EPU95 – Montmorency
Neurologie
Mise à jour du 22 Mars 2007
Le vertige en 2006
Dr Bernard Cohen
Unité d’Otoneurologie, Service ORL du Pr.
B. Meyer (Hôpital Saint-Antoine, Paris)
Séance
du 7 décembre 2006
1. Généralités
1.1. Introduction
Les vertiges
sont un symptôme fréquent en consultation de médecine générale, environ 5 %
des consultations et en O. R. L., 10 % des consultations. Cela représente,
par an, plus de 15 millions de consultations.
1.2. Définitions
Dans le
dictionnaire, le mot vertige recouvre deux sens :
4
« tourner » du latin
« vertere »
4
« considérable" dans le sens de quantité,
énorme.
Pour le patient,
on va retrouver les deux sens :
4
Sensation de mouvement de soi et / ou de
l'environnement qui n'est pas habituelle ou adaptée à la situation.
4
Malaise avec sensation de vide, impression
imminente de chute, de voile noir devant les yeux ou de perte de sensation
de l'existence de soi, voire une perte de connaissance. Ce malaise traduit
un événement « considérable » psychique ou physique.
En
médecine : le vertige est une illusion de mouvement issue du système
nerveux central (SNC) qui ne peut résoudre un conflit sensoriel nouveau,
entre les principaux acteurs de l'équilibration :
4
Le système nerveux central,
4
L'oreille interne avec le système vestibulaire
représentant la proprioception de la tête
4
La proprioception générale et en particulier
l'appui podal.
Pour parler de
vertige au sens médical, il faut retrouver dans l'interrogatoire la notion
de mouvement erroné ou inadapté que ce soit un mouvement de soi ou un
mouvement de l’environnement. La découverte à l'examen d'un nystagmus le
rend certain.
2. Anatomie
et physiologie de l'oreille interne
2.1. L'oreille interne
Elle est située
dans le rocher.
4
En avant la cochlée pour l'audition
4
En arrière, le vestibule, centre de l’équilibre,
véritable centre inertiel de la tête avec cinq structures :
o
Les 3 canaux semi-circulaires (antérieur,
postérieur, latéral) orientées dans les trois plans de l'espace, et qui
codent les accélérations angulaires de la tête.
o
Le saccule et l'utricule appartenant à l'appareil
otolithique et qui codent les accélérations linéaires de la tête.
2.2. L’appareil vestibulaire
2.2.1. Son rôle
Cet organe,
spécialisé dans l’estimation de la position de la tête dans l’espace et
dans la détection des déplacements permet au SNC de réagir soit par une
adaptation de l’axe visuel et de la posture, soit par une anticipation sur
le mouvement à exécuter.
2.2.2. Le labyrinthe postérieur
Il est situé
dans l’oreille interne. Il possède
4
Des capteurs d’accélération formés par trois canaux
semi-circulaires mesurant les accélérations angulaires dans les trois plans
de l’espace
4
Un système otolithique (utricule et saccule)
mesurant les accélérations linéaires dans toutes les directions de
l’espace.
Traversant le
conduit auditif interne, les fibres afférentes du nerf vestibulaire relient
le labyrinthe avec les noyaux du complexe vestibulaire bulbaire.
2.2.3. Les noyaux vestibulaires
Ils sont sous
contrôle de la réticulée, des noyaux tubéro-mamillaires, du cervelet et du
cortex vestibulaire.
2.2.4. Les connections
effectrices
Elles sont
triples. Elles partent vers :
Les noyaux oculomoteurs par la bandelette
longitudinale postérieure (pour assurer la stabilisation du regard) ;
Les cornes antérieures de la moelle par
le faisceau vestibulo-spinal (pour régler le tonus musculaire en fonction
de la pesanteur et du mouvement) ;
Le noyau du nerf pneumogastrique (pour
contrôler les fonctions neurovégétatives).
2.3. Système visuel
Il estime en
permanence les déplacements du monde visuel et projette cette information
de mouvement sur les noyaux vestibulaires et en particulier par la voie
optique accessoire.
2.4. Système proprioceptif
Ce système rend
compte des tensions musculaires et du mouvement effectué par notre corps
lors des déplacements actifs ou passifs. Il est situé dans l’ensemble de la
musculature et, non seulement, dans les muscles de la nuque.
Des informations
extéroceptives cutanées, articulaires et viscérales entrent également en
jeu.
Ces trois types
d’informations – vestibulaires, visuelles et proprioceptives – permettent
de savoir si c’est nous qui bougeons, l’environnement ou les deux ; mais
aussi à quelle vitesse et dans quelle direction.
Cela explique
par exemple qu’un système vestibulaire lésé fonctionne de façon
asymétrique, et que cette asymétrie est perçue comme un mouvement.
Celui-ci engendre
à son tour un mouvement anormal des yeux – un nystagmus pathologique – et
un déplacement anormal de notre corps : déviation des index, déviation au
test de Romberg...
2.5. Le principe de
fonctionnement
Il est toujours
le même : toutes ces structures sont remplies d'un liquide, le liquide
endolymphatique. Le mouvement de liquide dans la structure est maximum
lorsque le mouvement de la tête se produit dans le plan de cette structure.
Le mouvement du liquide est codé par les microcils des cellules sensorielles
et transformé en potentiel d'action, envoyé dans le nerf vestibulaire,
cheminant, vers l'angle ponto-cérébelleux, le noyau vestibulaire, vers
d'autres centres et enfin vers le cortex.
Le but de ce
système est que le cerveau puisse adapter en permanence la tonicité des
muscles du corps et des yeux afin que le sujet reste debout et avec une
image stabilisée sur la rétine. Cette adaptation est réflexe,
utilisant :
4
Le réflexe vestibulo-oculaire, qui fait faire en
permanence à l’œil le mouvement opposé à celui la tête (nystagmus
physiologique).
4
Le réflexe vestibulo-spinal qui assure la station
debout pendant le mouvement.
3. Problématique
actuelle de la pathologie vestibulaire
3.1. Le contexte
Devant tout
trouble de l'équilibre, l'obsession reste la possibilité de neurinome de
l'acoustique. En France, un neurinome est découvert chaque jour. L'examen
de choix pour le diagnostic est l'IRM. L’indication chirurgicale n’est plus
systématique. En effet, certains petits neurinomes évoluent peu et sont
surveillés. La radiochirurgie dite « gamma knife » est venue
s’ajouter aux possibilités thérapeutiques.
L'existence de
manœuvres libératoires, qui permettent de guérir immédiatement le vertige
paroxystique positionnel bénin, a fait qu'on le recherche plus souvent.
Ainsi, il est devenu le diagnostic le plus fréquent dans les vertiges
(environ un tiers des cas).
Une meilleure
compréhension de la physiopathologie des vertiges a permis, en parallèle,
le développement de techniques de rééducations vestibulaires de plus en plus
adaptées aux troubles de l ‘équilibre du patient.
Les traitements
symptomatiques médicaux sont efficaces sur la crise. Ils peuvent aider la
compensation dans les 3 mois qui suivent la crise de vertige.
3.2. Clinique
Il faut
distinguer deux situations complètement différentes :
Le patient est
vu en pleine crise de vertige
Le patient est
vu en dehors de la crise : c'est le cas le plus fréquent et le plus
difficile. Le diagnostic ou la décision d'investigations repose alors sur
un interrogatoire long « policier » et ciblé.
3.2.1. Quand le patient est vu
en pleine crise
a) L’interrogatoire
Certains
éléments de l'interrogatoire et de l'examen rapide peuvent orienter
immédiatement vers d'autres causes que vestibulaire :
4
Malaise hypoglycémique : contexte et antécédents
4
Malaise vagal : contexte, pâleur, pouls
imprenable
4
Pas de sensation de mouvements que ce soit une
rotation des objets extérieurs, ou de rotation de soi
4
Contraste entre un tableau neurovégétatif riche
(nausées et vomissements) et absence de nystagmus
4
Contexte anxieux majeur ayant précédé la crise
4
Surtout,
signe essentiel, pas de nystagmus spontané ou révélé à l'examen des yeux
en demandant au sujet de regarder au loin, sans fixer un quelconque objet
(surtout ne pas faire en même temps un examen oculomoteur en montrant son
doigt au patient par exemple).
À l'inverse, les
signes suivants orientent fortement vers une origine vestibulaire
périphérique ou centrale :
4
Une sensation de rotation des objets ou de soi, de
tangage, d'impression de marcher en titubant comme quelqu'un qui a bu
4
Des signes neurovégétatifs associés avec nausées et
vomissements
4
Des signes auditifs surtout s'ils sont unilatéraux
comme des bourdonnements d'oreille, une baisse de la découverte d'un
nystagmus spontané ou révélé, associé ou non à d'autres signes
neurologiques
b) Le nystagmus
La recherche du
nystagmus est alors fondamentale. Le nystagmus est un mouvement
physiologique de l’œil avec deux phases successives, une phase lente et une
phase rapide, qui se déclenchent au moindre mouvement de la tête, chez le
sujet normal, afin d'assurer la stabilité de l'image arrivant à la rétine
lorsque la tête bouge. En revanche, il doit disparaître lorsque la tête est
immobile. Lorsqu'un nystagmus est
découvert à l'examen clinique, tête immobile, c'est un nystagmus
pathologique et pathognomonique d'une pathologie vestibulaire.
Sa découverte
est fondamentale pour le diagnostic de vertige d'origine vestibulaire. Il
conduira à faire tous les examens possibles à la recherche de sa cause. A
l'inverse, l'absence de nystagmus chez un patient vertigineux doit toujours
faire douter d'une origine vestibulaire si les examens complémentaires sont
négatifs.
Le nystagmus est
plus intense quand le sujet est dans le noir. Malheureusement, il est alors
impossible de le voir à moins d’être équipé d'une caméra filmant en lumière
infrarouge (vidéonystagmoscope). On utilisera alors quelques
« trucs » qui augmentent son intensité :
4
Le regard latéral modéré, droit puis gauche, à 20°
(mais pas dans le regard extrême où il apparaît un environnement peu
éclairé
4
Un regard dans le vague, au loin, pour ne fixer
aucune cible.
4
Des lunettes inadaptées à son acuité visuelle qui
l'empêcheront ainsi de fixer son regard,
4
L’occlusion des paupières permet, alors voir le
battement du globe oculaire.
Le nystagmus
peut être :
4
Horizonto-rotatoire et oriente vers une pathologie
périphérique
4
Vertical, la pathologie peut, alors, être centrale.
On notera
immédiatement sa présence car c'est un signe peu durable. Son sens est
donné par le sens de la seule phase visible, la secousse rapide,
c) Que faire maintenant ?
Le diagnostic de
vertige d'origine vestibulaire est certain.
4
Hospitaliser d’urgence, si des céphalées ont
précédé ou ont accompagné immédiatement les vertiges è AVC, ou s'il existe
d'autres signes neurologiques associés.
4
Adresser d’urgence aux spécialistes, s'il existe
des signes auditifs associés.
4
Hospitaliser, rapidement, si le sujet ne peut
s'alimenter du fait de la poursuite de ses vertiges.
Si le diagnostic
précis n'est pas fait immédiatement, le patient doit être adressé le plus
rapidement possible aux spécialistes afin de faire le premier bilan
cochléo-vestibulaire. En effet, les signes sont souvent fugaces et le
diagnostic sera plus difficile à faire à distance.
3.2.2. Quand le patient est vu
après l'épisode vertigineux ou entre deux crises
a) L'interrogatoire
Il devient
l'élément essentiel du diagnostic. Il
est difficile car le patient a peur de se remémorer la crise. Le
médecin peut aussi ne pas être très à l’aise pour supporter d’écouter le
récit de la crise. Pourtant ce moment est fondamental pour la démarche
diagnostique mais, aussi, déjà, dans une démarche thérapeutique car le
patient va se sentir reconnu et va pouvoir se dégager de l'angoisse qu'il a
vécue seul et qui a pu être retenu.
On fera donc,
après l'en avoir averti, un interrogatoire « policier ». Le
patient est invité à décrire ses « illusions de mouvement» dans
les premières secondes du vertige puis leur déroulement, minute par minute,
si possible, toujours associé à la description de la position et des
changements de position de son corps.
4
Description du vertige
o
Rotatoire interne, rotation ou déplacement des
objets extérieurs, mouvements brusques et incontrôlés du tronc ou du corps.
o
Le vertige est il uniquement déclenché par un
mouvement ?
o
Le vertige est-il soulagé complètement si le sujet
reste immobile ?
4
Durée de la crise
o
C'est un élément important qui doit être recherché
avec délicatesse, le patient faisant souvent une confusion entre la crise
vertigineuse proprement dite et la peur que le vertige reprenne.
o
On doit pouvoir classer la réponse en :
vertige de quelques secondes, quelques heures, ou quelques jours.
4
Les signes d'accompagnement
o
Troubles visuels ou troubles de la vigilance,
nausées vomissements, signes cochléaires (hypoacousie, acouphène, plénitude
de l'oreille)
o
Signes neurologiques (troubles sensitifs ou moteurs
ou atteints des paires crâniennes).
4
Le contexte
o
Antécédent personnel voire familiaux de vertige,
médicaments pris récemment, traumatismes crâniens dans les mois qui
précèdent, infection récente, maladie otologique, et surtout le début de la
crise : déclenchée ou non par un mouvement.
Au terme de
l'interrogatoire, l'examen clinique comporte, entre autres :
4
La prise de la tension artérielle, debout et couché
4
L’examen des tympans
4
Un examen vestibulaire
o
Marche sur place les yeux fermés pour mettre en
évidence une rotation du sujet sur lui-même è
réflexe vestibulo-spinal,
o
Recherche d'un nystagmus spontané ou révélé è réflexe
vestibulo-oculaire.
On peut révéler un nystagmus latent comme on l'a dit plus
haut, ou encore en mobilisant la tête autour de l'axe vertical (5 à 10
mouvements de va et vient comme « s'il fait non de la tête ») puis on
regarde les yeux, tête immobilisée.
Un syndrome est harmonieux quand les déviations du corps se
font du même côté alors que le nystagmus bat du côté opposé.
4
Lorsque le sujet décrit un vertige qui survient
uniquement lors de changements de position importants, comme lorsqu'il se
couche, par exemple, on pourra effectuer la manœuvre de Hallpike (passage
de la position assise à la position couchée sur le côté) qui est positive
quand elle déclenche un vertige bref de quelques secondes associée à un
nystagmus paroxystique, (vertige paroxystique positionnel bénin ou VPPB).
4
Un examen neurologique complétera le bilan
clinique.
b) Quelles sont les étiologies
possibles ?
Au terme de cet
examen clinique, plusieurs diagnostics peuvent être faits
immédiatement :
4
Le vertige
paroxystique positionnel bénin (VPPB) est le vertige le plus fréquent
(1/3 des cas). Une manœuvre libératoire peut guérir immédiatement le
vertige. Elle sera faite par un médecin informé et habitué à ces
techniques, qui seront différentes selon qu’il s’agit d’un VPPB du canal
postérieur ou du canal latéral.
4
Une nouvelle poussée
de crise de Ménière : c'est un vertige de quelques heures,
invalidant, associé habituellement à des signes otologiques :
plénitude de l’oreille, acouphène et baisse de l'audition du coté malade.
Dans les autres
cas, des examens complémentaires sont nécessaires pour un diagnostic de
localisation.
c) Quand demander le bilan
cochléo-vestibulaire ?
S’il est certain
qu'il existe un trouble, le diagnostic de localisation est possible avec
trois examens indispensables :
4
L'audiogramme,
4
La vidéonystagmographie
4
Les potentiels évoqués auditifs (PEA).
Si l'épisode
vertigineux n'a pas fait la preuve de sa véracité (pas de sensations vraies
de mouvements, pas de signe neurovégétatif, pas de nystagmus, symptômes
vagues et, en fait, fréquemment retrouvés dans l'histoire du patient avec
bilan antérieur négatif), on peut suivre l'évolution, avant de se lancer
dans les investigations otoneurologiques, principalement pour éliminer un
neurinome de l'acoustique.
d) Quand demander le
scanner ?
Presque jamais, sauf en cas de
contre-indication de l'IRM, si celle-ci est nécessaire.
e) Quand demander une IRM
cérébrale ?
Il est légitime
de la demander dans les situations suivantes :
4
En urgence, en cas de suspicion d’AVC
4
Quand une pathologie centrale est suspectée, avec
syndrome vestibulaire disharmonieux : crise de vertige avec nystagmus
atypique et explorations négatives.
4
Lorsque qu'il existe un déficit vestibulaire
périphérique qui n'est pas expliqué de façon certaine.
4
Lorsque les potentiels évoqués auditifs évoquent
une atteinte neurologique rétro cochléaire.
3.2.3. Les diagnostics les plus
fréquents
a) La maladie de Ménière
C’est une
hyperpression des liquides labyrinthiques de l’oreille qui concerne autant
le vestibule que la cochlée.
Elle évolue par
crises qui durent quelques heures.
Tous les signes
sont réversibles au début de la maladie. Avec le temps, la perte auditive
s'aggrave et fait le pronostic de la maladie.
Le traitement
est symptomatique, associant selon les cas
4
Médicaments : antivertigineux au long cours,
diurétiques dans les crises sévères
4
Rééducation vestibulaire voire psychothérapie.
b) La névrite vestibulaire
C’est une
atteinte probablement inflammatoire du nerf vestibulaire (comparable à la
paralysie faciale a frigore)
entraînant un vertige intense durant plusieurs jours, accompagné de signes
neurovégétatifs, sans aucun signe auditif.
Le diagnostic
est fait par l'épreuve vestibulaire calorique en vidéonystagmographie :
absence complète de réponse à la stimulation calorique de l'oreille malade
(aréflexie vestibulaire).
Cette aréflexie
guérit dans uniquement 30 % des cas, mais les autres patients compensent
très bien habituellement, en plusieurs semaines, seuls ou aidés par une
rééducation vestibulaire.
c) Le vertige paroxystique
positionnel bénin (VPPB)
Le vertige
paroxystique positionnel bénin, plus connu pour les patients sous le nom de
maladie « des cristaux » est donc une maladie fréquente, de mieux en mieux
connue.
Cette fréquence
et la relative simplicité du traitement pourraient impliquer beaucoup plus
le médecin traitant.
Physiopathologie du VPPB
Dans cette
maladie, des microcristaux flottent dans l’endolymphe. Ces microcristaux
proviennent de la macula, membrane otolithique située au-dessus des
microcils de l'utricule, structure qui code les mouvements linéaires
horizontaux.
Ces
microcristaux, fait de carbonate de calcium, flottant dans l'endolymphe,
créent des micros mouvement de l’endolymphe, donnant une information fausse
de mouvement au cerveau, ce qui est responsable d'une sensation de
flottement ou d'une sensation de « ne pas se sentir comme
d'habitude ».
Ces micro
cristaux, à la faveur d'une position immobile prolongée de la tête, ce qui
est le cas lorsqu'on dort par exemple, vont migrer et se rassembler vers
l'endroit le plus déclive de l'oreille interne, la structure
neuro-sensorielle sensible du canal semi-circulaire postérieur (appelée
ampoule du canal semi-circulaire). Au petit matin, dans cet exemple d’un
VPPB du canal postérieur, à la fin du premier mouvement qui est celui de se
lever, le mouvement endolymphatique dans le vestibule se prolonge du fait
de la présence des microcristaux. Ce mouvement des micros cristaux ne va
pas s'arrêter avec le mouvement du sujet. Aussi un nystagmus pathologique
apparaît à la fin du mouvement et provoque un vertige violent et bref.
Heureusement, les cristaux s’immobilisent au bout de quelques secondes, ce
qui stoppe la production de nystagmus et de vertige. La réaction, parfois
naturelle, du sujet est de se recoucher. Mais alors, il réenclenche le
mouvement des cristaux dans l'autre sens, entraînant un nouveau vertige
rotatoire, cette fois-ci au coucher. Ce dernier vertige provoqué par le
coucher est quasi pathognomonique d'un vertige vestibulaire et même d'un
VPPB.
Formes cliniques
Le VPPB du canal postérieur
C’est le plus
fréquent. On peut l'observer après un traumatisme crânien (30 % des cas) ou
dans le cours évolutif d’une maladie de l'oreille interne comme, par
exemple, la maladie de Menière ou la névrite vestibulaire.
4
Il s'agit d'un vertige paroxystique déclenché par
un changement de position. Ce vertige dure quelques secondes. Il se
reproduit toujours pour le même type de mouvement, habituellement lorsque
le sujet se lève ou se couche.
4
Le Romberg et la marche aveugle sur place (test de
Fukuda) sont normaux. Il n'y a pas de nystagmus spontané.
4
La manœuvre diagnostique de Dix et Hallpike,
modifiée par Brandt et Daroff est réalisé sur un sujet au milieu d’une
table ou du lit, les jambes pendantes
o
Manœuvre pour déclencher un VPPB du côté droit
§
On prend la tête et le cou du sujet, tournée de 45°
vers le côté gauche, et on le bascule sur le côté droit du divan, le nez se
retrouvant dirigé vers le ciel. On doit toujours tenir son patient.
§
Après une latence de quelques secondes, il apparaît
un vertige paroxystique violent de quelques secondes.
§
L'examen des yeux met alors en évidence un
nystagmus antihoraire et supérieur.
§
On attend la fin du vertige et on replace le sujet
en position assise. On tiendra bien le patient car il se produit un nouveau
vertige avec nystagmus, bien moins intense habituellement.
o
Manœuvre pour déclencher un VPPB du côté gauche
§
La manœuvre est identique mais on commence par
tourner la tête du patient de 45° à droite et le nystagmus provoqué est
horaire et supérieur.
4
Le traitement consiste à réaliser une manœuvre
unique qui va faire migrer les otolithes pour les faire sortir
définitivement du canal postérieur.
o
La manoeuvre de Sémont (manoeuvre pour le canal
postérieur droit)
§
On déclenche d'abord le vertige, en couchant le
patient sur le côté droit.
§
A la fin du vertige, on reprend la tête et le cou
du patient, nez dirigé vers le ciel toujours, et on le bascule en un
mouvement de 180° vers le côté gauche. A la fin du mouvement le nez doit
être cette fois dirigé vers le sol. La tête n’aura donc pas bougé par
rapport au tronc.
§
Après une latence de quelques secondes mais parfois
de quelques minutes, apparaît un vertige libérateur avec un nystagmus
antihoraire traduisant la migration des otolithes vers l'utricule.
§
À la fin du vertige, on replace le sujet en
position assise, en le tenant fermement, car la chute des otolithes dans
l'utricule peut s'accompagner d'une réaction violente de rétropulsion du
sujet.
o
La manoeuvre d’Epley, c’est la manoeuvre utilisée
par les Anglo-Saxons
§
Le sujet est assis au milieu de la table d'examen,
jambes sur la table.
§
On lui tourne la tête à droite de 45° et on le
bascule vers l'arrière. Après quelques secondes, apparaît un vertige
paroxystique avec nystagmus antihoraire et supérieur. Ce vertige et ce
nystagmus s’épuisent en quelques secondes.
§
La manoeuvre thérapeutique consiste ici à faire
tourner la tête du sujet vers la gauche accompagnée du mouvement du corps.
Le sujet se retrouve donc en décubitus dorsal puis la tête tourne encore
vers la gauche et le corps aussi. Le sujet se retrouve ainsi en décubitus
latéral gauche avec tête tournée vers la gauche et nez dirigé vers le sol.
Un vertige et un petit nystagmus accompagnent ces mouvements.
§
Puis le sujet est relevé alors qu'il continue à se tourner
vers la gauche, tête légèrement fléchie. Ici aussi, on tient le patient
pendant la manoeuvre et jusqu'au bout car il peut exister une rétropulsion
violente à la fin du mouvement.
Le sujet peut
ressentir, après une de ces manœuvres, une sensation d'instabilité pendant
quelques heures.
Le VPPB du canal latéral
Cette forme
clinique est beaucoup moins fréquente. Les cristaux sont dispersés dans le
canal latéral, flottant librement dans ce canal ou collés à la cupule de
l'ampoule du canal.
Il est suspecter,
si le patient se plaint de vertiges déclenchés surtout lorsqu'il se lève ou
lorsqu'il se baisse ou encore lorsqu’il se tourne dans son lit.
La manoeuvre
diagnostique pour la forme commune, la canalolithiase du canal horizontal
droit, on demande au sujet de s'allonger sur le dos, puis après environ une
minute, on lui demande de se mettre sur le côté droit (décubitus latéral
droit). Après quelques secondes à une minute, apparaît un vertige avec
nystagmus horizontal droit (nystagmus droit = phase rapide vers la droite =
phase la mieux visible du nystagmus). Ce vertige est moins violent et moins
spectaculaire que dans le VPPB du canal postérieur mais il est plus long.
Puis, on demande au sujet de se mettre sur le côté gauche (décubitus
latéral gauche) et après quelques secondes un nouveau vertige apparaît,
plus faible que du côté droit avec nystagmus qui s’inverse, cette fois-ci,
gauche. Il est parfois difficile de déterminer le côté de l’atteinte.
Là aussi, 2
types de traitements libérateurs sont possibles :
4
La manoeuvre dite du « barbecue » : le
sujet est allongé sur le côté droit. À la fin du vertige, on lui demande de
se tourner vers la gauche d'un tour entier par paliers de 90°, en attendant
à chaque fois 2 minutes ou la fin du vertige, à chaque palier.
4
Le traitement de Vannucchi : on demande
simplement au sujet de dormir plusieurs nuits d'affilée sur le côté sain,
ici le côté gauche.
Le VPPB du canal antérieur
Ce VPPB est
encore plus rare. Il est suspecté quand la manœuvre diagnostique du VPPB du
canal postérieur déclenche un nystagmus inférieur (et non pas supérieur).
d) Les autres diagnostics
possibles
4
Le vertige séquellaire de lacune secondaire à une
poussée hypertensive.
4
L'équivalent migraineux : c'est un diagnostic porté
fréquemment pour un vertige qui évolue par crises de quelques heures, isolé
sans signe auditif, qui survient chez un migraineux connu. Les explorations
complémentaires sont habituellement négatives. Le traitement antimigraineux
est un bon test diagnostic. Du fait de l'absence de critère univoque, il
reste un diagnostic d'élimination.
e) Plus rares mais à connaître
:
4
Les vertiges vasculaires :
o
Le ramollissement cérébelleux avec céphalées dès le début de la crise vertigineuse, normalité
des explorations vestibulaires, terrain vasculaire;
o
Le syndrome de Wallenberg (conséquence d’une
embolie d’origine cardiaque) avec :
§
Dans sa forme typique : syndrome alterne et
grand vertige
§
Dans sa forme modérée : vertiges associés à
des signes neurologiques divers (diplopie, dysarthrie).
o
La dissection de l'artère vertébrale qui justifie
la prescription en urgence d'un Doppler cervical et transcrânien :
c'est classiquement un sujet jeune qui présente un vertige après un
exercice sportif ayant sollicité le cou. On trouve à l'examen, un syndrome
de Claude-Bernard-Horner.
o
les vertiges secondaires à des tumeurs
§
Bénigne : les neurinomes et les méningiomes
§
Malignes : les gliomes et surtout les
localisations secondaires.
f) La dépendance visuelle
Ce n'est pas un
diagnostic mais plutôt une complication fonctionnelle de la survenue d'un
vertige. L'épisode vertigineux est terminé mais le patient continue à
présenter :
4
Des troubles de l'équilibre,
4
Une instabilité,
4
Une sensation de fragilité en particulier dans
certaines circonstances : dans la rue, dans la foule, dans les grands
magasins ou bien dans les transports.
Il s'agit d'une
intolérance au mouvement due à un changement de stratégie du système de
l'équilibration qui s'est opéré pendant la crise. Le sujet n'arrive plus à
utiliser et harmoniser tous les systèmes contribuant à son équilibre dans
certaines circonstances de conflit sensoriel.
L'Equitest™ a
permis de bien comprendre cette pathologie. Ce n'est pas encore un examen
de pratique courante. La rééducation vestibulaire a transformé le devenir
de ces patients.
g) Enfin…
A côté des
causes vestibulaires périphériques et centrales, on pensera aux autres
acteurs de l'équilibration qui peuvent empêcher une bonne compensation ou
provoquer une décompensation d'une maladie antérieure bien compensée : un
changement de l'acuité visuelle, un changement de l'appui podal ou de la
position du corps du fait de maladies articulaires ou neurologiques, un
changement professionnel ou affectif dans la vie du sujet.
3.3. Traitement
Le traitement
spécifique dépend de l’étiologie et a été abordé succinctement avec les
étiologies.
3.3.1. Le traitement
symptomatique
Devant un
patient en pleine crise vertigineuse, l'hospitalisation
est rarement nécessaire même si elle est idéale car elle permet :
4
L'obtention d'une imagerie rapide si suspicion
d'atteinte centrale
4
Un repos au calme et dans l'obscurité au début de
la crise
4
Un traitement par perfusion intraveineuse
4
Une hydratation chez un patient qui ne peut
s'alimenter du fait des nausées
4
Un bilan cochléo-vestibulaire rapide
4
Une mobilisation rapide nécessaire à la
compensation vestibulaire.
Habituellement,
la crise vertigineuse handicapante est relativement brève et permet un
traitement symptomatique à domicile même lorsqu’il s'agit d'une névrite
vestibulaire ou d'une maladie de Ménière. Le traitement associe :
4
Un antivertigineux : acetylleucine (Tanganil™),
betahistidine (Serc, Bétaserc™), piracétam (Nootropyl™) ou Trimétazidine
(Vastarel™)
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Un antiémétique, de préférence par voie rectale en
cas de nausée
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Un anxiolytique dans les premières heures
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Une mobilisation précoce, pour favoriser la
compensation et diminuer le risque de raideur cervicale.
3.3.2. Le traitement de fond
4
Des antivertigineux par période de 3 mois avec
fenêtre thérapeutique pour évaluer en permanence leur effet.
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Une rééducation vestibulaire, en cas de névrite
vestibulaire, d'une dépendance visuelle ou d'une intolérance chronique aux
mouvements.
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Une prise en charge psychothérapeutique peut-être
associée quand un facteur psychologique semble important dans le
déclenchement des crises, ou si le vécu de celles-ci est trop invalidant.
4. Conclusions
Le vertige est
un symptôme. Il traduit une illusion de mouvement produit par un
dysfonctionnement du système de l'équilibration, dysfonctionnement qui peut
toucher l'un quatre acteurs suivants :
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Le système nerveux central,
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Le système vestibulaire,
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La vision ou la proprioception générale.
C'est
l'interrogatoire qui fait le plus souvent le diagnostic. Il permet aussi de
déterminer les investigations à réaliser.
Le scanner n'a
pas d'indication dans cette pathologie. L'IRM est l'examen de choix pour
éliminer une cause centrale ou un neurinome de l'acoustique. Celui-ci n’est
plus opéré systématiquement.
Le traitement
médicamenteux est efficace sur la crise et souvent dans le traitement de
fond quand c’est nécessaire. Les manœuvres libératoires ont des résultats
spectaculaires dans les vertiges positionnels, mais ils sont
malheureusement récidivants.
La rééducation
vestibulaire se développe pour aider les patients vertigineux chroniques à
harmoniser leur stratégie d’équilibration face à des conflits sensoriels
non résolus spontanément par l’activité habituelle du sujet.
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