EPU95 – Montmorency

Urologie et NŽphrologie

Mise ˆ jour du 30 Mai 2007*

DŽpistage du cancer de la prostate

Position officielle et attitude pratique

Pr. F. Desgrandchamps

Urologue H™pital Saint Louis – Paris

SŽance du 10 mai 2007

1.      LĠhistoire naturelle du cancer de la prostate

1.1. MŽthode

Elle a ŽtŽ bien ŽtudiŽe dans la publication de PC. Albertsen (JAMA 1998:280:975 et 2005 ;293:2095-2101). Cet auteur a ŽtudiŽ, rŽtrospectivement, lĠŽvolution sur 10 ˆ 20 ans, de 767 cancers de la prostate diagnostiquŽs cliniquement de 1971 ˆ 1984. Il a, ensuite, comparŽ la mortalitŽ par cancer de la prostate (en rouge) ou pour dĠautres raisons en lĠabsence de traitement et en cas de traitement du cancer de la prostate.

1.2. RŽsultats

Au terme du suivi, pendant 21 ans en moyenne, de 223 patients porteurs dĠun cancer de la prostate simplement surveillŽ, 91% des patients Žtaient dŽcŽdŽs mais, seuls 16% dĠentre eux Žtaient dŽcŽdŽs de cancer de la prostate.

Le facteur prŽdictif de dŽcs le plus puissant Žtait le score de Gleason. Sans traitement, la survie spŽcifique ˆ 20 ans des patients porteurs dĠun cancer localisŽ bien diffŽrenciŽ (score < 6) Žtait de 72 % ! Pour des scores de Gleason supŽrieurs ˆ 6, la probabilitŽ de mourir dĠun cancer de la prostate augmente trs fortement, ce dĠautant que le cancer a ŽtŽ dŽtectŽ jeune.

1.3. Implications

Le score de Gleason sur les biopsies et la vŽlocitŽ prŽthŽrapeutique du PSA sont donc de trs puissants facteurs prŽdictifs de succs dĠun traitement ˆ visŽe curative. Cependant, la vŽritable difficultŽ est la quasi-impossibilitŽ de prŽdire de faon fiable le pronostic individuel de chaque patient.

2.    Recommandations de septembre 2004 sur le dŽpistage

2.1. BŽnŽfice en matire de santŽ publique dĠun dŽpistage

(ƒlŽments dĠinformation des hommes envisageant la rŽalisation dĠun dŽpistage individuel du cancer de la prostate)

DŽpistage systŽmatique par PSA

Ç Le bŽnŽfice en termes de rŽduction de mortalitŽ globale dĠun dŽpistage systŽmatique du cancer de la prostate par le dosage du PSA sŽrique total nĠest pas dŽmontrŽ. È

DŽpistage individuel par PSA

En quoi consiste le dŽpistage individuel ?

Il sĠagit dĠun dŽpistage proposŽ individuellement sur la base de facteurs de risque personnels, par exemple, ‰ge ou antŽcŽdents familiaux, ou rŽalisŽ ˆ la demande du patient.

Son objectif est dĠaboutir ˆ un diagnostic le plus prŽcoce possible, cĠest-ˆ-dire ˆ des stades o le cancer est encore curable. Deux examens peuvent tre proposŽs :

4  Le toucher rectal

4  Le dosage sanguin du PSA.

Le toucher rectal (TR) permet parfois de sentir un nodule dur au niveau de la prostate. Cette perception est nŽanmoins inconstante. LĠassociation du TR et du dosage du PSA est plus performante.

Si un dosage du PSA est envisagŽ, le diagnostic du cancer de la prostate ne sera confirmŽ quĠaprs la rŽalisation de biopsies prostatiques ˆ lĠaiguille fine comprenant 6 ˆ 12 carottes ŽtagŽes de la base ˆ la partie moyenne et ˆ l'apex, du lobe droit et du lobe gauche. On parle de biopsies de Ç saturation È lorsque 24 ˆ 35 prŽlvements sont effectuŽs sur toutes les zones de la prostate

LĠŽchographie nĠa dĠutilitŽ que pour guider les biopsies. De plus, aucune technique dĠimagerie mŽdicale ne permet le diagnostic de cancer de la prostate.

Les recommandations actuelles

Ç Les rŽsultats des Žtudes portant sur le dŽpistage systŽmatique ne permettent pas de conclure sur lĠopportunitŽ dĠun dŽpistage individuel. È

Ç Lorsque la dŽmarche est envisagŽe, la dŽcision doit tre partagŽe avec la personne qui consulte. Elle relve de son apprŽciation individuelle en fonction notamment de son anxiŽtŽ et de son aversion pour le risque. È

Ç Cette dŽcision doit tre ŽclairŽe par une information claire, objective et hiŽrarchisŽe non seulement sur les bŽnŽfices potentiels escomptŽs mais Žgalement les risques auxquels pourrait lĠexposer ce choix, notamment en termes dĠeffets indŽsirables et de qualitŽ de vie.

Le groupe rŽaffirme la primautŽ de lĠinformation orale et considre quĠil est utile quĠune information Žcrite soit communiquŽe au patient afin de lĠaider dans sa rŽflexion È.

Ç Ces conclusions seront ˆ rŽŽvaluer ˆ la lumire des rŽsultats apportŽs par les 2 Žtudes PLOC et ERSPC en cours È

2.2. Le PSA

GŽnŽralitŽs

Le PSA (Prostatic Specific Antigen) a ŽtŽ caractŽrisŽ au dŽbut des annŽes 1970. CĠest une enzyme (protŽase) produite par les cellules de la prostate. Cette enzyme Žvite la coagulation du liquide sŽminal et est responsable, notamment, de la liquŽfaction du sperme. Le PSA est secrŽtŽ par les cellules normales de la prostate et par les cellules tumorales.

De 70 ˆ 90% du PSA circulant sont liŽs ˆ une enzyme, lĠalpha1-antichymotrypsine. LĠautre fraction, non liŽe ˆ lĠACT, est dite Ç libre È. La mesure du Ç PSA libre È est peu utile pour le diagnostic mais importante dans le suivi.

Ë partir de quel seuil, un Ç PSA È est-il anormal ?

Le PSA est un marqueur dĠorgane et non de pathologie, cependant, une Ç valeur seuil È lui est attribuŽe pour recommander la rŽalisation de biopsies. La valeur du PSA, de plus, doit tre interprŽtŽe en fonction du contexte clinique.

Une valeur supŽrieure ˆ 4 microgrammes par litre (mg/l) [ou nanogrammes par millilitre (ng/ml)] est gŽnŽralement considŽrŽe comme anormale. Ceci dŽpend nŽanmoins de lĠ‰ge de la personne et de la taille de sa prostate.

Il faut insister sur le fait que lĠutilisation du PSA pour le dŽpistage du cancer de la prostate est frappŽe dĠun paradoxe : plus on abaisse sa Ç valeur seuil È pour rŽaliser des biopsies, plus on augmente la probabilitŽ de diagnostiquer un cancer, mais aussi la probabilitŽ de diagnostiquer un cancer ayant des caractŽristiques favorables !

Comment amŽliorer la sensibilitŽ de la mesure ?

La sensibilitŽ du dosage du PSA peut tre amŽliorŽe. Pour ce faire, on peut :

4  Ajuster le dosage ˆ l'‰ge du patient,

4  Mesurer de la vŽlocitŽ du taux du Ç PSA È qui reprŽsente lĠŽvolution des taux sur un an. Une ŽlŽvation de 0.75 ng/ml/an serait en faveur dĠun cancer.

4  DŽterminer le temps de doublement du PSA ou Ç PSADT È, mesure utile pour suivre lĠŽvolution aux stades initiaux.

4  Evaluer la densitŽ du Ç PSA È en rapportant la valeur du PSA au volume prostatique : 1 µg/l/10 cc volume de prostate.

4  Calculer le rapport Ç PSA libre / PSA total È ; pour un taux de Ç PSA total È compris entre 4 et 10 ng/ml,

o   Un rapport PSA libre / PSA total <5% est Žvocateur dĠun cancer

o   Un rapport Ç PSA libre / PSA total È >30% est plus en faveur dĠune maladie bŽnigne de la prostate.

Si un homme a un PSA supŽrieur ˆ la normale, quel risque a-t-il dĠavoir un cancer de la prostate ?

Lorsque la valeur du PSA est supŽrieure ˆ 4 ng/ml, un cancer de la prostate est diagnostiquŽ environ 3 fois sur 10 avec la biopsie prostatique de confirmation.

Si le PSA est normal, cela signifie-t-il que lĠon nĠa rien ?

Lorsque le PSA est normal, cela signifie 9 fois sur 10 quĠil nĠy a pas de cancer. En revanche, il se peut quĠune anomalie soit quand mme dŽtectable avec le toucher rectal. Ceci explique lĠintŽrt de combiner le toucher rectal et le PSA pour faire le diagnostic du cancer de la prostate.

3.    Traitement du Cancer LocalisŽ de la Prostate

Tout dĠabord ne pas confondre, dŽpistage et traitement !

3.1. Les options

Plusieurs options sont envisageables :

4  La prostatectomie radicale, ˆ Ç ciel Ouvert È ou laparoscopique

4  La radiothŽrapie externe

4  La curiethŽrapie

4  Les ultrasons FocalisŽs

3.2. La prostatectomie radicale

La prostatectomie totale est le traitement de rŽfŽrence chez lĠhomme de moins de 70 ans, avec une espŽrance de vie supŽrieure ˆ 10 ans. Elle peut tre rŽalisŽe par voie chirurgicale ouverte rŽtro-pubienne ou par voie laparoscopique trans- ou extrapŽritonŽale.

Elle est, ˆ ce stade ˆ visŽe curative. Les suites opŽratoires sont fonction dĠun certain nombre de rgles.

4  La morbiditŽ post-opŽratoire est souvent liŽe ˆ une atteinte des plexus veineux

4  La non prŽservation des nerfs Žrecteurs est ˆ lĠorigine de lĠimpuissance

4  La prŽservation du col vŽsical et la rŽalisation dĠun ourlement muqueux permettent de diminuer le risque dĠincontinence

4  La prŽsence de Ç marges positives È est un signal faisant redouter la rŽcidive

La technique coelioscopique permet, elle aussi, la dissection des bandelettes neurovasculaires et du col de la vessie et la rŽalisation de lĠanastomose urethro-vŽsicale.

Le dŽbat sur le choix entre les deux techniques nĠest pas encore clos. Si les rŽsultats immŽdiats sont comparables, la technique manque encore de recul (Jour. Urology 2005;173:1072-9)

En rŽsumŽÉ Plus le sujet est jeune, plus il faut opŽrer !

3.3. La radiothŽrapie externe

La technique

De nos jours, elle fait appel ˆ la radiothŽrapie conformationnelle tridimensionnelle rŽalisŽe ˆ partir de coupes scannographiques. Elle permet de restreindre plus prŽcisŽment lĠirradiation au volume cible, de diminuer le risque de complication tardive ˆ dose Žgale et dĠaugmenter la dose dŽlivrŽe ˆ la prostate

Le rayonnement utilisŽ fait appel aux photons de trs haute Žnergie (> 10 Mv) dĠun accŽlŽrateur linŽaire.

La dose standard minimale est de 70 Gy en 35 fractions pour les cancers ˆ faible risque (PSA<10 ng/ml). Les cancers de risque intermŽdiaire et de haut risque bŽnŽficient dĠune augmentation de dose > 74 Gy.

Complications.

Des complications immŽdiates transitoires urinaires (pollakiurie, hŽmaturie, impŽriositŽs mictionnelles, incontinence) ou rectales (diarrhŽes, rectorragies) sont relativement frŽquentes

Les complications chroniques sont rares et les troubles de lĠŽrection sont de survenue diffŽrŽe.

3.4. La curiethŽrapie

La technique

La curiethŽrapie exclusive utilise des implants permanents dĠIode 125

Il a ŽtŽ mise au point au dŽbut des annŽes 80 (Holm HH, Juul N, Pedersen JF : Transperineal 125 iodine seed implantation in prostate cancer guided by transrectalultrasonography. J Urol 1983;130:283-286)

Elle est surtout indiquŽe pour le traitement de cancer de la prostate ˆ faible risque Žvolutif : cancer localisŽ ˆ un lobe, bien diffŽrenciŽ, sans grade 4 de Gleason prŽdominant et avec un PSA < 10 ng/ml.

Un volume prostatique supŽrieur ˆ 50-60 cm3 et/ou lĠexistence dĠune hypertrophie du lobe mŽdian, un antŽcŽdent de rŽsection constituent des contre-indications. LĠexistence de sympt™mes obstructifs est une contre-indication relative.

LĠimplantation se fait par voie pŽrinŽale sous contr™le Žchographique au cours dĠune anesthŽsie gŽnŽrale ou pŽridurale; une technique dĠimplantation pŽriphŽrique modifiŽe est recommandŽe afin de limiter le risque de surdosage urŽtral.

La dose efficace recommandŽe est de 140 Gy pour une curiethŽrapie exclusive utilisant lĠIode 125.

Actuellement, on a tendance ˆ favoriser les Ç grains liŽs È par rapport aux Ç grains libres È.

En rŽsumŽ, les indications

4  Gleason < 6

4  PSA < 10 ng/ml

4  Poids de prostate < 50 g

Les limites

Elle nĠest applicable quĠaux cancers de bon pronostic. Elle est dŽpendante de Ç lĠimplanteur È.

Les troubles mictionnels immŽdiatement aprs implantation sont trs frŽquents (dysurie, pollakiurie, impŽriositŽs) et ce, dĠautant plus quĠil existe des troubles mictionnels prŽalables. Ils sont en majoritŽ rŽsolutifs dans lĠannŽe qui suit le traitement. Il existe un risque ŽlevŽ dĠimpuissance.

3.5. LĠHIFU (AblathermŞ)

La technique

Le traitement par ultrasons focalisŽs de haute intensitŽ (HIFU) consiste ˆ obtenir une nŽcrose tissulaire en dŽlivrant un faisceau dĠultrasons focalisŽ par voie transrectale, sous contr™le Žchographique. Ce traitement est le plus souvent effectuŽ aprs rŽalisation dĠune rŽsection transurŽthrale de la prostate pour diminuer le risque de rŽtention urinaire post-thŽrapeutique.

Les indications de traitement par HIFU du cancer de prostate ont ŽtŽ rŽcemment prŽcisŽes. Il sĠagit dĠun traitement pour les cancers de la prostate localisŽs chez des patients ‰gŽs de plus de 70 ans, dont lĠespŽrance de vie est au moins de 7 ans (ou ˆ des patients plus jeunes lorsque existent des co-morbiditŽs). La tumeur doit tre de stade clinique < T2, avec une valeur de PSA < 15 ng/ml et un score de Gleason < 7. Le volume prostatique doit tre infŽrieur ˆ 50 ml.

Les limites

Les principales complications sont des sclŽroses du col (9%) et une incontinence dĠeffort (13 %). Une impuissance est rapportŽe chez 64% des patients, dĠ‰ge moyen 72 ans.

3.6. Quelle option de traitement choisir ?

LĠefficacitŽ relative des techniques (hors HIFU)

LĠarbre dŽcisionnel a ŽtŽ prŽcisŽ par une Žtude rŽtrospective de 1872 patients (DĠAmico et al. 1998;20:969) comparant lĠefficacitŽ relative de la chirurgie, de radiothŽrapie et de lĠhormonothŽrapie. LĠŽchec biochimique Žtait dŽfini par 3 ŽlŽvations du PSA ˆ 3 mois

4  Risque faible de rŽcidive : Pas de diffŽrence entre les techniques

4  Risque intermŽdiaire : augmentation du risque dĠŽchec pour la radiothŽrapie et lĠhormonothŽrapie (RR = 3.1) par rapport ˆ la chirurgie

4  Risque ŽlevŽ de rŽcidive : augmentation du risque dĠŽchec pour la radiothŽrapie et lĠhormonothŽrapie (RR = 3.0) par rapport ˆ la chirurgie

La tolŽrance

Les principaux effets secondaires des traitements curatifs ˆ 1 an, sont rŽsumŽs dans le tableau ci-dessous.

 

 

Incontinence

Urinaire

Autres troubles

urinaires

Troubles Erection

Absence dĠŽjaculation

Troubles Digestifs

Prostactectomie

RadiothŽrapie ext.t

CuriethŽrapie

4 – 39 %

0- 13 %

6 – 15 %

-

3 - 36 %

0 - 18 %

20 – 80 %

4 - 55 %

5 - 70 %

100 %

-

-

-

1 - 36 %

5 - 19 %

 

4.    La surveillance active

4.1. Le concept

Elle est une option car le cancer de la prostate a une Žvolution spontanŽe est plus lente que la plupart des autres tumeurs, et il est diagnostiquŽ chez patients, ‰gŽs entre 65 et 70 ans en moyenne en France, lors du diagnostic, lĠ‰ge des patients dŽterminant lĠespŽrance de vie. Ces donnŽes sont rŽsumŽes dans le tableau ci-dessous.

 

EspŽrance de vie ˆ

60 ans

70 ans

75 ans

Population gŽnŽrale

Cancer prostatique

Gleason 2-4

Gleason 5-7

Gleason 8-10

15,8

10,6

16,1

11,3

7,9

12,7

8,2

13

8,8

5,9

10

6,2

10,2

6,7

4,4

 

Par ce terme, on dŽsigne quĠune surveillance initiale, par un dosage rŽgulier du PSA, est entreprise puis, avant que soit Žventuellement proposŽ un traitement.

4.2. DonnŽes de la littŽrature

Classiques

La survie des patients atteints de cancers localisŽs traitŽs ainsi a ŽtŽ rapportŽe dans plusieurs Žtudes et cela a permis dĠestimer que pour le patient risque de mourir du cancer, lĠespŽrance de vie doit tre dĠau moins 10 ans lors du diagnostic initial.

Cette estimation globale doit tre cependant nuancŽe en fonction de la diffŽrenciation tumorale, car le risque de mŽtastases et de dŽcs par cancer ˆ 10 ans varie en fonction de ce paramtre. Le risque de mŽtastases ˆ 10 ans du diagnostic est de 19, 42 ou 74 % selon que la tumeur est bien, moyennement ou peu diffŽrenciŽe. De la mme faon, plus la tumeur est indiffŽrenciŽe, plus la vitesse dĠŽvolution et le risque de dŽcs par cancer augmentent.

Globalement, le nombre dĠannŽes de vie perdues par un patient atteint de cancer localisŽ serait de 3,8 ˆ 5,2 ans par rapport ˆ un individu sain du mme ‰ge.

Il appara”t que si les tumeurs de petite taille et bien diffŽrenciŽes (qui reprŽsentent cependant moins de 10 % des cas de cancers), sont dĠŽvolution lente et ont peu de consŽquences chez les hommes de plus de 65 ans, en revanche, la rŽduction de la durŽe de vie est dĠautant plus importante que la tumeur est moins diffŽrenciŽe.

European Randomized Study of Screening for Prostate cancer (ERSCP)

Une surveillance active a ŽtŽ mise en place chez 278 patients un dosage de PSA tous les 6 mois. Avec 2.5 ans de recul, seuls 29% des patients sont traitŽs

4  Prostatectomie radicale : 16%

4  RadiothŽrapie : 68%

4  HormonothŽrapie : 16%

Les facteurs pronostiques, pour diffŽrer la mise en route du traitement, dans cette Žtude ont ŽtŽ :

4  Un PSA initial infŽrieur ˆ 5 ng/ml

4  Un doublement du PSA au-delˆ de 5ans

En rŽsumŽÉ

Une surveillance active est possible, lorsque le cancer de la prostate possde toutes les caractŽristiques suivantes :

4  Un score de Gleason < 7

4  Un tumeur < T1C

4  Un PSA < 4 ng/ml

5.    Comment prŽvenir et traiter le cancer de la prostate par lĠalimentation ?

5.1. Les constations

Les observations ŽpidŽmiologiques qui avaient montrŽ lĠincidence croissante des cancers de la prostate Ç cliniques È (symptomatiques) chez les populations migrantes de lĠAsie vers les Etats-Unis ont ŽtŽ les premires ˆ faire suspecter le r™le de facteurs dĠenvironnement tels que lĠalimentation dans la carcinogense prostatique. Alors que des Žtudes autopsiques chez des hommes dŽcŽdŽs dĠautres causes que le cancer de la prostate avaient montrŽ la mme frŽquence de lŽsions Ç histologiques È (infracliniques) de cancers chez les AmŽricains et les Asiatiques vivant dans leurs pays respectifs, il existait une plus grande frŽquence de cancers cliniques chez les migrants asiatiques que dans leur pays dĠorigine. LĠhypothse Žtait que les Asiatiques migrants avaient changŽ de mode de vie en particulier alimentaire et que des facteurs carcinognes pouvaient exister dans lĠalimentation aux ƒtats-Unis ou encore que lĠalimentation asiatique abandonnŽe par les migrants avait un effet protecteur, conduisant ˆ une progression des cancers purement histologiques vers des cancers Ç cliniques È. Les habitudes alimentaires diffŽrentes entre les deux populations ont conduit ˆ Žtudier les aliments concernŽs.

LĠexpŽrimentation sur des modles animaux vient apporter des arguments complŽmentaires importants en tenant compte toutefois de la difficultŽ dĠextrapoler les rŽsultats ˆ lĠespce humaine.

5.2. Quels conseils donner ˆ vos patients ?

3 conseils diŽtŽtiques ˆ donner aux patients

Mangez moins !

Il existe une association positive entre le cancer de la prostate (tous stades confondus) et la quantitŽ totale dĠŽnergie ingŽrŽe.

LĠassociation est plus forte avec le cancer avancŽ avec un risque de 70% plus ŽlevŽ pour le plus haut quartile vs le plus faible (Andersson SO. Int J Cancer 68:716-722,1996)

La quantitŽ totale dĠŽnergie absorbŽe est liŽe au cancer de la prostate prŽclinique (Meyer F .Nutrition and Cancer 29:120-126,1997)

Cependant, il nĠy a pas de relation claire entre obŽsitŽ ou lĠadipositŽ.

Mangez mieux en rŽduisant les graisses animales !

Les aliments ˆ risque

La viande rouge a ŽtŽ incriminŽe, en particulier en cas de cuisson ˆ haute tempŽrature. LĠalimentation riche en graisses augmenterait le risque essentiellement par le biais des acides gras poly-insaturŽs (graisses vŽgŽtales et poissons) (acide alpha linolŽnique omŽga-3) selon des mŽcanismes divers : augmentation du taux dĠhormones sexuelles, rŽponse immunitaire, composition des membranes cellulaires en phospholipides, formation de radicaux libres, diminution de la vitamine D, augmentation de lĠIGF-1, ou action sur le 5-alpha-rŽductase-de type 2.

Les omŽga-6, contenus dans lĠhuile de ma•s, de tournesol, de soja ou de pŽpins de raisin favorise la croissance tumorale expŽrimentale.

Les omŽga-3, contenus dans lĠhuile de poisson, de colza, de noix ou de germe de blŽ, rŽduisent la croissance tumorale

Les donnŽes de la littŽrature

Elles sont rŽsumŽes ci-dessous.

 

 

Etudes cas contr™les

Etudes de cohortes

Nbre dĠŽtudes

Nbre de patients

Association positive avec les graisses

Risque relatif

14

4797 versus 5779

11/14

 

1,3 È ˆ 3,4

5

98 ˆ 924

4/5

 

1,8 ˆ 2,4

 

Cancer de la prostate et graisses saturŽes

Le dessin de lĠŽtude

ƒtude prospective de 384 hommes avec un cancer de la prostate ŽvoluŽ. Suivi mŽdian 5,2 ans.

32 dŽcs par cancer ; enqute diŽtŽtique 3 mois aprs le diagnostic

RŽsultats

Aprs ajustement de lĠ‰ge, du stade, du grade, du type de traitement et de la quantitŽ totale de calories ingŽrŽe, la consommation de graisses saturŽes est un facteur de risque de dŽcs par cancer de la prostate  HR = 3,1 (de 1,3 ˆ 7,7). - (Meyer Cancer Causes Control 1998;10:245-51)

5.3. Mangez des tomates ! cuites et avec de lĠhuileÉ

Les pigments carotŽno•des

Il en existe deux types :

4  La pro-Vitamine A  bta-carotne  carottes

4  La non-Provitamine A  Lycopne  tomates

PrŽsent en grande quantitŽ dans les tomates, ce carotŽno•de antioxydant aurait un r™le protecteur.

LĠeffet protecteur

Les aliments ˆ base de tomates semblent tre dĠun bŽnŽfice particulier contre le risque de cancer de la prostate. Cette protection existe quelque soit la forme alimentaire : sauce tomate, tomates ou Pizza

Une Žtude randomisŽe prospective a mesurŽ lĠeffet du lycopne sur le cancer de la prostate chez 26 patients (14 T1 et 12 T2) devant subir une prostatectomie radicale. Dans le groupe traitŽ, en prŽopŽratoire pendant 21 jours par 15 mg/jour de lycopŽne, 73% versus 18% avait des marges nŽgatives et prŽsentait une diminution moyenne de 18% du PSA contre une augmentation de 14% dans le groupe tŽmoin (Kucuk O. 2001)  .

LŽsions oxydatives de lĠADN chez des patients ayant un cancer de la prostate et consommant des entrŽes ˆ base de sauce tomate

32 patients consommant, en prŽopŽratoire, pendant 21 jours avant une prostatectomie radicale, de la sauce spaghetti (Hunt-Wesson Inc) contenant 30 mg de lycopŽne dans 200g de sauce/ jour. Chez les malades traitŽs, on observe une baisse significative du rapport 8-hydroxy-2 Ġ- desoxyguanosine sur 2 Ġ- desoxyguanosine, marqueur de la diminution dĠun stress oxydatif. Paralllement le taux du PSA est rŽduit de 10,9 (8,7 ˆ 12,2) ˆ 8,7 ng/ml (6,8 ˆ 10,6).

Une Žtude rŽcente a confirmŽ la sŽcuritŽ dĠutilisation du lycopŽne jusquĠˆ 120 mg/jour, sans montrer, toutefois dĠeffet sur le PSA (Clark PE Urology 2006).

5.4. Les autres aliments protecteurs

Certains aliments ont ŽtŽ promus au rang de facteurs protecteurs, voire de vŽritables alicaments pour la prŽvention du cancer de la prostate, car leur consommation est corrŽlŽe ˆ une diminution du risque de cancer de la prostate.

Phyto-estrognes

Le soja contribue beaucoup plus ˆ lĠalimentation des pays de lĠEst que de lĠOuest. Les aliments ˆ base de soja contiennent des isoflavones qui ont une faible activitŽ ÏstrogŽnique. La gŽnistŽine est lĠisoflavone prŽdominant et possde des propriŽtŽs inhibitrices des rŽcepteurs de la tyrosine kinase (epidermal growth factor receptor [EGFR], her2/neu) impliquŽs dans la carcinogense prostatique. Cependant, des Žtudes portant sur des rŽgimes alimentaires, ˆ base de soja, nĠont pas montrŽ dĠeffets significatifs sur la croissance tumorale de diffŽrents modles expŽrimentaux de cancer de la prostate

(Soy and cancer: seeds of answers, but no fruit. Christensen D. J Natl Cancer Inst. 2005)

SŽlŽnium et cancer de la prostate

Ce microŽlŽment dĠorigine minŽrale est un composant de la gluthation peroxydase antioxydante. La concentration en sŽlŽnium, ŽlŽment essentiel, est faible dans le sol des rŽgions o lĠincidence du cancer de la prostate est ŽlevŽe, et forte o lĠincidence du cancer de la prostate est basse. Des Žtudes prospectives ont confirmŽ son r™le protecteur. Une supplŽmentation en sŽlŽnium rŽduit de 63 % le risque dĠavoir un cancer de la prostate

Une prŽvention aux doses ŽtudiŽes (200 lg/j) est envisageable avec une faible toxicitŽ digestive.

Des Žtudes prŽliminaires prospectives sont en cours, en particulier chez les hommes ˆ risque ŽlevŽ de cancer de la prostate.

La vitamine A

CĠest un antioxydant que lĠon trouve sous deux formes dans lĠalimentation

4  Le rŽtinol : huile de poisson, foie de veau, jaune dĠÏuf, lait É

4  Carotne : carotte, Žpinard, persil, brocoli, foie de veau, jaune dĠÏuf, lait É

Des Žtudes ŽpidŽmiologiques nĠont pas montrŽ dĠeffet protecteur de la vitamine A pour le cancer de la prostate

La vitamine C et cancer de la prostate

Il nĠy a pas de relation constante Žtablie entre le cancer de la prostate et la vitamine C

La vitamine D et cancer de la prostate

Il existe une relation inverse entre lĠexposition aux UV et le cancer de la prostate. Aucune Žtude contr™lŽe sur lĠeffet dĠun supplŽment en vitamine D sur lĠincidence du cancer de la prostate nĠest actuellement disponible.

Une Žtude portant sur 15 patients traitŽs par 2000 UI de choleciferol a montrŽ chez 9 patients une baisse ou une stabilisation du PSA associŽ ˆ un allongement du temps de doublement.

La star du moment, les polyphŽnols du jus de grenade !

Des Žtudes expŽrimentales portant sur la croissance et lĠapoptose des cellules de cancer de la prostate ont montrŽ un effet positif du jus de grenade. Ces rŽsultats ont ŽtŽ confirmŽs par une Žtude de Phase II qui a montrŽ que la consommation de lĠŽquivalent de 570 mg de polyphŽnol par jour, aboutissait ˆ un allongement significatif du temps de doublement du PSA (15 mois avant traitement ; 54 mois aprs - P < 0.001).

Les polyphŽnols du thŽ vert

Le thŽ vert a des propriŽtŽs anti-oxydantes par le biais de polyphŽnols (epigallocatechin-3-gallate –

EGCG) et leur action antiprolifŽrative est double, en raison :

4  De propriŽtŽs pro-apoptotiques, dŽmontrŽes expŽrimentalement

4  DĠune inhibition de lĠornithine dŽcarboxylase, enzyme associŽe ˆ la prolifŽration dans le cancer de la prostate.

Le thŽ vert, ainsi que le difluoromŽthyl ornithine (DFMO), inhibiteur de lĠornithine dŽcarboxylase, sont des candidats potentiels.

ƒtude SU.VI.MAX (SUpplŽmentation VItaminique et MinŽrale en AntioXydant)

Cette Žtude a testŽ lĠimpact dĠun apport supplŽmentaire en vitamines et minŽraux oxydants : 6 mg de beta-carotne ; 120 mg de vitamine C ; 30 mg de vitamine E ; 100 µg de sŽlŽnium ; 20 mg de zinc sur 13 535 sujets suivis pendant 7 ans.

Les rŽsultats, officieux de cette Žtude montreraient une baisse de 31% de lĠincidence des cancers chez lĠhomme !

6.    Conclusion

Il faut dŽpister le cancer de la prostate

DŽpister un cancer de la prostate nĠest pas synonyme de traiter !

LĠavenir passe par la prŽvention de la progression

4  Par la diŽtŽtique

4  Par certains mŽdicaments comme les inhibiteurs de la 5-alpha-rŽducatse

 

Le systme de gradation de Gleason

Il distingue 5 grades correspondant ˆ des tumeurs de diffŽrenciation dŽcroissante. Les caractŽristiques des 5 grades sont prŽsentŽes dans le tableau ci-dessous.

 

Grade

Glandes tumorales/ŽpithŽlium

Aspects histologiques

1

ProlifŽration monotone de glandes simples, arrondies, Žtroitement regroupŽes.

Nodules arrondis aux bords bien dessinŽs.

2

Glandes simples, arrondies, plus dispersŽes.

Masses vaguement arrondies, aux bords mal dŽfinis.

3A

Glandes simples, de taille moyenne, de forme, de taille et dĠespacement irrŽguliers.

Masses irrŽgulires aux bords dŽchiquetŽs.

3B

Glandes simples, de trs petite taille, de forme, de taille et dĠespacement irrŽguliers.

Masses irrŽgulires aux bords dŽchiquetŽs.

3C

Massifs ŽpithŽliaux cribriformes ou papillaires, ˆ bords rŽguliers.

Zones irrŽgulires constituŽes de cylindres massifs et arrondis.

4A

Massifs ŽpithŽliaux de glandes fusionnŽes.

Massifs et cordons irrŽguliers de glandes fusionnŽes.

4B

Mme aspect que 4A, avec prŽsence de cellules claires.

Massifs et cordons irrŽguliers ; aspect dĠhypernŽphrome.

5A

Massifs arrondis, papillaires ou cribriformes avec nŽcrose centrale.

Cylindres et massifs arrondis disposŽs de faon variable, avec nŽcrose (Ç comŽdocarcinome È).

5B

AdŽnocarcinome anaplasique.

Massifs trs irrŽguliers.

 

Le score de Gleason sĠŽtablit en additionnant les grades de deux Žchantillons de tissu les plus reprŽsentŽs. Le grade observŽ est multipliŽ par 2, lorsque les tumeurs sont homognes.

Ceci permet de calculer un score allant de 2 ˆ 10. Ce score a une valeur pronostique.

4  Un score de 2 ˆ 5 est considŽrŽ de Ç bon pronostic È.

4  Des valeurs entre 6 ˆ 7 correspondent ˆ un Ç pronostic moyen È.

4  Un score au delˆ de 8 correspond ˆ un Ç pronostic rŽservŽ È.