Diagnostic des maladies
gntiques : bnfices et limites
Pr. S.
Lyonnet
Gnticien dans le Dpartement de gntique Hpital Necker – Enfants Malades
Sance du 6 dcembre 2001
Il ne sera pas fait rponse ce soir la question concernant lĠavenir de la consultation en mdecine gnrale : Ç est-ce que la gntique pourra modifier rellement la pratique de la mdecine gnrale ? È.
Si on arrive une mdecine trs prdictive (prventive) en dpistant les facteurs de risque majeurs comme pour lĠathrome, le diabte, lĠobsit, É la gntique pourra peut-tre aider une reconnaissance des personnes risque dans la population des patients dĠun mdecin quel que soit sa discipline mais plus particulirement dĠun mdecin gnraliste.
Aller plus loin, est un espoir probablement trs fantasmagorique, car lĠon prte la gntique beaucoup de qualits quĠelle nĠa pas, notamment la qualit de prdire.
A lĠaide de quelques exemples tirs dĠune gntique trs pdiatrique, il est facile de dmontrer la trs grande difficult de la gntique prdire, programmer, dterminer ne serait-ce que la clinique.
Les maladies gntiques prsentant une homognit alllique sont peu nombreuses. Elles se dfinissent par des caractres cliniques toujours identiques, et ces maladies correspondent toujours la mme mutation dĠun gne sur un chromosome donn.
CĠest une maladie autosomique dominante (mutation FGF-R3), 1 cas pour 10 000 naissances. CĠest une de ces maladies avec Ç homognit gntique È, dont lĠaspect bien t mis en vidence par une peinture de Vlasquez reprsentant un achondroplase.
A un phnotype achondroplasique correspond une mutation. JusquĠ prsent, 100% des achondroplases tudis dans le monde entier ont la mme mutation du mme gne, avec une anomalie trs ponctuelle trs prcise dĠun gne qui est un rcepteur dĠun facteur de croissance.
L, on
est dans une des rares situations gntiques o si cette mutation existe, on a
obligatoirement une achondroplasie et sĠil existe une achondroplasie, on a
toujours cette mutation.
Cette homognit gntique est exceptionnelle et ne concerne que quelques maladies o une mutation gale une maladie gntique (mutation dans un gne) et o une maladie est toujours gale la mme mutation.
CĠest une maladie autosomique rcessive. La drpanocytose est galement une maladie o il existe cette homognit gntique
La maladie de Werdnig Hoffmann, touche des enfants. Ils prsentent une maladie neurologique progressive de la corne antrieure qui peut sĠexprimer de faon diffrente :
4 Type 1 : survenant trs tt pendant la premire anne de vie emportant les enfants en quelques mois dans une dtresse respiratoire dramatique (parce quĠon les voit disparatre et eux se voient disparatre car leur intelligence est normale) ;
4 Type 2 : les enfants nĠatteignent pas la marche
4 Type 3 : les enfants atteignent la marche et la station debout mais les perdent ensuite.
Tous ces enfants, sans exception, ont une mutation identique du gne Ç SMN È qui a t trouv par lĠquipe de Judith Melki il y a 10 ans. CĠest ici trs important, car le diagnostic est trs prdictif.
Si on redoute une amyotrophie spinale infantile chez un enfant, on nĠa plus besoin de faire de biopsie musculaire, ni dĠEMG et de surajouter des souffrances cet enfant. Il faut faire un test gntique qui est un test de certitude.
Il y a trs peu dĠautres exemples de maladies comme celles-l o, un phnotype donn correspond une mutation localisation toujours identique. En rgle, la situation est beaucoup plus complexe.
Elles engendrent la complexit et font quĠon est loin dĠune mdecine prdictive en gntique. Mme pour les anomalies monogniques, les difficults sont loin dĠtre toujours absentes.
Voici quelques exemples de la complexit des relations entre une anomalie de lĠADN ou des chromosomes et une anomalie clinique.
Dans la plupart des maladies monogniques, la mutation est possible plusieurs endroits du mme gne, voire des dizaines dĠendroits. On nĠest plus une mutation possible sur un mme gne comme dans les cas du chapitre prcdent o il existe une homognit gntique.
Dans la mucoviscidose, lĠheure actuelle, on est mille mutations possibles. Il sĠagit pourtant, ici, dĠune maladie monognique autosomique rcessive :
4 deux parents htrozygotes,
4 1 enfant sur 4 atteint.
Derrire cette hrdit simple, et cette maladie reconnaissable facilement (test de la sueur), se cachent des gnotypes multiples, et les enfants peuvent trs bien tre F508 sur lĠallle mutant du pre et R 873Q sur lĠallle mutant de la mre. Cette situation est dj trs difficile reconnatre
Rarement, on connat lĠvnement gntique qui cause la maladie. Quand on connat, dans une famille donne, le type de mutation du gne, on peut la dpister par une mthode directe chez dĠautres lments de la famille. Il sĠagit dĠun dpistage par tude directe.
Trs souvent, on ne connat pas le type de mutation pour une famille particulire (mme en la cherchant bien par un squenage du gne qui peut durer des mois). On utilise alors une mthode indirecte. On va regarder quel est le chromosome 7 transmis aux enfants atteints par rapport au chromosome 7 des deux parents. Il y a 2 chromosomes chez le pre, P1 et P2 dont lĠun est atteint mais on ne sait pas lequel. La mre est M1 et M2, est l aussi lĠun des 2 chromosomes 7 est atteint. Deux enfants sont atteints, ils sont tous les deux concordants (mme gnotype). M1 de la mre a t transmis aux enfants atteints, cĠest donc M1 qui est porteur de la mutation, donc M2 est normal. P2 du pre a t transmis aux enfants. Donc cĠest P2 qui est mutant, donc le P1 est normal. Cela est un diagnostic indirect. On ne connat pas la mutation, mais les enfants atteints nous indiquent quels sont les chromosomes transmis par les parents. Si on fait un diagnostic prnatal et que lĠon a pour lĠenfant et cette famille donne P1 (bon allle du pre) et M2 (bon allle de la mre), on peut rassurer la famille car il est homozygote pour les deux allles normaux ; il est en bonne sant. Attention, le diagnostic indirect nĠest valable que lorsque :
4 On sait o se trouve le gne. Il y a 5 000 maladies gntiques et lĠon ne connat la localisation gntique que de quelques centaines dĠentre elles !
4 On a des marqueurs gntiques suffisamment proches du gne pour pratiquer une stratgie indirecte.
4 On a pris le soin de prlever de lĠADN des enfants atteints de la maladie qui peuvent tre morts. Si on nĠa pas lĠADN, on nĠa plus le fil conducteur quĠauraient pu indiquer ces enfants.
Le diagnostic direct est utilis chaque fois o lĠon connat la localisation de la mutation. Le recours au diagnostic indirect, bien que plus complexe envisager, comprendre, et mettre en Ïuvre, est cependant trs souvent ncessaire.
La gntique est une leon de diversit. Les individus sont trs diffrents tout en tant extrmement semblables, message important sur le plan philosophique, mais aussi un message important pour le conseil gntique :
4 Un gnticien Copenhague, par exemple, qui sĠintresse un enfant atteint de mucoviscidose, a une trs grande chance dĠarriver au diagnostic de la mutation, car il sait que 8 % des cas correspondent 7 mutations frquentes de mucoviscidose dont essentiellement la mutation F 508.
4 Pour un gnticien Jrusalem, cela nĠest plus vrai. A peine 15% des patients atteints de mucoviscidose ont la mutation F 508. Par contre, il faut chercher dĠabord une autre mutation qui est plus frquemment rencontre dans ce pays-l.
On peut sĠadresser une population faisant partie dĠune zone gographique o se trouve ce que lĠon appelle un Ç effet fondateur È, cĠest--dire quĠil existe dans cette zone une mutation responsable dĠune maladie :
4 La maladie de Steinert au Qubec,
4 LĠinsuffisance des surrnales congnitales lĠle de la Runion,
4 etcÉ
DĠo une gntique Ç faon È suivant la population sur laquelle on travaille !
En gntique, si des mutations diffrentes sur un mme gne peuvent entraner une maladie identique, il existe galement des situations o une altration identique dĠun gne correspond des maladies diffrentes. Il en est ainsi :
4 Une mutation dĠun gne, bien connue pour tre responsable dĠune hydrocphalie lie lĠX, donne un tableau dĠune grande hydrocphalie prnatale avec agnsie du corps calleux et des pouces en abduction. Il sĠagit dĠune maladie trs grave, malformative que les chographistes dcouvrent bien en cours de grossesse.
4 La mme altration du gne peut donner un syndrome diffrent que lĠon dcouvre chez lĠadulte : retard mental modr, aphasie, dmarche spastique !
Ces deux maladies lies au chromosome X nĠont pu tre rapproch lĠune de lĠautre que depuis peu.
4 Une maladie du fÏtus avec une grosse hydrocphalie touchant des familles o un garon sur deux est atteint
4 Une maladie dĠhomme adulte, de dcouverte tardive faite de retard mental, dĠaphasie et de dmarche spastique.
Si un gne peut donner plusieurs maladies, cela complique la recherche initiale, mais une fois la dcouverte faite, on le sait. Par contre, plusieurs gnes indpendants localiss des endroits diffrents dĠun chromosome ou sur des chromosomes diffrents peuvent tre responsables de maladies identiques.
La sclrose tubreuse de Bourneville est dfinie par des convulsions, des hamartomes et des tches cutanes achromiques.
Trois gnes ont t reconnus responsables : sur les chromosomes 16 ou 9 et un 3me non identifi actuellement.
Si dans une famille donne, on connat le gne responsable, on peut utiliser cette information gntique pour reconnatre les personnes conductrices htrozygotes et ventuellement faire un diagnostic prnatal.
Si on ne connat pas la mutation, comme cĠest souvent le cas, quel marqueur indirect va t-on sĠadresser (16 ou le 9) ? Cette situation dite dĠhtrognit gntique est une situation trs dlicate, car elle peut conduire des erreurs graves : dans la sclrose tubreuse de Bourneville, le phnotype est assez facilement reconnaissable.
CĠest aussi le cas dans la maladie des exostoses multiples, les myopathies lies des gnes diffrents et dont le dnombrement a bien avanc.
Mais si on sĠadresse des phnotypes beaucoup plus frquents et beaucoup plus difficiles de classement comme le retard mental gntique o il y a des centaines de gnes, on comprend que la difficult soit trs grande.
Dans le
cadre de la surdit autosomique dominante, il y a au moins 30 gnes de
surdit !
Certains individus sont Ç mosaques È, cĠest--dire quĠils sont mutants dans certaines de leurs cellules mais pas dans toutes.
CĠest la maladie qui a emport le pianiste M. Ptrucciani. CĠest une maladie autosomique dominante (transmission une fois sur deux quel que soit le sexe).
Il sĠagit dĠune maladie du collagne avec mutation de type 1. Cette maladie peut avoir des formes variables plus ou moins graves. Ce sont des sujets qui ont des fractures frquentes souvent ds la naissance (ctes), des tassements vertbraux dĠo leur petite taille, des sclrotiques bleues, des os wormiens (aspect en puzzle du crne).
Voici une famille : 1 homme qui sĠest mari deux fois, 2 enfants atteints. Quand on a un enfant atteint, on regarde les parents.
La mre
du 1Ħ lit nĠa pu tre tudie.
- La recherche de stigmates de la maladie chez le pre est reste ngative.
On peut voquer une mutation nouvelle : Ç le 1Ħ cas È. Il y a eu un changement gntique dans le gne du collagne. Les parents ont transmis des gnes normaux lĠenfant, mais il y a eu sur lĠun des gnes une mutation que lĠenfant pourra transmettre 50% de sa descendance. On donne alors un conseil gntique rassurant pour un prochain enfant.
Deuxime mariage, aprs une fille en bonne sant, est n un deuxime enfant atteint dĠostognse imparfaite. La foudre ne tombant pas deux fois au mme endroit, une tude approfondie gntique a montr que ce Monsieur tait porteur dĠune mutation du collagne sans signes cliniques de la maladie correspondante, mutation qui tait prsente dans ses cellules de reproduction. Il a dans ses spermatozodes une partie de leur population qui est normale et une autre porteuse de la mutation. Cet homme est mosaque.
Cette situation de mosaque ne serait pas exceptionnelle, elle est valable pour certaines myopathies notamment pour la maladie de Duchesne (5% des cas sporadiques).
La loi de Mendel dit quĠun gne se transmet
lĠidentique avec ou sans la mutation. Le gne est un lment stable,
transmissible, hritable. Cette notion
est remise en cause depuis 10 ans.
Certaines mutations sont instables, elles peuvent varier au fil des gnrations. LĠanomalie de lĠADN va changer au fil de la transmission de cet allle mutant une mutation gomtrie variable. Ici, il sĠagit de maladies frquentes. Ce nĠest pas comme dans lĠostognse imparfaite, peu frquente ; et mme si la mucoviscidose ou lĠatrophie spinale 2me maladie rcessive aprs la mucoviscidose sont plus frquentes, on nĠest pas dans les maladies frquentes.
CĠest
une maladie rcessive lie lĠX. CĠest dans une pathologie frquente.
Voici ce jeune garon, grandes oreilles, dysmorphie, prognatisme, retard mental svre avec des troubles du comportement qui frise lĠautisme. On ne peut pas faire le diagnostic sur la clinique : la macro-orchidie nĠexiste quĠaprs la pubert. Il sĠagit dĠune fragilit du chromosome X. On parle dĠun cas sur 2 3 000 naissances.
Une maladie lie lĠX, on sĠattend ce que les femmes ne soient pas atteintes et ce que les hommes atteints du gne soient tous atteints (comme dans lĠhmophilie, la myopathie de Duchesne, le daltonisme, É).
Les femmes sont conductrices nĠexpriment pas le gne parce quĠelles ont 2 chromosomes X, lĠun avec la mutation, lĠautre pas. Cette compensation fait quĠelles sont en bonne sant (en particulier dans lĠhmophilie).
Voici un tableau dĠune famille de sujets atteints de la fragilit du chr. X, o il existait des inconnues mal comprises :
- Des femmes atteintes, ce qui est contraire lĠhrdit rcessive lie lĠX
- Deux garons atteints et une sÏur atteinte, une mre dont on se dit quĠelle est conductrice. Mais son chromosome X, elle le tient de son pre qui nĠest pas atteint alors que celui-ci a un frre atteint. Cela nĠest pas trs comprhensible. Si le chromosome X avec la mutation de fragilit du ch. lie lĠX, chez ce grand oncle maternel est le mme que celui de son petit neveu, il a bien transit par le grand pre.
On sait maintenant que la fragilit lie lĠX est gomtrie variable.
Elle peut concerner des hommes qui sont des mles normaux, transmetteurs de la mutation qui chez eux se trouve une phase larve de pr-mutation. Cette pr-mutation peut se transmettre une femme qui va aggraver la mutation, lĠaccentuer et la transmettre avec un effet dltre ses enfants.
La rponse ce type dĠarbre gnalogique se trouve sur le schma suivant :
Ici deux garons, cousins germains, avec retard mental et une fragilit du ch. X cliniquement voqu. La mutation en question est une rptition de lĠADN en nombre variable de fois.
On a, lĠtat normal, cette rptition comme chez cette femme qui a 2 chromosomes X avec 30 rptitions de lĠADN (CGG) pour lĠun et 24 rptitions pour lĠautre.
Mais cet homme a 75 rptitions de lĠADN ; ici, on se trouve au del dĠun seuil qui nĠest plus tout fait normal ; lui, il le tolre trs bien : cĠest le mle transmetteur.
Cette rptition 75 sur son chromosome X, il la transmet ses deux filles (75 pour lĠune, 70 pour lĠautre). Ces femmes peuvent dsquilibrer cette mutation qui va passer chez le fils de lĠune de 70 540 fois la rptition de CGG et chez le fils de lĠautre de 75 450 la rptition. Il en est de mme chez la demi-sÏur (450) de ce dernier garon. Il existe une mutation instable dĠun ADN qui va sĠaccentuer en taille au fil des gnrations.
Cette dcouverte explique un certain nombre de maladies, en particulier la fragilit du chromosome X des garons normaux transmetteurs (frquent),
Les maladies gntiques o il y a un phnomne dit Ç dĠanticipation È, cĠest--dire un phnomne o plus les gnrations avancent dans une maladie, plus le phnotype est grave comme la maladie de Steinert
CĠest une maladie neuromusculaire que lĠon voit chez lĠadulte et lĠenfant parfois mme pendant la grossesse. CĠest la mme maladie, simplement il y a une aggravation au fil des gnrations : un grand pre avec une forme classique de Steinert, calvitie, myotonie, bloc A-V, va transmettre sa fille qui aura une forme plus prcoce avec une myotonie svre ; elle-mme va transmettre la mutation son enfant qui aura une forme ante-natale grave avec hydramnios et immobilit fÏtale.
On redcouvre ce que les anciens avaient prvu, pressenti en ayant voqu une anticipation. AujourdĠhui, lĠanticipation une base molculaire.
Les anciens avaient galement not que chez la souris, en particulier, certaines anomalies cliniques nĠtaient pas les mmes suivant que cĠtait un pre ou une mre qui transmettait lĠanomalie.
Dans certains endroits du gnome humain, on retrouve des diffrences de ce type. Le fait dĠavoir un accident gntique sur un allle paternel donne une maladie ou un syndrome diffrent de celui produit par le mme accident au niveau de lĠallle maternel correspondant. Ceci va galement lĠencontre des lois de Mendel.
Il est caractris par un retard mental trs profond, une ataxie, lĠabsence ou peu de langage, une microcphalie avec grande bouche, souvent des convulsions.
Il est dfini par lĠexistence dĠun retard mental plus modr, des troubles du comportement surtout alimentaire avec obsit majeure si on ne rduit pas la boulimie obsessionnelle.
Les enfants prsentant ce syndrome naissent petits malingres, ne mangeant pas bien pendant la premire anne de vie, beaucoup dĠentre eux ayant besoin dĠune nutrition entrale dbit continu. A lĠge de 2-3 ans, ils sortent de cette phase dĠhypotonie et de trouble alimentaire ; ds quĠils marchent, une boulimie apparat.
Les enfants de ces deux syndromes ont exactement la mme anomalie gntique, une dltion du chromosome 15 dans sa partie toute proximale :
4 Syndrome dĠAngelman transmis par la mre,
4 Syndrome de Prader-Willi transmis par le pre.
CĠest le mme caryotype. Un cytognticien ne peut pas faire la diffrence, car il ne peut pas distinguer sur la photo du chromosome le chromosome 15 dĠorigine maternelle de celui dĠorigine paternelle. Comme sĠil y avait besoin de ces deux chromosomes 15 paternel et maternel pour un dveloppement normal. Comme si lĠaltration de ces deux chromosomes 15 ne donnait pas le mme rsultat, lorsquĠelle survient dans le dveloppement trs prcoce de lĠÏuf. Car dans ces maladies, ce nĠest pas une maladie hrditaire mais une maladie sporadique ;
4 Les parents nĠont pas la dltion, et ne la transmettent pas
4 CĠest ensuite chez lĠovocyte au stade dĠune cellule quĠarrive la dltion lĠaccident gntique
4 Suivant que la dltion est survenue sur un chromosome 15 recopi du pre ou sur un chromosome 15 recopi de la mre, cela ne donne pas la mme maladie.
On nĠa pas encore lĠexplication de cela, mais on a dĠautres exemples qui sĠaccumulent de maladies o le phnotype nĠest pas le mme ou est plus grave ou plus prcoce suivant que lĠallle mutant est hrit dĠun pre ou dĠune mre.
Ce phnomne est appel phnomne dĠempreinte gnomique parentale, comme si en transmettant les chromosomes ses enfants on dterminait en plus du recopiage exact de lĠADN un sceau, une empreinte de style paternel ou de style maternel et quĠon a besoin des deux pour que cela marche correctement.
Tout notre ADN nĠest pas uniquement dans les chromosomes. Il y a 3 milliards de nuclotides dans les chromosomes (le gnome) et 16 000 nuclotides dans les mitochondries. Cet ADN mitochondrial est particulier par rapport lĠADN des chromosomes linaire, car il est circulaire et il ne fabrique que des protines qui participent la chane respiratoire mitochondriale (fabrication de lĠATP) dans toutes les cellules. Cet ADN mitochondrial a deux particularits :
4 Cette molcule nĠest transmise que par les mres. On nĠa que les mitochondries de sa mre.
4 Le spermatozode est bourr de mitochondries car il a besoin dĠune nergie importante et dĠATP pour sa mobilit. Quand il arrive, pour fconder lĠovule, il laisse tomber son flagelle, il abandonne sa pice intermdiaire et les mitochondries avec. Il fconde lĠovule avec son patrimoine gntique haplode en abandonnant ses mitochondries.
Quand elle est hrite, cĠest que la mre a une mutation de lĠADN mitochondrial. En consquence :
4 Tous ses enfants lĠauront
4 Seules les filles la transmettront leur tour
4 Les fils ne vont pas la transmettre.
Ces anomalies mitochondriales sont rares mais peuvent concerner toutes les spcialits :
4 Cardiaque avec des myocardiopathies,
4 Ophtalmologique avec la ccit de Leber,
4 ORL avec la surdit, neurologique avec des retards mentaux,
4 Rnale avec des tubulopathies, hpatique É
CĠest la deuxime particularit de lĠADN mitochondrial, celle dĠtre une sorte de mosaque ; il a la particularit de ne pas tre tout mutant ou tout normal ; cĠest dĠtre Ç htroplasmique, cĠest--dire dĠavoir des mitochondries normales et des mitochondries mutantes dans un dosage variable. CĠest ce dosage variable dans des tissus diffrents qui fait que le phnotype peut tre diffrent dans un arbre gnalogique (surdit ct de tubulopathie par exemple).
CĠest dĠune grande difficult tant sur le plan clinique que de lĠapproche biochimique. A retenir :
- Tout lĠADN nĠest pas dans les chromosomes. Sur le plan phylognique, les mitochondries sont des sortes de Ç rsidus È de la respiration des procaryotes (unicellulaires) permettant une respiration cellulaire dans tous les organes qui le ncessitent (muscle, cerveau,É).
- Les deux particularits des mitochondries : leur transmission uniquement maternelle et la variabilit de dosage des mutations suivant les tissus.
Le message
de cette complexit, cĠest que les problmes poss sont complexes rsoudre
non seulement pour les gnticiens mais pour tous les mdecins.
Si cette complexit est dj grande pour les situations prcdemment abordes, combien plus grande le sera t-elle pour les maladies multigniques, cĠest--dire les maladies o il faut non pas un mais plusieurs variations de notre ADN pour confrer non pas une certitude mais une prdisposition au diabte, lĠobsit, lĠhypertension artrielle, etc.
On est loin de la mdecine prdictive. Il parat ncessaire encore de concentrer nos efforts sur des maladies certes rares mais qui vont aider comprendre les modles gntiques encore plus complexes qui nous attendent comme les maladies multigniques plus frquentes que nous avons traiter et prdire.
Le risque pour des cousins germains dĠavoir une maladie gntique autosomique rcessive nĠest pas particulier sauf si les deux parents sont htrozygotes.
LĠaugmentation du risque chez les cousins germains est assez faible, de lĠordre de 2 3% au cours dĠune grossesse. Pour lĠensemble des grossesses, ce chiffre est augment de 1% par grossesse. Ce risque appelle plusieurs commentaires :
4
Premire situation : dans la famille, il
existe une maladie gntique. L, on sait quĠil y a un gne coupable. Le
conseil gntique doit sĠintresser spcifiquement la question de la maladie
qui est dj reconnue dans la famille.
Y a t-il dans vos
familles (communes mais aussi non communes) une maladie rcessive qui
modifierait cet avis ?
4 Deuxime situation : certaines populations connues prsentent avec une frquence suffisamment grande des gnes rcessifs pour des maladies particulires par exemple :
o Mucoviscidose Copenhague et Jrusalem.
o
Thalassmie dans la rgion
mditerranenne (1 personne sur 10 est porteuse du gne de la thalassmie). Si
on est cousin germain le risque est nettement plus lev. Dans le doute, faire
une lectrophorse de lĠhmoglobine.
Quelles sont vos
origines gographiques ?
Il nĠy a pas de risque Ç zro È en gntique. On aurait beau rechercher, tort, des maladies gntiques comme la mucoviscidose, lĠatrophie spinale, etc., on nĠaboutirait pas rduire le risque gntique.
Rponse - Je ne sais pas.
Quand on prend une cellule et quĠon la bombarde de rayons X ou quĠon lĠa soumet la prsence dĠagent alkylant, il y a des mutations 1 000 10 000 fois plus que la normale. On ne vit pas Hiroshima ni avec des produits alkylants.
Les mutations sont des scories, des erreurs de la transcription. Il y a une faute tous les millions de transcriptions de nuclotides. Notre systme est donc bien quip pour corriger les erreurs ! Mais on a 3 milliards de nuclotides. Une faute tous les millions, cela veut dire que lorsquĠon transmet notre patrimoine un de nos enfants, il est recopi avec 3000 changements. Fort heureusement 95% de notre ADN ne fait pas partie de lĠADN codant et nĠintresse pas les gnes. Sur les 3 000 changements lors de la transcription, il y a une trs grande majorit qui nĠentrane pas de consquence. Cependant quelques changements peuvent atterrir dans un gne. Quand le changement se produit au niveau dĠun gne et un endroit particulirement sensible du gne pour quĠapparaisse un phnotype, il y a une sorte de Ç malchance È, terme peu scientifique, mais indiquant une inconnue ou un hasard. Cette probabilit de malchance est diffrencier de la situation de sujets qui sont prdisposs par une ascendance porteuse dĠun phnotype.
Gros efforts de recherche en cours, mais aussi des rsultats pratiques.
On sait quĠil existe des familles cancer : cĠest vrai pour certains cancers du sein, pour certains cancers de lĠovaire, pour certains cancers du colon notamment ceux qui arrivent sur des polyposes familiales (maladie autosomique dominante) ncessitant des contrles rapprochs par coloscopie ds 15 ans et parfois la colectomie totale. Ce sont des situations assez rares. Mais il y a aussi des familles de cancer colique o le cancer ne nat pas dĠune polypose prexistante.
SĠil y a une demande, ces patients doivent tre adresss une consultation dĠoncogntique notamment pour le cancer colique, il y en a une St Antoine, lĠInstitut Curie, lĠIGR.É
Il y a plusieurs gnes responsables du cancer colique.
4 On cherche quel gne. Et en admettant quĠon arrive ensuite une mutation, quĠest-ce que lĠon en fait ?
4 Comment on utilise cette information ?
4 QuĠest-ce quĠon va dire un jeune É ?
On est en plein dans une situation de risque mendlien. Ce sont des situations peu frquentes.
Mais dans la plupart des familles o il existe de nombreux cancers coliques, il sĠagit dĠagrgation de cancers lis la frquence du cancer colique.
Cela a t fait chez la souris. Le bricolage chromosomique, remplacer un bout de chromosome existant, manquant, cĠest extrmement difficile. On arrive isoler de grand fragment de chromosome dans un clone de bactrie ou de virus, les reproduire des millions de fois et les stabiliser. Mais de l les rinjecter dans une cellule atteinte et le stabiliser dans le gnome de cette cellule pour quĠelle adopte les caractristiques que peut avoir un segment de chromosome normal, cela est trs, trs difficile. Pour lĠinstant il y a une recherche animale.
Le dpistage primaire prvu de la mucoviscidose nĠest pas molculaire. Il sera du type Guthrie (dosage de la phnylalanine), cĠest--dire que lĠon va doser la trypsine-immunoactive chez tous les nouveaux ns. On va dpister srement trop dĠenfants (environ 1 millier pour une centaine de mucoviscidose nouvelles par an en France) et sur ceux-l, avec lĠaccord des parents, on aura recours au dpistage secondaire lĠaide de la biologie molculaire.
En France, il a t longtemps involontairement interdit par la Loi.
La Loi de Biothique a fait avancer beaucoup les choses. Elle est entrain de reculer avec lĠarrt Perruche qui entrane une situation dramatique pour les pdiatres, obsttriciens, chographistes,É qui sont mis en cause dans leur pratique raisonnable de leur exercice.
En juillet 1999, il a t autoris la recherche sur lĠembryon pour vise de diagnostic pr-implantatoire exprimental. Trois centres ont reu lĠagrment en France (Strasbourg, Paris qui est un consortium Antoine Beclre - Necker-Enfants Malades et Montpellier). Il y a dj deux enfants qui sont ns. Voil o on en est.
La recherche porte sur les maladies triplets, la mucoviscidose, lĠamyotrophie spinale et les anomalies chromosomiques.