E.P.U. 95
Formation mdicale continue du Val d'Oise
ASSOCIATION
D'ENSEIGNEMENT MEDICAL POST UNIVERSITAIRE
DE LA REGION DE MONTMORENCY
Secrtariat : 38, Rue Henri Dunant
95580 Margency - tl. 01 34 16 49
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Expert : Docteur Marc Ziegler, neurologue lÕhpital Lopold Bellan
Maladie chronique qui ncessite pour un sujet donn plusieurs consultations espaces pour pouvoir avoir une vision dynamique de la maladie et Į faire le tour du patient Č.
I - Epidmiologie
On parle de 100 000 patients en France atteint de maladie de Parkinson, nombre trs hypothtique car le dcompte des patients prenant de la L-dopa nÕest pas contrl par la Scurit Sociale.
Elle commence vers 60 ans. On parle de maladie dbut prcoce, si elle dbute avant 40 ans (15 % des cas).
Son origine est inconnue : ni toxique, ni virale, ni familiale, É . Dans 10 % des cas, on retrouve un cas familial plus ou moins loign. Mais les tudes gntiques nÕont pas permis ce jour de dcouvrir une anomalie commune. Aux USA, Duvoisin a tudi 70 paires de jumeaux dont au moins 1 de la paire est atteint de la maladie. Parmi elles, seulement 2 jumeaux sont concordants. Vu la frquence de la maladie, cela ressort plus du hasard que dÕune influence gntique.
Donc maladie dÕorigine inconnue, elle touche le monde entier, avec la mme prvalence, quel que soit le sexe, la race ou le continent. Il nÕy a pas de foyer o la maladie serait plus frquente ou au contraire absente (comme pour la sclrose en plaque qui est absente au Japon).
La frquence est constante. Etudie sur un sicle Rochester aux USA, la prvalence de la maladie nÕa pas augmente, alors quÕil sÕagit dÕune des villes les plus pollues des USA (usine 3M).
II – Neuropathologie de la Maladie de Parkinson
II.1 - La lsion principale sige au niveau du Locus Niger, situ la partie haute du tronc crbral, l o les neurones dopaminergiques dgnrent pour une raison inconnue entranant une dpopulation neuronale progressive.
Dans les cellules neuronales dopaminergiques altres, on retrouve des corps de Lewy qui sont des inclusions osinophiles intra-cytoplasmiques. Leur prsence signe la Maladie de Parkinson qui a donc une traduction anatomo-pathologique.
Ces corps de Lewy peuvent tre retrouvs en dÕautres endroits parce que la maladie de Parkinson nÕest pas limite la seule atteinte du Locus Niger.
Dans les autres syndromes parkinsoniens, les corps de Lewy sont absents.
Le traitement de cette maladie repose sur une dduction logique de ces donnes anatomopathologiques :
Les cellules dopaminergiues du Locus Niger envoient des axones de ramification au niveau du Striatum, comprenant chez lÕhomme le Noyau Caud et le Putamen (deux structures diffrentes mais de mme histologie et de mme origine embryologique). La dopamine est secrte ici au niveau de ces terminaisons. De ces deux structures partent des cellules neuronales qui rejoignent le Locus Niger formant ainsi une boucle. Le primum movens de la maladie se situe donc au niveau du Locus Niger (dpopulation neuronale), mais le dsordre moteur prend sa naissance au niveau du Noyau Caud et du Putamen quand la production de la dopamine du Striatum est diminu de 50 % concidant avec lÕapparition des premiers signes cliniques de la maladie.
Quand les signes de la maladie apparaissent, la maladie est dj installe depuis environ une dizaine dÕannes et elle se rvle lÕoccasion dÕune intervention, dÕun stress, dÕun accident, É ou rien. Charcot dcrit bien le rle du stress dans son livre : une femme commence trembler en voyant le cheval de son mari gendarme revenir seul la maison sans son cavalier, un jour de manifestation dÕouvriers ; elle le croit bless. Le tremblement ne lÕa plus quitt.
La base du traitement est la L-dopa qui vient restaurer la dopamine des corps stris et les agonistes dopaminergiques qui viennent agir directement sur les rcepteurs dopaminergiques.
A lÕinverse, les neuroleptiques viennent bloquer les rcepteurs dopaminergiques et provoquent de Į fausses maladie de Parkinson Č sÕy mprendre cliniquement.
II.2 - Il y a dÕautres lsions dans la maladie de Parkinson que celle du Locus Niger.
- LÕatteinte du locus cžruleus du tronc crbral (neurones adrnergiques) est responsable des troubles de la rgulation de la tension artrielle.
- Celle du noyau dorsal du vague est responsable des troubles moteurs Īsophagiens et de la salivation.
- Les noyaux de lÕhypothalamus sont galement concerns : perte de poids importante (10 kg) au dbut de la maladie et reprise de poids avec le traitement.
- Le noyau tegmento-pdonculo-pontin peuvent expliquer les troubles posturaux (plus tardifs).
- La voie mso-cortico-limbique qui est dopaminergique pourrait expliquer une partie des troubles cognitifs et les hallucinations visuelles.
- les ganglions sympathiques priphriques interviendraient dans lÕhypotension orthostatique, la sudation, les phnomnes vaso-moteurs (mains froides, Īdme de la cheville).
LÕatteinte de ces structures claire un peu la progression de la maladie de Parkinson, variable dÕun patient lÕautre. Il ne sÕagit pas simplement dÕune aggravation des signes de dbut, mais la maladie sÕenrichit de signes ou de symptmes au fur et mesures de lÕvolution (instabilit posturale, chutes, hypotension, troubles cognitifsÉ) alors mme que le tremblement du dbut a pu sÕattnuer ou disparatre des annes (Trivastal ¨). Ceci sÕexplique par une diffusion progressive des lsions qui sÕexprimeront cliniquement au fur et mesure de lÕvolution.
Dans toutes ces structures on peut retrouver des corps de Lewy mais un degr moindre que dans le locus niger.
III – LES SIGNES DE DEBUT DE LA MALADIE DE PARKINSON
III.1 - Les signes de dbut les plus frquemment rencontrs. Le recueil des signes de dbut de 104 patients (15 jours de consultations uniquement consacres cette maladie) a montr que le dbut de la maladie a dbut par :
Un tremblement de repos (1/3 des patients) il est rgulier 3 6 cycle par secondes, en rgle unilatral, et au repos, diffrencier du tremblement dÕattitude (bras tendu) qui est rapide, fin, irrgulier ou du tremblement interne (vibrations internes) qui peut tre retrouv chez certains patients (rare).
Une micrographie dans 15%. La micrographie est facile explorer en faisant crire toujours la mme phrase lÕune en dessous de lÕautre, 5 6 fois de suite, sans parler, sans sÕarrter et sans trop bien faire. LÕcriture se rduit de ligne en ligne (comme une batterie qui se vide) avec diminution du jambage et de lÕamplitude de la ligne. Son existence permet dÕvoquer un syndrome parkinsonien. Cette micrographie progressive est diffrencier du trouble de lÕcriture lie un tremblement dÕattitude, et du tremblement essentiel qui rend lÕcriture irrgulire mais pas plus petite.
Une perte du ballant dÕun bras, lenteur des gestes, douleur dÕun bras,
Une dpression, un trouble de la marche, une gne ou raideur dÕun bras, une maladresse ou engourdissement dÕun bras peuvent galement tre le premier signe remarqu par le patient.
Certains signes sont plus rares et doivent alerter : les chutes, les troubles de lÕquilibre, les troubles de la parole (1 %), fatigue gnrale.
III.2 – Les
Į drapeaux rouges Č ou signes dÕalerte suggrant un syndrome
parkinsonien, diffrent de la maladie de Parkinson idiopathique (MPI)
La mise en vidence de syndromes parkinsoniens qui sont de Į fausses maladies de Parkinson Č et qui voluent plus vite, impose une remise en cause dÕun certain nombre de diagnostics de maladie de parkinson aprs 2 3 ans de suivi (parfois plus : 10 ans), remise en cause en interne (entre mdecins) mais aussi en externe, car il faut le dire au patient.
Les principaux signes dÕalerte sont :
- La rponse faible ou transitoire la L-dopa. Avant de lÕaffirmer il faut se poser les questions : la dose est-elle bonne ?, un pansement gastrique nÕempche t-il pas la L-dopa dÕtre absorbe ?. Ce nÕest pas toujours simple et il faut parfois 1 an avant de pouvoir dire quÕil nÕy a pas de rponse la L-dopa ; et chaque fois il faut faire un score UPDRS ou sÕaider dÕvaluation qui permettent de suivre lÕvolution des signes (criture).
- LÕinstabilit ou chutes prcoces. Un patient qui commence par des chutes, cela sent Į le roussi Č sauf chez le patient g qui peut dbuter un Parkinson par des chutes. Un sujet de 50, 60 ou 70 ans qui commence une affection par des chutes, ce nÕest pas -a priori- une MPI.
La progression rapide du syndrome parkinsonien. Ce nÕest pas toujours vident et l, il faut sÕaider dÕabaque et de lÕexprience pour juger de cette progressivit.
Les dyskinsies sous L-dopa normalement absentes ou atypiques. Mais il y a des patients atteints de MPI qui ne prsentent pas de dyskinsies.
Le syndrome parkinsonien des membres infrieurs. Certains patients ont un trouble de la marche et de lÕquilibre, ils parlent normalement et nÕont pas dÕamimie ni de micrographie (les parkinsons Į du bas Č). Il sÕagit dÕune entit particulire chez des patients akinto-hypertoniques et chez lesquels il existe souvent un lment vasculaire dans leur histoire.
LÕexistence de signes
pyramidaux, ou de signes crbelleux,
La dmence prcoce. Un patient parkinsonien peut devenir dment aprs 20 ans de maladie (15 % des cas). Mais un patient qui commence des signes moteurs en mme temps que les troubles cognitifs nÕa pas une MPI.
La paralysie de la verticalit du regard voque une paralysie supra nuclaire progressive (PSP).
Des extrmits froides et cyanoses rcentes sont trs vocatrices de Multy System Atrophy (M.S.A)
Des contractures, torticolis chez des patients penchs en avant dont on ne voit jamais le visage : MSA.
Une dysphonie, dysarthrie ou dysphagie svre. Un patient ayant un trouble svre de la parole au bout de 2 ans de Parkinson, ce nÕest pas un Parkinson : PSP.
Le soupir inspiratoire. Un patient qui soupire en consultation voque soit lÕennuie soit une M.S.A.
Palilalie : PSP
Grognement : MSA
Stridor laryng : MSA
Tremblement atypique,
myoclonies,
signe du fauteuil roulant (patient qui arrive en fauteuil roulant parce quÕil tombe).
III.3 – A quoi
correspondent ces syndromes parkinsoniens ?
15 20 % de lÕensemble des syndromes parkinsoniens sont des fausses Maladies de Parkinson. Parmi ce faible pourcentage, on peut les classer en :
Syndrome iatrognique sous neuroleptiques = sous Siblium ¨ pour des vertiges, sous Thralne ¨ pris de longue date pour dormir au point que le patient oublie dÕen parler, Noctran ¨, Primpran ¨, Agral ¨, mais aussi des produits comme lÕAmlor ¨, Deroxat ¨, Dpakine ¨, É Il faut faire un inventaire prcis des mdicaments utiliss. Si le syndrome nÕvolue pas, au bout dÕun 2 ans, il sÕagit dÕun lment qui doit faire suspecter cette tiologie (dÕautant que le patient a pu prendre pendant cette priode de la L-dopa et un neuroleptique). Un moyen de dtecter lÕusage de prise neuroleptique (qui bloque les rcepteurs dopaminergiques des cellules Prolactine) consiste faire un dosage de la prolactine jeun. Le blocage des rcepteurs de la prolactine entrane une augmentation importante de la prolactinmie.
Paralysie supranuclaire progressive (P.S.P.) ou maladie de Steele Ridcharson. CÕest un syndrome parkinsonien akinto-hypertonique sans tremblement avec une dysarthrie importante et une hypertonie en extension. Ces patients se tiennent en arrire et ont un regard comme Į tonn Č. LÕvolution est svre vers lÕtat grabataire en 5 6 ans et la L-dopa nÕagit pas ou peu. Ce tableau peut survenir partir de 50 ans et jusquÕ un ge avanc .
La M.S.A. (Multy System Atrophy), nom propos par les Anglais, est un syndrome parkinsonien galement sans tremblement avec une grande dysautonomie mais plutt pench en avant avec un dbut vers 50 – 60 ans rarement plus tard. La M.S.A. est difficile traiter : la mise sous L-dopa entrane une hypotension, É En 3 5 ans les patients sont dans une situation trs proccupante de perte dÕautonomie. Elle regroupe trois identits :
- Le syndrome de Shy Drager avec hypotension majeure, impuissance, anhydrose, tr. Sphinctriens,
- La dgnescence striato-nigrique ou D.S.N., grand syndrome extra pyramidal akineto-hypertonique, touchant plutt la femme et avec un antecolis (visage parallle au sol)
- LÕatrophie olivo-ponto-crebelleuse associant un syndrome parkinsonien et un syndrome crbelleux.
La maladie des corps de Lewy diffus. Il sÕagit l dÕun syndrome plus rcemment isol associant un syndrome parkinsonien, une confusion et des hallucinations visuelles prcoces, puis une dtrioration. On dit mme que les maladies dÕAlzheimer avec syndrome extra pyramidal sont en fait des maladies des corps de Lwy. Il y en aurait beaucoup et plus quÕon ne le pense. Ce sont ces patients parkinsoniens qui paraissent bien gentils au dbut et qui au bout de 2 ou 3 ans hallucinent et deviennent invivables. Ces troubles psychiques (confusion) sont trs fluctuants dans une mme journe.
Le diagnostic de ces syndromes parkinsoniens doit tre fait le plus tt possible, non pas pour proposer des traitements trs diffrents car le traitement est base de L.dopa doses prudentes, mais pour modifier sa prise en charge et en avertir la famille. Le discours avec ces patients et lÕapproche mdicale ne doivent pas tre les mmes que pour la maladie de Parkinson idiopathique car le traitement risque de moins bien marcher, et le pronostic fonctionnel est beaucoup plus sombre.
IV – LÕVOLUTION DE LA MALADIE DE PARKINSON
Elle volue de faon linaire selon le schma de Di Rocco qui a tudi 300 patients sur 14 ans en fonction du stade de Hoehn et Yahr et de la dure dÕvolution :
Stade
5 x
x
4
x
Schma de Di Rocco
3 x
x
2
x
1 x
x
annes
2 4 6 8 10 12 14
Stade 1 – Atteinte unilatrale
Stade 2 – atteinte bilatrale ou axiale
Stade 3 – altration de lÕquilibre au
changement de direction, mais peut encore travailler
Stade 4 – Incapacit svre : peut
marcher mais avec une grande difficult
Stade 5 – patient grabataire
LÕvolution la plus habituelle est la suivante :
La lune de miel , les 6 premires annes (stade 1-3), ensuite, cela sÕassombrit
Et aprs 10 12 ans, la situation devient difficile. Les gros problmes surviennent souvent aprs 12 ans (troubles psychiques, dformations articulaires).
La maladie sÕest enrichie au fil du temps, et cela de faon trs linaire, ce qui permet dÕavoir la pente en fonction du moment o on voit le patient pour la 1Ą fois et la date des premiers signes cliniques de la maladie :
- Ainsi un patient au stade 3 au bout de 6 ans se situe dans une volution Į moyenne Č.
- Par contre une maladie au stade 4 au bout de 3 ans, a une volution svre, il peut sÕagir dÕun syndrome parkinsonien.
- Une maladie au stade 2 et qui volue depuis 10 ans, cÕest une maladie sage Į peu volutive Č, bnigne.
Que deviennent les patients les 5 premires annes de traitement par la L.Dopa ?
- un tiers des patients sont mieux quÕavant le dbut du traitement et bnficient encore de la lune de miel
- un tiers sont revenus lÕtat initial
- et un tiers vont moins bien
- et 15 % nÕont pas ou mal rpondu au traitement. Cette tude date de 1980, mais elle avait dj localise les fausses maladies de Parkinson qui correspondent environ ce pourcentage de 15 %.
Une tude anglaise post mortem, faite en 1997, a montr que les neurologues se trompaient dans prs dÕ1/4 des cas : sur 100 cerveaux de patients tiquets Parkinson, il y avait 24 de Į faux Parkinson Č.
V – LE TRAITEMENT INITIAL
Le traitement initial va dpendre de lÕge du patient
V.1 – Chez le patient de moins de 70 ans, il parat raisonnable de commencer par un traitement Į anti parkinsonien mineur Č :
A - Le dprnyl ¨ serait un neuro protecteur, il est essayer chez le patient jeune et peu gn par la maladie, ce qui permet de voir lÕvolution naturelle de la maladie au dbut, mais aussi dÕobtenir une stabilisation ou une amlioration pendant une priode de quelques mois parfois de 1 an ou plus (MPI peu volutive).
Lorsque le Dprnyl est insuffisant et si la gne est encore modre, on peut ajouter du Mantadix
- Ce traitement ne fait rien chez un patient sur deux. Il est alors arrt au bout dÕun mois.
- Mais quand il marche, cÕest parfois spectaculaire.
B - SÕil nÕy a pas de rsultats, on doit avoir recours aux agonistes dopaminergiques parmi lesquels en premire intention :
Le Parlodel ¨, surtout chez les patients akineto-hypertoniques
Le Requid ¨ qui pose un problme de somnolence aprs les prises (attention chez les patients qui conduisent et sont actifs),
La Dopergine nÕa pas lÕAMM en 1Ą intention, le Clance non plus,
Le Trivastal ¨, chez les patients qui ont un tremblement ou une forme complte.
Les effets secondaires des agonistes sont similaires : nauses au dbut du traitement et hypotension artrielle chez certains patients. Les nauses sont bien contrles par le Motilium ¨ (neuroleptique a action uniquement priphrique) qui a galement une action sur lÕhypo TA par son action antagoniste de lÕaction hypotensive dopaminergique. Si un agoniste nÕest pas bien support, un autre peut tre essay, mais pas plus. En cas dÕintolrance des agonistes, il faut passer la L-dopa.
LÕaction des agonistes est moins spectaculaire quÕavec la L-dopa, ils sont moins bien tolrs au dbut et leur effet sÕpuise plus rapidement que celui de la L-dopa. Aprs 2 ou 3 ans, il faut souvent adjoindre lÕagoniste de la dopa petites doses (Modopar ¨ 62,5 mg ou Sinemet ¨ 100 en 1/2 cp) doses progressives (150 – 200 – 250 – 300 mg) avec des paliers de 2 mois. Le patient se retrouve en priode de lune de miel avec une association prcoce agoniste + L-dopa. Au cours de lÕvolution, on va jouer soit sur lÕagoniste soit sur la dopa pour augmenter les doses en sachant quÕil ne faut pas augmenter les doses trop fortement dÕagoniste cause des effets secondaires, la dopa ayant le meilleur index efficacit / tolrance.
V.2 – Chez le patient plus g (aprs 70 ans)
Le traitement est ici plus simple, car on donne la dopa dÕemble, car les anti-parkinsoniens mineurs sont moins bien tolrs cet ge notamment le Mantadix limin par voie urinaire en cas dÕinsuffisance rnale latente. On prive les patients jeunes de la dopa au dbut de la maladie pour tenter de retarder les complications volutives. Chez le sujet g cette attitude a moins dÕintrt.
On utilise dÕemble de petites doses de dopa (150 – 200 –300 mgr). Chaque patient a sa dose qui doit tre trouv par ttonnement.
Dans tous les cas, le but du traitement est dÕapporter Į le meilleur confort, le plus longtemps possible Č en recherchant en permanence la dose minimale efficace. Il faut obtenir un certain confort et garder des rserves pour lÕavenir.
V.3 – Les fluctuations dÕefficacit de la dopa
Que va t-il se passer aprs la lune de miel qui dure 5 ans ou 8 ans, (le patient pouvant tre sous dopa ou dopa + agoniste) ?
V.3.1 – La L.Dopa continue bien agir mais chaque prise agit moins longtemps
Alors que pendant la lune de miel avec 3 prises par jour le contrle des symptmes tait satisfaisant, ceux-ci rapparaissent en fin dÕaction de la prise : en fin de matine, ou dÕaprs-midi et en fin de nuit (difficult pour se retourner ou se lever). Cette moindre efficacit dans le temps va sÕinstaller progressivement mais parfois en quelques mois, obligeant augmenter le nombre des prises.
Ces fluctuations se retrouvent :
Dans 12 % des cas aprs 3 ans de traitement
Dans 34 % des cas aprs 5 ans de traitement
Dans 69 % des cas aprs 8 ans de traitement
Dans la plupart des cas, il sÕagit de fluctuations de fin de doses qui, suivant les patients, sont soit lgres, soit modres, soit svres.
Mais dans 15 % des cas, elles voluent vers une situation caricaturale dit effet Į 0N – 0FF Č : quand le patient est en phase ON, il va trs bien ; et quand il est en phase OFF, il devient un grand malade akineto-hypertonique, avec marche impossible ainsi que toute mobilisation, il est comme Į ptrifi Č.
Ces fluctuations surviennent par la perte de la capacit des neurones dopaminergiques stocker la dopamine. Ds que lÕapport de dopa sÕarrte (dopa plasmatique), lÕakinsie rapparat par arrt de libration de dopamine synaptique. Ces fluctuations se voient surtout chez des sujets dont la maladie a dbut jeune avant ou vers 50 ans. Chez les sujets dont la maladie dbute plus tard, lÕvolution sera plutt marque par un dclin dÕefficacit du traitement ou des troubles psychiques.
Ces fluctuations dÕefficacit se quantifient sur des journaux de surveillance quÕon remet au patient o il note la priode o il va bien (priode ON) et la priode de blocage moteur (priode OFF). Les priodes OFF se situent plutt dans lÕaprs-midi, due un dfaut dÕabsorption de la prise de midi.
V.3.2 – Le phnomne ON - OFF
Les fluctuations de type ON – OFF sont variables dÕun jour lÕautre, mais vont progresser et se compliquer pour aboutir un schma nycthmral assez voisin de celui-ci :
- Au rveil le patient prsente une priode de blocage, il ne peut bouger, ni mettre un pied devant lÕautre, ni boire, il est ptrifi avec parfois des douleurs lies aux contractures.
- Le traitement commence agir 1/2 heure aprs la 1Ą prise de dopa pour arriver une bonne priode dÕefficacit, relay par la 2Ą prise avec le maintien de lÕefficacit (priode ON).
- Il prend la 3Ą prise qui nÕagit pas, avec pendant cette priode une hypertonie et un tremblement (priode OFF). LÕeffet bnfique de la 3Ą prise ne survient que 2 heures plus tard et agit peu.
- Il prend une autre prise au milieu de lÕaprs-midi qui nÕagit pas pendant un certain temps et puis une amlioration se dessinera dans la soire
Ces patients sont difficiles traiter, car manifestement les prises sont mal absorbes et nÕagissent pas comme elles le devraient. LÕaprs-midi (entre 15h et 17 h) est en gnral le mauvais moment de la journe, puis il va mieux le soir. Cela est du des phnomnes de pharmacocintique mais aussi des phnomnes de rcepteurs dopaminergiques moins sensibles dans lÕaprs-midi que dans le reste de la journe.
Ces fluctuations dÕefficacit, sÕexpliquent par les taux plasmatiques de L.dopa, tels quÕon les voit sur le tableau ci-dessous, aprs une prise de mdicament : Concentration maximale 1/2 h aprs la prise o des dyskinsies peuvent apparatre, puis amlioration clinique (ON) et enfin akinsie de fin de dose (OFF) parce qu il nÕy a plus assez de dopa sanguine.
3 000 |
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||
Mvts anormaux |
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2 000 |
|
||
Taux efficace |
|
||
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8 h 9 h 10 h
11 h 12 h |
Si on augmente la dose de L.Dopa par prise, on augmente la pointe du triangle et lÕon va renforcer les dyskinsies qui un certain seuil deviennent intolrables pour le patient. Par ailleurs, il y a certainement un phnomne de rtrocontrle inhibiteur, cÕest--dire plus on augmente la dose et plus le blocage (OFF) qui suit va tre fort. Il faut apporter la bonne dose au bon moment. Si les prises sont trop rapproches, elles se gnent lÕune lÕautre et elles ne sont plus absorbes. Cela est complexe et lÕtablissement de la courbe de L.Dopa plasmatique (pratique Lopold Bellan) est une aide dans la comprhension de ce qui se passe pour un patient donn :
- La 3Ą prise est souvent mal absorbe ; lÕutilisation de Modopar dispersible buvable (forme liquide) donne parfois ici dÕassez bons rsultats.
- Dans dÕautre cas, il faut renforcer lÕagoniste.
- Ailleurs, lÕinstauration dÕun rgime pauvre en protine au repas de midi permet une amlioration, parce que lÕabsorption des protines animales se trouve en comptition avec celle de la dopa qui est aussi un acide amin. Ainsi la rduction des protines animales est parfois bnfique.
- Le stress peut tre un lment de dfaut dÕabsorption.
- Chez le patient gastrectomis, lÕabsorption de la dopa va tre rapide et brve, car absorbe au niveau du duodnum elle nÕest plus libre progressivement par lÕestomac.
Les phnomnes ON – OFF tant difficiles grer, ils sont du ressort du spcialiste. En cas de blocage, lÕinjection dÕapomorphine (Apokinon ¨ en S.C. lÕaide dÕun stylo-injecteur) que le patient se fait lui-mme, permet un dblocage dans les dix minutes pendant 45 minutes parfois plus.
Le Comtan ¨ (inhibiteur de la COMT), associ la dopa chaque prise, augmente la demi-vie de la dopa mais son action reste cliniquement trs modre.
VI – LES INDICATIONS CHIRURGICALES
VI.1 - Les techniques
chirurgicales
La thalamotomie marchait bien, mais uniquement dans les formes tremblantes unilatrales.
Le grand progrs est la stimulation intra-crbrale chronique qui consiste implanter une lectrode avec 4 plots terminaux par chirurgie strotaxique :
- au niveau du thalamus pour amliorer un tremblement du ct oppos,
- au niveau du pallidum pour amliorer les dyskinsies cres par le traitement,
- au niveau du noyau sous thalamique pour les blocages de type ON – OFF et les dyskinsies.
Il y a donc trois cibles possibles qui donnent lieu des discussions thrapeutiques pour savoir dans quel noyau implanter lÕlectrode. Pour le thalamus lÕintervention est plus simple et avec moins de complication, pour le pallidum cÕest un peu plus difficile, pour le noyau sous thalamique cÕest nettement plus difficile car ce noyau est plus petit et plus profond et il y a des checs. La stimulation haute frquence de lÕlectrode vient Į brouiller Č le message nerveux ce qui donne un effet identique celui quÕentranerait une lsion.
Les indications lÕintervention du noyau sous thalamique concernent essentiellement les patients jeunes au stade Į ON – OFF Č et cette intervention leur change la vie. Ils reprennent du poids, de lÕautonomie, ils passent de meilleures nuits, leur vie est change. Cette intervention peut provoquer cependant quelques troubles psychologiques. Il y a 3 5 % de complications graves (hmorragie crbrale, infection crbrale, dplacement de lÕlectrode ...)
VI.2 - Les Indications
Il faut quÕil sÕagisse dÕune maladie de Parkinson idiopathique. Jamais un syndrome parkinsonien.
Il faut quÕil y ait une bonne rponse la dopa. Il faut que le score moteur sÕamliore de 50 % une heure aprs la prise de dopa. LÕintervention ne fera pas mieux que la dopa, donc si la dopa a perdu de son efficacit, ce nÕest pas une bonne indication.
Les signes parkinsoniens peuvent tre svres. LÕakinsie svre en priode OFF nÕest pas un critre dÕexclusion.
Il faut un chec de toutes les stratgies mdicamenteuses.
Il faut une absence de dmence, de dpression, dÕhallucinations et de dlires
Il faut un bon tat gnral, une bonne coopration.
LÕintervention a peu dÕeffet sur les troubles de la parole, les troubles de lÕquilibre, le pitinement, les chutes, troubles qui apparaissent au cours dÕune maladie volue. Il faut donc oprer le patient ni trop tt ni trop tard.
Il y a une opportunit cependant, si on montre que les chutes, le pitinement et les troubles posturaux sont amliors par la dopa ; alors le patient peut tre candidat la chirurgie.
VI.3 – Les exclusions
LÕangor instable, cancer
Un traitement anticoagulant
Une immuno-suppression
Une anomalie lÕIRM (lacunes, atrophie crbraleÉ)
Un traitement la L-dopa dose insuffisante (infrieur 800 mg/j)
VI.4 – Les complications
Il y a 3 5 % de complications qui sont rares mais graves en particulier :
Hmorragie intracrbrale
Infection
Etat confusionnel
Augmentation de la dysarthrie
Trouble du comportement
La limite dÕge pour ce type dÕintervention est en gnral de 70 ans. Mais des sujets de 75 ans avec une bonne fracheur physique ont t oprs. Pour le thalamus et pour un grand tremblement, il nÕest pas illogique dÕintervenir chez un sujet plus g car il sÕagit dÕune intervention plus facile de laquelle le patient peut tirer un grand bnfice et du confort.
Aprs lÕintervention, il faut
rgler lÕlectrode dÕune part (neurochirurgien) et le traitement mdical (neurologue)
dÕautre part.