifiŽ par la frŽquence de lÕhŽtŽrozygotie (porteur asymptomatique)

5.3.     Atrophie bulbo-spinale liŽe ˆ lÕX (Syndrome de Kennedy)

Cette maladie est liŽe ˆ une expansion de triplets Ç CAG È au sein du premier exon du rŽcepteur aux andrognes. La protŽine mutŽe comporte une polyglutamine de longueur anormale.

La transmission est rŽcessive liŽe ˆ lÕX, les femmes Žtant vectrices.

Le syndrome de Kennedy dŽbute vers 35 ans en moyenne.

Les modes de prŽsentation sont variables, dans 50 % des cas ils sont de type pseudo-SLA, dans les autres cas, ils sont de type pseudo-myopathique. Une prŽcession frŽquente par un tremblement est observŽe. LÕexistence dÕune histoire familiale et dÕune gynŽcomastie est inconstante.

Sur le plan clinique il existe des signes neurologiques et endocriniens qui sont Žvolutifs et des signes sensitifs infracliniques mais dŽtectable ˆ lÕEMG. Ce tableau neurologique et endocrinien est Žvolutif.

Le diagnostic clinique se fait par la mise en Žvidence de lÕassociation dÕune fonction conservŽe associŽe ˆ une amyotrophie qui s traduit par lÕÕexistence de myokimies faciales associŽe ˆ une atrophie linguale

Le syndrome de Kennedy ne met pas en jeu le pronostic vital car il nÕya pas de faiblesse diaphragmatique. Cependant lÕhandicap fonctionnel est loin dՐtre nŽgligeable du fait dÕune atteinte du psoas et lÕexistence, frŽquente, de fausses routes. Ceci souligne, dans ce syndrome, lÕimportance de la kinŽsithŽrapie active et de lÕergothŽrapie.

6.  RETENTISSEMENT DE LA SLA

Il est fonctionnel (handicap), musculaire, articulaire et para-articulaire, respiratoire, digestif, nutritionnel et psychique

6.1.     Le BILAN FONCTIONNEL

Il est facilitŽ par lÕutilisation dՎchelles adaptŽes ˆ lՎvaluation du handicap dans la SLA. Il peut tre affinŽ par lÕhospitalisation (Žquipe soignanteÉ) et permettre la prescription prŽcoce dÕappareillages et dÕaides au handicap du fait de lՎvolutivitŽ de la maladie et de la nŽcessitŽ dÕune anticipation minimale des phases dÕaggravation. Le tableau ci-dessous prŽsente lՎchelle clinique.

 

ALSFRS

4

3

2

1

0

ƒcriture 

Normale

Lente : mots lisibles

Certains mots sont  non  lisibles

Prend le stylo,  nՎcrit plus

Ne peut pas  prendre le stylo

Nourriture

Sans gastrostomie

Normale

Lente sans aide

Aide partielle Peut couper

Aide partielle  ne peut  pas couper

Aide permanente

Nourriture

Avec gastrostomie

Normale

Manipule de faon  indŽpendante

Aide  intermittente

Aide rŽgulire

Ne peut rien faire  seul

Habillage

Hygine

Normal

Lent  avec effort

Aide intermittente

Aide permanente

Ne peut  rien faire  seul

Lit

Tourner, ajuster les draps

Normal

Lent

Avec difficultŽ

Doit tre aidŽ pour  finir le geste

Doit tre aidŽ pour  tout

Marche

Normale

Petite difficultŽ

Avec assistance

Bouge les jambes sans dŽambulation

Ne bouge pas les  jambes

Monte les escaliers

Normal

Lentement

Instable, fatigable

Aide

Ne peut  pas monter

DyspnŽe

Normale

DyspnŽe dÕeffort ˆ la marche

DyspnŽe lors  de lÕalimentation, habillage, bain

DyspnŽe de repos

DifficultŽs amenant

ˆ envisager ventilation

OrthopnŽe

Aucune

Quelques difficultŽs nocturnes

Besoin de plus de deux oreillers

Ne peut dormir  quÕassis

Ne peut pas dormir

Insuffisance respiratoire

Aucune

BiPAP intermittente

BiPAP continue la nuit

BiPAP continue jour et nuit

Ventilation  invasive

 


 

6.2.     Le BILAN MUSCULAIRE

Il comporte un testing musculaire et la prise en charge des diffŽrentes manifestations.

á      Les crampes peuvent tre attŽnuŽes par lÕHexaquineª, par exemple

á      Les fasciculations sont amŽliorŽes par le Mg++ et les anxiolytiques

á      Les myalgies sont contr™lŽes par les AINS et/ou les massages

á      LÕhypertonie est modŽrŽment contr™lŽe par le baclofne (Lioresalª) ou par les massages, le traitement des douleurs voire lÕutilisation de la toxine botulique (Botoxª)

á      LÕamyotrophie fait encore lÕobjet dÕune quantification alŽatoire et sa signification fonctionnelle et pronostique est encore inconnue

6.3.     Le BILAN ARTICULAIRE

CÕest une Žtape importante qui impact la qualitŽ de vie.

á      Une PASH est frŽquente et est associŽe ou non ˆ une algodystrophie ; sa prise en charge comprend, les AINS, les massages, lÕutilisation de la calcitonine Cibacalcineª s/cutanŽe. Il est important, chez ces malades de casser le cercle vicieux raideur/douleurÉ

á      Les tendinites du moyen fessier, du bicepsÉ.

á      Les douleurs rachidiennes et para-rachidiennes (cervicales+++)

6.4.     Le BILAN DIGESTIF

Le principe est de rechercher et de traiter des troubles dÕapparence banale ou inŽluctable.

á      Traiter le reflux G.O qui aggrave lÕanorexie et lÕhypersalivation par le Motiliumª, les antiacides

á      Contr™ler la constipation, facteur aggravant lÕanorexie de la dŽcompensation respiratoire

á      Traiter rapidement toute aggravation rŽcente et Žviter situations extrmes souvent prŽjudiciables sur un terrain fragile : fŽcalomes, diarrhŽe sous Rilutekª, gastro-entŽriteÉÉÉÉÉ.

á      ætre attentif aux phŽnomnes de ballonnements (gastrique et/ou intestinal) car ils sont frŽquents et quÕils peuvent avoir des consŽquences parfois dramatiques si Žtat respiratoire est prŽcaire

6.5.     Le BILAN NUTRITIONNEL

6.5.1. Le contexte

Du fait d'une anorexie plurifactorielle, de troubles de dŽglutition et de salivation, de la dŽnervation et d'un hypermŽtabolisme, une dŽnutrition est prŽsente dans 15 ˆ 30 % des cas.

Il est essentiellement quantitatif, poids et IMC. Les objectifs sont :

á      Le maintien dÕun poids stable

á      La prŽvention des troubles digestifs

Les moyens sont comprennent :

á      LÕoptimisation de la dŽglutition (ortho+++)

á      Le recours aux supplŽments caloriques (+/- orexignes) mais pas de rŽgime hypocalorique

á      La proposition dÕune gastrostomie ou de PAC, en cas dՎchec

6.5.2. LA GASTROSTOMIE

Il nÕy aucun consensus sur les indications. En gŽnŽral, lÕindication est posŽe sur

á      Une hydratation impossible

á      Une perte de poids excŽdant 10 ˆ 20%

á      Des repas trop longs et fatigants (bulbaires)

Il faut savoir quÕelle est dÕautant mieux supportŽe quÕelle est prŽcoce. Elle est mise en place par voie percutanŽe, le plus souvent. Elle autorise une recharge calorique lente sous traitement prokinŽtique (Žrythromycine) et permet un retour ˆ domicile rapide.


 

6.6.     Le BILAN PSYCHIQUE

Il est conditionnŽ par lՎvolutivitŽ de la maladie et par lÕattitude du patient vis-ˆ-vis de son handicap, de la perception de sa place dans sa famille, la sociŽtŽ.... et de lÕexistence dÕune qualitŽ de vie jugŽe acceptable.

Il y a un intŽrt certain dÕun soutien psychothŽrapeutique prŽcoce du patient, de son entourage. Le recours aux psychotropes est, dans la majoritŽ des cas, possible.

Dans ce contexte, il ne pas mŽconna”tre lÕexistence dÕun syndrome pseudo-bulbaire responsable dÕune hyper expression des affects qui peut tre contr™lŽ par un antidŽpresseur, comme le Laroxylª.

Il faut bien jauger la qualitŽ de la relation avec lÕentourage, en cas de syndrome frontal ˆ minima ou dÕun syndrome pseudo-bulbaire.

6.7.     SYMPTïMES FRƒQUENTS

LÕhypersalivation est handicapante et peut tre amŽliorŽe par :

á      Un anticholinergiques (P.O)

á      La scopolamine en patch ou, mieux, en s/c)

á      En traitant le R.G.O

Les glaires peuvent tre diminuŽes par :

á      Des aŽrosols, lÕAvlocardylª

á      Une aide ˆ la toux+++

á      Des techniques de dŽsencombrement (Ç cough assist È)

Les mycoses, trs frŽquentes sont redevables dÕun traitement local (Fungizoneª, Loramycª).

6.8.     ATTEINTE RESPIRATOIRE

6.8.1. Le contexte

CÕest plut™t lÕapanage des formes Žvolutives des maladies du motoneurone que ce soit la SLA ou les rares amyotrophies spinales. Elle conditionne le pronostic et nŽcessite une Žvaluation rŽgulire (pronostic). Elle est Žvaluable en clinique quotidienne.

La prise en charge a bŽnŽficiŽ ces dernires annŽes de lÕamŽlioration des techniques palliatives, non invasives ou VNI.

Il est important dÕanticiper la survenue dÕune dŽfaillance de la fonction respiratoire et de diffŽrencier les aggravations Ç attendues È des Žvnements intercurrents (EP, pneumopathie, OAP..).

Pour ce faire, il faut disposer dÕune Ç Histoire Naturelle de la Maladie È dÕun point de vue respiratoire et pouvoir mettre en place, au moment opportun, une prise en charge optimisŽe :

á      Par lÕutilisation de la ventilation assistŽe non invasive (VNI) dont les indications sՎtendent

á      De mesures palliatives, en face dÕune insuffisance respiratoire terminale

6.8.2. Les moyens

Elle peut se faire, de prŽfŽrence, au lit du malade, avec ou sans instruments au sein de centres spŽcialisŽs ou, ˆ dŽfaut, en suivant leurs procŽdures. Un suivi longitudinal indispensable pour apprŽcier

á      La pente Žvolutive de la maladie

á      LÕimminence dÕune dŽcompensation

Le rythme du suivi sera alors calquŽ sur la vitesse Žvolutive de la SLA.

Au cours dÕune brve hospitalisation, le bilan habituel comprend une Žvaluation clinique de la performance respiratoire diurne et nocturne et un bilan initial qui sera rŽŽvaluŽ.

                  Comporte une phase purement clinique

Le bilan paraclinique comprend au minimum la mesure de la CV, du GDS et une oxymŽtrie nocturne. Il peut comporter la mesure des pressions inspiratoires (PiMax), de la force de reniflement (SNIP) et le dŽbit expiratoire de toux.

LÕinterrogatoire recherchera des

á     Signes de gravitŽ immŽdiate, cŽphalŽes matinales, cauchemars, rŽveils brusques, cyanose/sueurs/tachypnŽe/bradypnŽe/tachycardie

á     Des signes dÕinsuffisance diaphragmatique : respiration paradoxale, pouls inspiratoire, orthopnŽe, un sniff test diminuŽ

á     Des signes dÕinsuffisance muscles expiratoires, toux, encombrement laryngŽ

LÕexamen clinique respiratoire est beaucoup plus fiable pour apprŽcier lÕexistence dÕun pouls inspiratoire, la force de la toux et la variation de la mŽcanique ventilatoire lors du passage en dŽcubitus.

6.8.3. MESURE DE LA CVL

Elle est rŽalisŽe sur un patient en position: assise et couchŽe. LÕinterphase est constituŽe par un embout simple, avec adaptateur buccal, au mieux par un masque. Elle nŽcessite de la part de lՎquipe soignante, pneumologue, neurologue, infirmire, kinŽsithŽrapeute, une phase dÕentrainement pour optimiser la fiabilitŽ de la mesure

6.8.4.  OXYMETRIE NOCTURNE

CÕest une technique dՎvaluation de plus en plus utilisŽe. Elle explore une pŽriode de vulnŽrabilitŽ respiratoire plus importante en raison du risque dÕapnŽes (obstacle ou centrales et de la dŽfaillance des muscles respiratoires accessoires lors du sommeil paradoxal.

Les valeurs seuils encore mal dŽfinies. La valeur prŽdictive du dŽcs reste assez difficile ˆ Žvaluer actuellement, en particulier la pertinence des valeurs, la mŽdiane?, la SpO2 minimale?, la notion de dŽsaturation prolongŽe?, le pourcentage de temps passŽ en dessous de 90%? 88%?

6.8.5. VENTILATION ASSISTEE non invasive (VNI)

Le contexte

Elle est amenŽe une transformation considŽrable des pratiques en permettant ˆ la fois une amŽlioration de la qualitŽ et de la quantitŽ de vie, du sommeil et des performances cognitive. CÕest un des seuls moments de la maladie ou on peut observer une pause, voire une amŽlioration.

Les indications

Sympt™mes pouvant tre liŽs ˆ lÕhypoventilation alvŽolaire diurne ou nocturne associŽs ˆ des critres objectifs, comme :

á      PaCO2 > 45 mm Hg,

á      CVF < 50% de la valeur thŽorique,

á      SpO2 < 90% pendant plus de 5 % du temps dÕenregistrement nocturne,

á      PImax et SNIP < 60% de la valeur prŽdite

á      Suite de dŽcompensations aigu‘s

ModalitŽs

á      Mode volumŽtrique ou baromŽtrique

á      Deuxime ventilateur si dŽpendance > 12H/24

á      Interface adaptŽe, voire plusieurs

á      CPAP non recommandŽe

Les problmes non rŽsolus

á      Quand ?

á      SupplŽance ou substitution totale de la fonction respiratoire ?

á      Comment gŽrer la phase dՎchappement (domicile, urgencesÉ) ?

á      La dŽcision de pratiquer une trachŽotomie

6.8.6. La trachŽotomie

Elle fait souvent suite ˆ une dŽcompensation aigu‘ chez un patient insevrable. Elle concerne une grande proportion des malades. Elle peut prolonger la survie de plusieurs annŽes chez certains malades. Elle permet le contr™le des fausses routes et les aspirations trachŽales. A lÕopposŽ, elle rŽduit la facultŽ de communiquer du patient et impacte nettement sa qualitŽ de vie.

Elle est souvent une difficultŽ supplŽmentaire rendant le de maintien ˆ domicile difficile et sous-entend une implication forte de lÕentourage.

6.8.7. En pratiqueÉ

Surveiller et pallier la dŽficience respiratoire est un objectif incontournable au cours de la SLA.

La possibilitŽ de contr™ler la dŽfaillance diaphragmatique dans les annŽes ˆ venir devrait constituer un progrs majeur de la prise en charge de la maladie par la combinaison de la VNI intermittente, de la stimulation Žlectrique du diaphragme et, peut-tre, par lÕutilisation de facteurs de croissance ˆ tropisme diaphragmatique

7.  CONCLUSION

Une hŽtŽrogŽnŽitŽ clinique de la maladie souvent mŽconnue

LÕimportance dans la flexibilitŽ de la prise en charge clinique et psychologique

La prŽdictibilitŽ trs imparfaite, y compris sur le plan respiratoire

La nŽcessitŽ dÕoptimiser lÕaccompagnement des patients par une meilleure approximation du pronostic fonctionnel et vital.

Un seul mŽdicament, le Rilutekª (50 mg matin et soir) amŽliore le pronostic, prolonge phase dÕautonomie

Le changement de paradigme, le passage dÕune maladie mortelle ˆ une maladie chronique

 

 

 

 

8.  Critres diagnostiques de la SLA (critres rŽvisŽs El Escorial)

SLA certaine

Signes d'atteinte du NMC et du MNP dans la rŽgion bulbaire et dans 2 rŽgions spinales

SLA probable

Signes d'atteinte du MNC et du NMP dans au moins 2 territoires

SLA probable sur critres paracliniques

Signes d'atteinte du NMC dans au moins 1 territoire et atteinte du MNP visible ˆ l'EMG dans au moins 2 territoires

SLA possible

Signes d'atteinte du NMC et du MNP dans un seul territoire,

Ou signes d'atteinte du NMC dans au moins 2 territoires,

Ou signes d'atteinte du MNP dans 1 territoire et signes d'atteinte du NMC dans les territoires sous-jacents

 

NMC = neurone moteur central ; MNP = motoneurone pŽriphŽrique ; EMG = Žlectromyogramme