E.P.U.  95

Formation mŽdicale continue du Val d'Oise

ASSOCIATION D'ENSEIGNEMENT  MEDICAL  POST  UNIVERSITAIRE

DE  LA  REGION  DE  MONTMORENCY

Sige social : Centre Hospitalier de Montmorency 1, Rue Jean Moulin  95160 Montmorency

SecrŽtariat : 38, Rue Henri Dunant 95580 Margency - tŽl.  01 34 16 49 30

 

Compte-rendu pŽdagogique de la sŽance du 5 avril 2001

 

Maladie de Parkinson

Expert : Docteur Marc Ziegler, neurologue ˆ lÕh™pital LŽopold Bellan

 

Maladie chronique qui nŽcessite pour un sujet donnŽ plusieurs consultations espacŽes pour pouvoir avoir une vision dynamique de la maladie et Į faire le tour du patient Č.

I - EpidŽmiologie

On parle de 100 000 patients en France atteint de maladie de Parkinson, nombre trs hypothŽtique car le dŽcompte des patients prenant de la L-dopa nÕest pas contr™lŽ par la SŽcuritŽ Sociale.

Elle commence vers 60 ans. On parle de maladie ˆ dŽbut prŽcoce, si elle dŽbute avant 40 ans (15 % des cas).

Son origine est inconnue : ni toxique, ni virale, ni familiale, É . Dans 10 % des cas, on retrouve un cas familial plus ou moins ŽloignŽ. Mais les Žtudes gŽnŽtiques nÕont pas permis ˆ ce jour de dŽcouvrir une anomalie commune. Aux USA, Duvoisin a ŽtudiŽ 70 paires de jumeaux dont au moins 1 de la paire est atteint de la maladie. Parmi elles, seulement 2 jumeaux sont concordants. Vu la frŽquence de la maladie, cela ressort plus du hasard que dÕune influence gŽnŽtique.

Donc maladie dÕorigine inconnue, elle touche le monde entier, avec la mme prŽvalence, quel que soit le sexe, la race ou le continent. Il nÕy a pas de foyer o la maladie serait plus frŽquente ou au contraire absente (comme pour la sclŽrose en plaque qui est absente au Japon).

La frŽquence est constante. EtudiŽe sur un sicle ˆ Rochester aux USA, la prŽvalence de la maladie nÕa pas augmentŽe, alors quÕil sÕagit dÕune des villes les plus polluŽes des USA (usine 3M).

II – Neuropathologie de la Maladie de Parkinson

II.1 - La lŽsion principale sige au niveau du Locus Niger, situŽ ˆ la partie haute du tronc cŽrŽbral, lˆ o les neurones dopaminergiques dŽgŽnrent pour une raison inconnue entra”nant une dŽpopulation neuronale progressive.

Dans les cellules neuronales dopaminergiques altŽrŽes, on retrouve des corps de Lewy qui sont des inclusions Žosinophiles intra-cytoplasmiques. Leur prŽsence signe la Maladie de Parkinson qui a donc une traduction anatomo-pathologique.

Ces corps de Lewy peuvent tre retrouvŽs en dÕautres endroits parce que la maladie de Parkinson nÕest pas limitŽe ˆ la seule atteinte du Locus Niger.

Dans les autres syndromes parkinsoniens, les corps de Lewy  sont absents.

 

 

 

 

 

 

Le traitement de cette maladie repose sur une dŽduction logique de ces donnŽes anatomopathologiques :

Les cellules dopaminergiues du Locus Niger envoient des axones de ramification au niveau du Striatum, comprenant chez lÕhomme le Noyau CaudŽ et le Putamen (deux structures diffŽrentes mais de mme histologie et de mme origine embryologique). La dopamine est secrŽtŽe ici au niveau de ces terminaisons. De ces deux structures partent des cellules neuronales qui rejoignent le Locus Niger formant ainsi une boucle. Le primum movens de la maladie se situe donc au niveau du Locus Niger (dŽpopulation neuronale), mais le dŽsordre moteur prend sa naissance au niveau du Noyau CaudŽ et du Putamen quand la production de la dopamine du Striatum est diminuŽ de 50 % co•ncidant avec lÕapparition des premiers signes cliniques de la maladie. 

Quand les signes de la maladie apparaissent, la maladie est dŽjˆ installŽe depuis environ une dizaine dÕannŽes et elle se rŽvle ˆ lÕoccasion dÕune intervention, dÕun stress, dÕun accident, É ou rien. Charcot dŽcrit bien le r™le du stress dans son livre : une femme commence ˆ trembler en voyant le cheval de son mari gendarme revenir seul ˆ la maison sans son cavalier, un jour de manifestation dÕouvriers ; elle le croit blessŽ. Le tremblement ne lÕa plus quittŽ.

La base du traitement est la L-dopa qui vient restaurer la dopamine des corps striŽs et les agonistes dopaminergiques qui viennent agir directement sur les rŽcepteurs dopaminergiques.

A lÕinverse, les neuroleptiques viennent bloquer les rŽcepteurs dopaminergiques et provoquent de Į fausses maladie de Parkinson Č ˆ sÕy mŽprendre cliniquement.

II.2 - Il y a dÕautres lŽsions dans la maladie de Parkinson que celle du Locus Niger.

- LÕatteinte du locus cžruleus du tronc cŽrŽbral (neurones adrŽnergiques) est responsable des troubles de la rŽgulation de la tension artŽrielle.

- Celle du noyau dorsal du vague est responsable des troubles moteurs Īsophagiens et de la salivation.

- Les noyaux de lÕhypothalamus sont Žgalement concernŽs : perte de poids importante (10 kg) au dŽbut de la maladie et reprise de poids avec le traitement.

- Le noyau tegmento-pŽdonculo-pontin peuvent expliquer les troubles posturaux (plus tardifs).

- La voie mŽso-cortico-limbique qui est dopaminergique pourrait expliquer une partie des troubles cognitifs et les hallucinations visuelles.

- les ganglions sympathiques pŽriphŽriques interviendraient dans lÕhypotension orthostatique, la sudation, les phŽnomnes vaso-moteurs (mains froides, Īdme de la cheville).

LÕatteinte de ces structures Žclaire un peu la progression de la maladie de Parkinson, variable dÕun patient ˆ lÕautre. Il ne sÕagit pas simplement dÕune aggravation des signes de dŽbut, mais la maladie sÕenrichit  de signes ou de sympt™mes au fur et ˆ mesures de lՎvolution (instabilitŽ posturale, chutes, hypotension, troubles cognitifsÉ) alors mme que le tremblement du dŽbut a pu sÕattŽnuer ou dispara”tre des annŽes (Trivastal ¨). Ceci sÕexplique par une diffusion progressive des lŽsions qui sÕexprimeront cliniquement au fur et ˆ mesure de lՎvolution.

Dans toutes ces structures on peut retrouver des corps de Lewy mais ˆ un degrŽ moindre que dans le locus niger.

III – LES SIGNES DE DEBUT DE LA MALADIE DE PARKINSON

III.1 - Les signes de dŽbut les plus frŽquemment rencontrŽs. Le recueil des signes de dŽbut de 104 patients (15 jours de consultations uniquement consacrŽes ˆ cette maladie) a montrŽ que le dŽbut de la maladie a dŽbutŽ par :

Un tremblement de repos  (1/3 des patients) il est rŽgulier 3 ˆ 6 cycle par secondes, en rgle unilatŽral, et au repos, ˆ diffŽrencier du tremblement dÕattitude (bras tendu) qui est rapide, fin, irrŽgulier ou du tremblement interne (vibrations internes) qui peut tre retrouvŽ chez certains patients (rare).

Une micrographie dans 15%. La micrographie est facile ˆ explorer en faisant Žcrire toujours la mme phrase lÕune en dessous de lÕautre, 5 ˆ 6 fois de suite, sans parler, sans sÕarrter et sans trop bien faire. LՎcriture se rŽduit de ligne en ligne (comme une batterie qui se vide) avec diminution du jambage et de lÕamplitude de la ligne. Son existence permet dՎvoquer un syndrome parkinsonien. Cette micrographie progressive est ˆ diffŽrencier du trouble de lՎcriture liŽe ˆ un tremblement dÕattitude, et du tremblement essentiel qui rend lՎcriture irrŽguliŽre mais pas plus petite.

Une perte du ballant dÕun bras, lenteur des gestes, douleur dÕun bras,

Une dŽpression, un trouble de la marche, une gne ou raideur dÕun bras, une maladresse ou engourdissement dÕun bras peuvent Žgalement tre le premier signe remarquŽ par le patient.

Certains signes sont plus rares et doivent alerter : les chutes, les troubles de lՎquilibre, les troubles de la parole (1 %), fatigue gŽnŽrale.

III.2 – Les Į drapeaux rouges Č ou signes dÕalerte suggŽrant un syndrome parkinsonien, diffŽrent de la maladie de Parkinson idiopathique (MPI) 

La mise en Žvidence de syndromes parkinsoniens qui sont de Į fausses maladies de Parkinson Č et qui Žvoluent plus vite, impose une remise en cause dÕun certain nombre de diagnostics de maladie de parkinson aprs 2 ˆ 3 ans de suivi (parfois plus : 10 ans), remise en cause en interne (entre mŽdecins) mais aussi en externe, car il faut le dire au patient.

Les principaux signes dÕalerte sont :

- La rŽponse faible ou transitoire ˆ la L-dopa. Avant de lÕaffirmer il faut se poser les questions : la dose est-elle bonne ?, un pansement gastrique nÕempche t-il pas ˆ la L-dopa dՐtre absorbŽe ?. Ce nÕest pas toujours simple et il faut parfois 1 an avant de pouvoir dire quÕil nÕy a pas de rŽponse ˆ la L-dopa ; et ˆ chaque fois il faut faire un score UPDRS ou sÕaider dՎvaluation qui permettent de suivre lՎvolution des signes (Žcriture).

- LÕinstabilitŽ ou chutes prŽcoces. Un patient qui commence par des chutes, cela sent Į le roussi Č sauf chez le patient ‰gŽ qui peut dŽbuter un Parkinson par des chutes. Un sujet de 50, 60 ou 70 ans qui commence une affection par des chutes, ce nÕest pas -a priori- une MPI.

La progression rapide du syndrome parkinsonien. Ce nÕest pas toujours Žvident et lˆ, il faut sÕaider dÕabaque et de lÕexpŽrience pour juger de cette progressivitŽ.

Les dyskinŽsies sous L-dopa normalement absentes ou atypiques. Mais il y a des patients atteints de MPI qui ne prŽsentent pas de dyskinŽsies.

Le syndrome parkinsonien des membres infŽrieurs. Certains patients ont un trouble de la marche et de lՎquilibre, ils parlent normalement et nÕont pas dÕamimie ni de micrographie (les parkinsons Į du bas Č).  Il sÕagit dÕune entitŽ particulire chez des patients akinŽto-hypertoniques et chez lesquels il existe souvent un ŽlŽment vasculaire dans leur histoire.

LÕexistence de signes pyramidaux, ou de signes cŽrŽbelleux,

La dŽmence prŽcoce. Un patient parkinsonien peut devenir dŽment aprs 20 ans de maladie (15 % des cas). Mais un patient qui commence des signes moteurs en mme temps que les troubles cognitifs nÕa pas une MPI.

La paralysie de la verticalitŽ du regard Žvoque une paralysie supra nuclŽaire progressive (PSP).

Des extrŽmitŽs froides et cyanosŽes rŽcentes sont trs Žvocatrices de Multy System Atrophy (M.S.A)

Des contractures, torticolis chez des patients penchŽs en avant dont on ne voit jamais le visage : MSA.

Une dysphonie, dysarthrie ou dysphagie sŽvre. Un patient ayant un trouble sŽvre de la parole au bout de 2 ans de Parkinson, ce nÕest pas un Parkinson : PSP.

Le soupir inspiratoire.  Un patient qui soupire en consultation Žvoque soit lÕennuie soit une M.S.A.

Palilalie : PSP

Grognement : MSA

Stridor laryngŽ : MSA

Tremblement atypique,

myoclonies,

signe du fauteuil roulant (patient qui arrive en fauteuil roulant parce quÕil tombe).

III.3 – A quoi correspondent ces syndromes parkinsoniens ?

15 ˆ 20 % de lÕensemble des syndromes parkinsoniens sont des fausses Maladies de Parkinson. Parmi ce faible pourcentage, on peut les classer en :

Syndrome iatrogŽnique sous neuroleptiques = sous SibŽlium ¨ pour des vertiges, sous ThŽralne ¨ pris de longue date pour dormir au point que le patient oublie dÕen parler, Noctran ¨, PrimpŽran ¨, AgrŽal ¨, mais aussi des produits comme lÕAmlor ¨, Deroxat ¨, DŽpakine ¨, É Il faut faire un inventaire prŽcis des mŽdicaments utilisŽs. Si le syndrome nՎvolue pas, au bout dÕun ˆ 2 ans, il sÕagit dÕun ŽlŽment qui doit faire suspecter cette Žtiologie (dÕautant que le patient a pu prendre pendant cette pŽriode de la L-dopa et un neuroleptique). Un moyen de dŽtecter lÕusage de prise neuroleptique (qui bloque les rŽcepteurs dopaminergiques des cellules ˆ Prolactine) consiste ˆ faire un dosage de la prolactine ˆ jeun. Le blocage des rŽcepteurs de la prolactine entra”ne une augmentation importante de la prolactinŽmie.

Paralysie supranuclŽaire progressive (P.S.P.) ou maladie de Steele Ridcharson. CÕest un syndrome parkinsonien akinŽto-hypertonique sans tremblement avec une dysarthrie importante et une hypertonie en extension. Ces patients se tiennent en arrire et ont un regard comme Į ŽtonnŽ Č. LՎvolution est sŽvre vers lՎtat grabataire en 5 ˆ 6 ans et la L-dopa nÕagit pas ou peu. Ce tableau peut survenir ˆ partir de 50 ans et jusquՈ un ‰ge avancŽ .

La M.S.A. (Multy System Atrophy), nom proposŽ par les Anglais, est un syndrome parkinsonien Žgalement sans tremblement avec une grande dysautonomie mais plut™t penchŽ en avant avec un dŽbut vers 50 – 60 ans rarement plus tard. La M.S.A. est difficile ˆ traiter : la mise sous L-dopa entra”ne une hypotension, É En 3 ˆ 5 ans les patients sont dans une situation trs prŽoccupante de perte dÕautonomie. Elle regroupe trois identitŽs :

          - Le syndrome de Shy Drager avec hypotension majeure, impuissance, anhydrose, tr. SphinctŽriens,

          - La dŽgŽnescence striato-nigrique ou D.S.N., grand syndrome extra pyramidal akineto-hypertonique, touchant plut™t la femme et avec un antecolis (visage parallle au sol)

          - LÕatrophie olivo-ponto-cŽrebelleuse associant un syndrome parkinsonien et un syndrome cŽrŽbelleux.

La maladie des corps de Lewy diffus. Il sÕagit lˆ dÕun syndrome plus rŽcemment isolŽ associant un syndrome parkinsonien, une confusion et des hallucinations visuelles prŽcoces, puis une dŽtŽrioration. On dit mme que les maladies dÕAlzheimer avec syndrome extra pyramidal sont en fait des maladies des corps de LŽwy. Il y en aurait beaucoup et plus quÕon ne le pense. Ce sont ces patients parkinsoniens qui paraissent bien gentils au dŽbut et qui au bout de 2 ou 3 ans hallucinent et deviennent invivables. Ces troubles psychiques (confusion) sont trs fluctuants dans une mme journŽe.

Le diagnostic de ces syndromes parkinsoniens doit tre fait le plus t™t possible, non pas pour proposer des traitements trs diffŽrents car le traitement est ˆ base de L.dopa ˆ doses prudentes, mais pour modifier sa prise en charge et en avertir la famille. Le discours avec ces patients et lÕapproche mŽdicale ne doivent pas tre les mmes que pour la maladie de Parkinson idiopathique car le traitement risque de moins bien marcher, et le pronostic fonctionnel est beaucoup plus sombre.

IV – LՃVOLUTION DE LA MALADIE DE PARKINSON

Elle Žvolue de faon linŽaire selon le schŽma de Di Rocco qui a ŽtudiŽ 300 patients sur 14 ans en fonction du stade  de Hoehn et Yahr et de la durŽe dՎvolution :

 

 

Stade

 


5                                                                                                                                               x

 

                                                                                                                                x

4

                                                                       x            

SchŽma de Di Rocco

3                                                                                       x

                                                                                    

                                          x

2                                                                

                                           x

 

1                       x

x

      annŽes

2                    4                   6                    8                10                  12              14

Stade 1 – Atteinte unilatŽrale

Stade 2 – atteinte bilatŽrale ou axiale

Stade 3 – altŽration de lՎquilibre au changement de direction, mais peut encore travailler

Stade 4 – IncapacitŽ sŽvre : peut marcher mais avec une grande difficultŽ

Stade 5 – patient grabataire

LՎvolution la plus habituelle est la suivante :

La lune de miel , les 6 premires annŽes (stade 1-3), ensuite, cela sÕassombrit

Et aprs 10 ˆ 12 ans, la situation devient difficile. Les gros problmes surviennent souvent aprs 12 ans (troubles psychiques, dŽformations articulaires).

La maladie sÕest enrichie au fil du temps, et cela de faon trs linŽaire, ce qui permet dÕavoir la pente en fonction du moment o on voit le patient pour la 1Ą fois et la date des premiers signes cliniques de la maladie :

-  Ainsi un patient au stade 3 au bout de 6 ans se situe dans une Žvolution Į moyenne Č.

-  Par contre une maladie au stade 4 au bout de 3 ans, a une Žvolution sŽvre, il peut sÕagir dÕun syndrome parkinsonien.

-  Une maladie au stade 2 et qui Žvolue depuis 10 ans, cÕest une maladie sage Į peu Žvolutive Č, bŽnigne.

Que deviennent les patients les 5 premires annŽes de traitement par la L.Dopa ?

       - un tiers des patients sont mieux quÕavant le dŽbut du traitement et bŽnŽficient encore de la lune de miel

-  un tiers sont revenus ˆ lՎtat initial

-  et un tiers vont moins bien

-  et 15 % nÕont pas ou mal rŽpondu au traitement. Cette Žtude date de 1980, mais elle avait dŽjˆ localisŽe les fausses maladies de Parkinson qui correspondent environ ˆ ce pourcentage de 15 %.

Une Žtude anglaise post mortem, faite en 1997, a montrŽ que les neurologues se trompaient dans prs dÕ1/4 des cas : sur 100 cerveaux de patients ŽtiquetŽs Parkinson, il y avait 24 de Į faux Parkinson Č.

V – LE TRAITEMENT INITIAL

Le traitement initial va dŽpendre de lՉge du patient

V.1 – Chez le patient de moins de 70 ans, il para”t raisonnable de commencer par un traitement Į  anti parkinsonien mineur Č :

A -  Le dŽprŽnyl ¨ serait un neuro protecteur, il est ˆ essayer chez le patient jeune et peu gnŽ par la maladie, ce qui permet de voir lՎvolution naturelle de la maladie au dŽbut,  mais aussi dÕobtenir une stabilisation ou une amŽlioration pendant une pŽriode de quelques mois parfois de 1 an ou plus (MPI peu Žvolutive).

Lorsque le DŽprŽnyl est insuffisant et si la gne est encore modŽrŽe, on peut ajouter du Mantadix

         - Ce traitement ne fait rien chez un patient sur deux. Il est alors arrtŽ au bout dÕun mois.

         - Mais quand il marche, cÕest parfois spectaculaire.

B - SÕil nÕy a pas de rŽsultats, on doit avoir recours aux agonistes dopaminergiques parmi lesquels en premire intention :

         Le Parlodel ¨, surtout chez les patients akineto-hypertoniques

         Le Requid ¨ qui pose un problme de somnolence aprs les prises (attention chez les patients qui conduisent et sont actifs),

         La Dopergine nÕa pas lÕAMM en 1Ą intention, le CŽlance non plus,

         Le Trivastal ¨, chez les patients qui ont un tremblement ou une forme complŽte.

Les effets secondaires des agonistes sont similaires : nausŽes au dŽbut du traitement et hypotension artŽrielle chez certains patients. Les nausŽes sont bien contr™lŽes par le Motilium ¨ (neuroleptique a action uniquement pŽriphŽrique) qui a Žgalement une action sur lÕhypo TA par son action antagoniste de lÕaction hypotensive dopaminergique. Si un agoniste nÕest pas bien supportŽ, un autre peut tre essayŽ, mais pas plus. En cas dÕintolŽrance des agonistes, il faut passer ˆ la L-dopa.

 LÕaction des agonistes est moins spectaculaire quÕavec la L-dopa, ils sont moins bien tolŽrŽs au dŽbut et leur effet sՎpuise plus rapidement que celui de la L-dopa. AprŽs 2 ou 3 ans, il faut souvent adjoindre ˆ lÕagoniste de la dopa ˆ petites doses (Modopar ¨ 62,5 mg ou Sinemet ¨ 100 en 1/2 cp) ˆ doses progressives (150 – 200 – 250 – 300 mg) avec des paliers de 2 mois. Le patient se retrouve en pŽriode de lune de miel avec une association prŽcoce agoniste + L-dopa. Au cours de lՎvolution, on va jouer soit sur lÕagoniste soit sur la dopa pour augmenter les doses en sachant quÕil ne faut pas augmenter les doses trop fortement dÕagoniste ˆ cause des effets secondaires, la dopa ayant le meilleur index efficacitŽ / tolŽrance.

V.2 – Chez le patient plus ‰gŽ (aprs 70 ans)

Le traitement est ici plus simple, car on donne la dopa dÕemblŽe, car les anti-parkinsoniens mineurs sont moins bien tolŽrŽs ˆ cet ‰ge notamment le Mantadix ŽliminŽ par voie urinaire en cas dÕinsuffisance rŽnale latente. On prive les patients jeunes de la dopa au dŽbut de la maladie pour tenter de retarder les complications Žvolutives. Chez le sujet ‰gŽ cette attitude a moins dÕintŽrt.

On utilise dÕemblŽe de petites doses de dopa (150 – 200 –300 mgr). Chaque patient a sa dose qui doit tre trouvŽ par t‰tonnement.

Dans tous les cas, le but du traitement est dÕapporter  Į le meilleur confort, le plus longtemps possible Č en recherchant en permanence la dose minimale efficace. Il faut obtenir un certain confort et garder des rŽserves pour lÕavenir.

V.3 – Les fluctuations dÕefficacitŽ de la dopa

Que va t-il se passer aprs la lune de miel qui dure 5 ans ou 8 ans, (le patient pouvant tre sous dopa ou dopa + agoniste) ?

V.3.1 – La L.Dopa continue ˆ bien agir mais chaque prise agit moins longtemps

Alors que pendant la lune de miel avec 3 prises par jour le contr™le des sympt™mes Žtait satisfaisant, ceux-ci rŽapparaissent en fin dÕaction de la prise : en fin de matinŽe, ou dÕaprs-midi et en fin de nuit (difficultŽ pour se retourner ou se lever). Cette moindre efficacitŽ dans le temps va sÕinstaller progressivement mais parfois en quelques mois, obligeant ˆ augmenter le nombre des prises.

Ces fluctuations se retrouvent :

Dans 12 % des cas aprs 3 ans de traitement

Dans 34 % des cas aprs 5 ans de traitement

Dans 69 % des cas aprs 8 ans de traitement

Dans la plupart des cas, il sÕagit de fluctuations de fin de doses qui, suivant les patients, sont soit lŽgres, soit modŽrŽes, soit sŽvres.

Mais dans 15 % des cas, elles Žvoluent vers une situation caricaturale dit effet Į 0N – 0FF Č : quand le patient est en phase ON, il va trs bien ; et quand il est en phase OFF, il devient un grand malade akineto-hypertonique, avec marche impossible ainsi que toute mobilisation, il est comme Į pŽtrifiŽ Č.

Ces fluctuations surviennent par la perte de la capacitŽ des neurones dopaminergiques ˆ stocker la dopamine. Ds que lÕapport de dopa sÕarrte (dopa plasmatique), lÕakinŽsie rŽappara”t par arrt de libŽration de dopamine synaptique. Ces fluctuations se voient surtout chez des sujets dont la maladie a dŽbutŽ jeune avant ou vers 50 ans. Chez les sujets dont la maladie dŽbute plus tard, lՎvolution sera plut™t marquŽe par un dŽclin dÕefficacitŽ du traitement ou des troubles psychiques.

Ces fluctuations dÕefficacitŽ se quantifient sur des journaux de surveillance quÕon remet au patient o il note la pŽriode o il va bien (pŽriode ON) et la pŽriode de blocage moteur (pŽriode OFF). Les pŽriodes OFF se situent plut™t dans lÕaprs-midi, due ˆ un dŽfaut dÕabsorption de la prise de midi.

V.3.2 – Le phŽnomne ON - OFF

Les fluctuations  de type ON – OFF sont variables dÕun jour ˆ lÕautre, mais vont progresser et se compliquer pour aboutir ˆ un schŽma nycthŽmŽral assez voisin de celui-ci :

- Au rŽveil le patient prŽsente une pŽriode de blocage, il ne peut bouger, ni mettre un pied devant lÕautre, ni boire, il est pŽtrifiŽ avec parfois des douleurs liŽes aux contractures.

- Le traitement commence ˆ agir 1/2 heure aprs la 1Ą prise de dopa pour arriver ˆ une bonne pŽriode dÕefficacitŽ, relayŽ par la 2Ą prise avec le maintien de lÕefficacitŽ (pŽriode ON).

- Il prend la 3Ą prise qui nÕagit pas, avec pendant cette pŽriode une hypertonie et un tremblement (pŽriode OFF). LÕeffet bŽnŽfique de la 3Ą prise ne survient que 2 heures plus tard  et agit peu.

- Il prend une autre prise au milieu de lÕaprs-midi qui nÕagit pas pendant un certain temps et puis une amŽlioration se dessinera dans la soirŽe

Ces patients sont difficiles ˆ traiter, car manifestement les prises sont mal absorbŽes et nÕagissent pas comme elles le devraient. LÕaprs-midi (entre 15h et 17 h) est en gŽnŽral le mauvais moment de la journŽe, puis il va mieux le soir. Cela est du ˆ des phŽnomnes de pharmacocinŽtique mais aussi ˆ des phŽnomnes de rŽcepteurs dopaminergiques moins sensibles dans lÕaprs-midi que dans le reste de la journŽe.

Ces fluctuations dÕefficacitŽ, sÕexpliquent par les taux plasmatiques de L.dopa, tels quÕon les voit sur le tableau ci-dessous, aprs une prise de mŽdicament : Concentration maximale 1/2 h aprs la prise o des dyskinŽsies peuvent appara”tre, puis amŽlioration clinique (ON) et enfin akinŽsie de fin de dose (OFF) parce qu il nÕy a plus assez de dopa sanguine.

 

 

3 000

 

Mvts anormaux

 
3 000

 

2 000

 

Taux efficace

 
1 000

 

 

 

8 h      9 h        10 h            11 h          12 h

Si on augmente la dose de L.Dopa par prise, on augmente la pointe du triangle et lÕon va renforcer les dyskinŽsies qui ˆ un certain seuil deviennent intolŽrables pour le patient. Par ailleurs, il y a certainement un phŽnomne de rŽtrocontr™le inhibiteur, cÕest-ˆ-dire plus on augmente la dose et plus le blocage (OFF) qui suit va tre fort. Il faut apporter la bonne dose au bon moment. Si les prises sont trop rapprochŽes, elles se gnent lÕune lÕautre et elles ne sont plus absorbŽes. Cela est complexe et lՎtablissement de la courbe de L.Dopa plasmatique (pratiquŽe ˆ LŽopold Bellan) est une aide dans la comprŽhension de ce qui se passe pour un patient donnŽ :

-      La 3Ą prise est souvent mal absorbŽe ; lÕutilisation de Modopar dispersible buvable (forme liquide) donne parfois ici dÕassez bons rŽsultats.

-      Dans dÕautre cas, il faut renforcer lÕagoniste.

-      Ailleurs, lÕinstauration dÕun rŽgime pauvre en protŽine au repas de midi permet une amŽlioration, parce que lÕabsorption des protŽines animales se trouve en compŽtition avec celle de la dopa qui est aussi un acide aminŽ. Ainsi la rŽduction des protŽines animales est parfois bŽnŽfique.

-      Le stress peut tre un ŽlŽment de dŽfaut dÕabsorption.

-      Chez le patient gastrectomisŽ, lÕabsorption de la dopa va tre rapide et brve, car absorbŽe au niveau du duodŽnum elle nÕest plus libŽrŽe progressivement  par lÕestomac.

Les phŽnomnes ON – OFF Žtant difficiles ˆ gŽrer, ils sont du ressort du spŽcialiste. En cas de blocage, lÕinjection dÕapomorphine (Apokinon ¨ en S.C. ˆ lÕaide dÕun stylo-injecteur) que le patient se fait lui-mme, permet un dŽblocage dans les dix minutes pendant 45 minutes parfois plus.

Le Comtan ¨ (inhibiteur de la COMT), associŽ ˆ la dopa ˆ chaque prise, augmente la demi-vie de la dopa mais son action reste cliniquement trs modŽrŽe.

VI – LES INDICATIONS CHIRURGICALES

VI.1 - Les techniques chirurgicales

La thalamotomie  marchait bien, mais uniquement dans les formes tremblantes unilatŽrales.

Le grand progrs est la stimulation intra-cŽrŽbrale chronique qui consiste ˆ implanter une Žlectrode avec 4 plots terminaux par chirurgie stŽrŽotaxique :

- au niveau du thalamus pour amŽliorer un tremblement du c™tŽ opposŽ,

- au niveau du pallidum pour amŽliorer les dyskinŽsies crŽŽes par le traitement,

- au niveau du noyau sous thalamique pour les blocages de type ON – OFF et les dyskinŽsies.

Il y a donc trois cibles possibles qui donnent lieu ˆ des discussions thŽrapeutiques pour savoir dans quel noyau implanter lՎlectrode. Pour le thalamus lÕintervention est plus simple et avec moins de complication, pour le pallidum cÕest un peu plus difficile, pour le noyau sous thalamique cÕest nettement plus difficile car ce noyau est plus petit et plus profond et il y a des Žchecs. La stimulation haute frŽquence de lՎlectrode vient Į brouiller Č le message nerveux ce qui donne un effet identique ˆ celui quÕentra”nerait une lŽsion.

Les indications ˆ lÕintervention du noyau sous thalamique concernent essentiellement les patients jeunes au stade  Į ON – OFF Č et cette intervention leur change la vie. Ils reprennent du poids, de lÕautonomie, ils passent de meilleures nuits, leur vie est changŽe. Cette intervention peut provoquer cependant quelques troubles psychologiques. Il y a 3 ˆ 5 % de complications graves (hŽmorragie cŽrŽbrale, infection cŽrŽbrale, dŽplacement de lՎlectrode ...)

 

VI.2 - Les Indications

Il faut quÕil sÕagisse dÕune maladie de Parkinson idiopathique. Jamais un syndrome parkinsonien.

Il faut quÕil y ait une bonne rŽponse ˆ la dopa. Il faut que le score moteur sÕamŽliore de 50 % une heure aprs la prise de dopa. LÕintervention ne fera pas mieux que la dopa, donc si la dopa a perdu de son efficacitŽ, ce nÕest pas une bonne indication.

Les signes parkinsoniens peuvent tre sŽvres. LÕakinŽsie sŽvre en pŽriode OFF nÕest pas un critre dÕexclusion.

Il faut un Žchec de toutes les stratŽgies mŽdicamenteuses.

Il faut une absence de dŽmence, de dŽpression, dÕhallucinations et de dŽlires

Il faut un bon Žtat gŽnŽral, une bonne coopŽration.

LÕintervention a peu dÕeffet sur les troubles de la parole, les troubles de lՎquilibre, le piŽtinement, les chutes, troubles qui apparaissent au cours dÕune maladie ŽvoluŽe. Il faut donc opŽrer le patient ni trop t™t ni trop tard.

Il y a une opportunitŽ cependant, si on montre que les chutes, le piŽtinement et les troubles posturaux  sont amŽliorŽs par la dopa ; alors le patient peut tre candidat ˆ la chirurgie.

 

VI.3 – Les exclusions

LÕangor instable, cancer

Un traitement anticoagulant

Une immuno-suppression

Une anomalie ˆ lÕIRM (lacunes, atrophie cŽrŽbraleÉ)

Un traitement ˆ la L-dopa ˆ dose insuffisante (infŽrieur ˆ 800 mg/j)

VI.4 – Les complications

Il y a 3 ˆ 5 % de complications qui sont rares mais graves en particulier :

HŽmorragie intracŽrŽbrale

 Infection

Etat confusionnel

Augmentation de la dysarthrie

Trouble du comportement

La limite dՉge pour ce type dÕintervention est en gŽnŽral de 70 ans. Mais des sujets de 75 ans avec une bonne fra”cheur physique ont ŽtŽ opŽrŽs. Pour le thalamus et pour un grand tremblement, il nÕest pas illogique dÕintervenir chez un sujet plus ‰gŽ car il sÕagit dÕune intervention plus facile de laquelle le patient  peut tirer un grand bŽnŽfice et du confort.

Aprs lÕintervention, il faut rŽgler lՎlectrode dÕune part (neurochirurgien) et le traitement mŽdical (neurologue) dÕautre part.