EPU95-Montmorency
Pédiatrie
Mise à jour du 24 Avril 2007
ANOMALIES PUBERTAIRES
Dr C. Bouvattier
Service
d’Endocrinologie Pédiatrique de St Vincent de Paul
Séance du 12
janvier 2006
La puberté débute entre 11 et 13 ans dans les deux sexes.
Elle se traduit par :
4
l’apparition des caractères sexuels secondaires,
4
une accélération de la vitesse de croissance,
4
la survenue des règles chez la fille
A la fin de la puberté, la fonction de reproduction est
acquise. La puberté est cotée selon les stades définis par Tanner (USA) en
1969
Développement pubertaire
Normal (Tanner)
|
Filles
|
Garçons
|
Seins
|
S1 : pas de développement
S2 : 11,5 ± 1,1 ans
S3 : 12,1 ± 1,1 ans
S4 : 13,1 ± 1,1 ans
S5 : 15,3 ± 11,2 ans
|
Gonades
(peu
utilisé)
|
G1 : testicule infantile
G2 : 11, 6 ± 1,1 ans
G3 : 12, 9 ± 1,1 ans
G4 : 13, 8 ± 1,0 ans
G5 : 14, 9 ± 1,1 ans
|
Ménarche:
|
13,5 ±1,1 ans
|
Pilosité pubienne
|
P1 : pas de pilosité
P2 : 11,2 ± 1,2 ans è
apparition
P3 : 12,3 ± 1,1 ans
P4 : 12,9 ± 1,1 an
P5 : 14,4 ± 1,2 ans puberté terminée
|
Pilosité
pubienne
|
P1 : pas de pilosité
P2 : 13,4 ± 1,1 ans è
apparition
P3 : 13,9 ± 1,0 ans
P4 : 4,4 ± 1,1 ans
P5 : 15,2 ± 1,1ans puberté terminée
|
Le début de la puberté :
4
Pour les filles, le 1er signe de puberté
est le développement des seins.
4
Pour le garçon, on utilise la mesure du volume
testiculaire (largeur > 25 mm, longueur > 35 mm).
Il existe de grandes variations de l’âge du début
pubertaire. Actuellement, il se discute de la nécessité de changer les
critères de puberté avancée ou retardée. La question se pose
particulièrement pour les filles.
Deux grandes études multicentriques ont été menées aux
USA en 1997 et 2003 :
4
L’étude de 1997 portant sur 17 077 filles dont 90 %
blanches et 10 % d’afro-américaines a permis de constater que
o
25% des petites afro-américaines normales
o
8% des
petites filles blanches avaient déjà des seins à 8 ans.
4
L’étude de 2003 portant sur 2510 filles a montré
que
o
10% d’entre elles avaient leurs règles avant 11 ans
o
90% après 12 ans
o
les Afro-américaines avaient un développement plus
précoce.
En ce qui concerne les garçons, dans une autre étude
américaine on constate que :
4
Les enfants Afro-américains ont un stade P2 plus
précoce que les enfants blancs et hispaniques
4
Beaucoup d’enfants Afro-américains ont un début de
développement testiculaire vers 9,5 ans
4
Et également de nombreux garçons blancs ont des
signes pubertaires à 10 ans.
2.
ENDOCRINOLOGIE DE LA PUBERTÉ
2.1. Le pourquoi et le comment du début de la puberté…
Il este encore de nos jours un mystère de
l’endocrinologie. Il est possible que de nombreux neuromédiateurs cérébraux
jouent un rôle tous ensemble, alors que pris séparément leur action est
minime.
Il existe 3 niveaux dans le mécanisme de la
régulation :
4
L’hypothalamus,
4
L’hypophyse,
4
Les gonades.
La puberté commence avec une sécrétion pulsatile de GnRH
hypothalamique qui stimule la sécrétion de LH et FSH hypophysaires. Ces
dernières iront agir sur les gonades pour sécréter les œstrogènes chez la
fille et la testostérone chez le garçon.
Des facteurs de rétrocontrôle gonadiques (activines ou
inhibines) activent ou freinent la sécrétion des gonadotrophines et de la
GnRH en fonction du niveau de sécrétion des hormones sexuelles.
2.2. L’axe gonadotrope
Il est activé entre 0 et 6 mois de vie.
Chez les garçons une élévation de la testostérone (1-2
ng /ml) à un niveau identique à celle observée au début de la puberté. On
ignore le rôle physiologique de cette activation gonadotrope, mais tous les
garçons font un pic de sécrétion de testostérone et de gonadotrophines
pendant cette période de la vie.
L’axe gonadotrope se met ensuite complètement au repos
jusqu’à ce que la puberté débute.
Le début de la puberté est marqué sur le plan hormonal,
par :
4
Une sécrétion pulsatile nocturne puis diurne de LH
4
Une augmentation des stéroïdes sexuels :
œstradiol > 25 pg /ml, testostérone > 0,5 ng /ml
2.3. Sur un plan pratique….
Il découle de cela un certains nombre de remarques
pratiques :
4
Lors de la découverte d’une cryptorchidie, pendant
cette courte période de 0 à 6 mois, le dosage de la testostérone permet
d’avoir un reflet de la fonction testiculaire. Ce dosage est inutile si la
cryptorchidie est explorée dans la petite enfance.
4
A partir de 2 ans et jusqu’à la puberté, en cas de
suspicion d’anomalies de l’ovaire comme le syndrome de Turner chez la fille
ou d’absence de testicules chez le garçon, Il est inutile, de doser la FSH
et LH car, pendant cette période, les sécrétions de gonadotrophines sont
basses.
4
Chez les filles, on n’utilise peu le dosage des
œstrogènes car leur sécrétion est variable dans la journée et que leur
dosage n’est pas suffisamment sensible.
4
Chez lez garçon, le taux de testostérone, à
l’opposé, est un reflet fiable de la sécrétion testiculaire. Un taux
supérieur à 0,5 ng/ml signe le début d’une puberté au niveau central.
3.
PUBERTÉ PRÉCOCE
3.1. La démarche
Une puberté précoce se définit :
4
Chez la fille par l’apparition des seins (1er signe
pubertaire) avant 8 ans,
4
Chez le garçon par l’augmentation du volume
testiculaire avant 10 ans.
Elle impose une triple démarche
La démarche diagnostique
4
Est-on dans les critères cliniques d’âge ?
4
Est-ce vraiment une puberté précoce ?
4
Est-il d’origine centrale ou périphérique ?
Tableau des différents
mécanismes de Pubertés Précoces
|
Puberté précoce centrale
|
Autonomie gonadique
|
Tumeur gonadique
|
Pseudo Puberté Précoce surrénalienne
|
Tumeur à hCG
|
GnRH pulsatile
|
GnRH = 0
|
GnRH = 0
|
GnRH = 0
|
GnRH = 0
|
LH et FSH é
|
LH et FSH basses
|
LH et FSH basses
|
LH et FSH basses
|
LH et FSH basses
|
Ov. ou Test > 35 mm
|
Ov ou Test > 35mm
|
1 Ov
ou 1 Test > 35 mm
|
Ov ou
Test < 35 mm
|
Ov ou
Test < 35 mm
|
|
|
|
Doser 17OHP et ∆4
|
hCG élevé
|
L’évaluation du stade pubertaire
Elle s’effectue sur la clinique et les signes
secondaires :
4
En le cotant, à partir de la classification de
Tanner, et en notant l’évolutivité clinique
4
Sur l’accélération de la vitesse de croissance
4
Sur l’âge osseux à partir de la radio de la main
gauche : l’apparition du sésamoïde signe le début de la puberté (11
ans chez la fille, 13 ans chez le garçon)
4
Le dosage de la testostérone chez le garçon
4
La mesure du corps utérin chez la fille par
échographie pelvienne :
o
Une longueur > 35 mm (col exclu) est un signe de
début de puberté.
o
Cet examen est très utile chez les petites filles
de 1 à 4 ans amenées par leurs parents parce qu’elles ont des seins.
o
Il permet à lui seul de dire si la puberté a ou non
débuté et de limiter les explorations.
L’évaluation des conséquences
Pour définir la taille cible de l’enfant, il faut se
baser sur la taille de naissance, la taille des parents. On est
parfois conduit à proposer un traitement pour améliorer le pronostic de
taille si on se situe à un âge à la limite du pathologique :
4
Le médecin est inquiet pour la taille, car plus la
puberté est précoce, plus la taille finale sera petite.
4
Les parents ne sont pas inquiets pour la taille,
car leur enfant est en pleine poussée et qu’il ne dénote pas par rapport à
ses camarades de même classe d’âge.
Il s’agit d’un sujet très sensible car une taille
acceptable pour les endocrinologues pédiatriques (1,50 m pour la fille et
1,65 m pour le garçon) est souvent inacceptable pour la famille qui
consulte.
Quel est le retentissement psychologique de la puberté sur
l’enfant ?
En hôpital de jour le bilan sera complété :
4
Test à la LH-RH et l’étude du pic de LH : la
puberté est commencé si le pic LH > 5 ou si le pic LH > pic FSH
4
IRM cérébrale est à envisager
4
dosage de la hCG
4
Chez la fille,
une échographie des ovaires ; chez le garçon, l’échographie des
testicules est inutile car leur volume est évaluable à l’examen clinique.
La 3ème démarche sera thérapeutique
3.2. Les Pubertés Précoces Centrales
Les pubertés précoces centrales sont plus
fréquentes chez les filles (90 %) que chez les garçons (10 %).
Classiquement, les pubertés précoces d’origine centrale sont :
4
Fréquentes et peu graves chez les filles
4
Rares chez les garçons qui présentent plus souvent
une lésion organique.
|
Garçons
|
Filles
|
Idiopathiques
|
49/139 (35 %)
|
661/127 (80 %)
|
Lésions hypothalamiques
|
90/139 (65 %)
|
166/827 (20 %)
|
On retrouve chez la fille non exceptionnellement des
anomalies à l’IRM cérébrale, surtout devant un développement des seins
avant 6 ans.
Des lésions organiques du SNC
Elles doivent être recherchées par IRM dont les
principales causes se trouvent dans le tableau suivant :
Tableau portant sur une
étude de 359 cas
|
4
Hamartome hypothalamique
4
Hydrocéphalie (prématurité)
4
Gliome du chiasma (maladie de Recklinghausen)
4
Kyste arachnoïdien
4
Neurofibromatose de type 1
4
Astrocytome, épendymome
4
Post-irradiation (tumeur maligne de la fosse
postérieure)
4
Autres pathologies du SNC sans précision
|
19%
12%
11%
6%
4%
4,5%
4,5%
44%
|
L’hamartome hypothalamique
est une tumeur bénigne, peu évolutive, appendue à
l’hypothalamus, associée souvent à des accès de rires immotivés (crises
gélastiques qui sont des équivalents convulsifs), souvent passés inaperçus.
Dans le passé, on a traité chirurgicalement ces tumeurs
mais avec de grosses séquelles. La chirurgie de l’hypothalamus entraîne une
dysrégulation de la température, de la pression artérielle et une
augmentation de l’appétit incontrôlable. responsable d’obésités
monstrueuses.
Aujourd’hui, on ne fait plus appel à la neurochirurgie.
Une surveillance (IRM) cérébrale annuelle ou bisannuelle s’impose. On ne
sait pas pourquoi l’hamartome déclenche une puberté précoce.
Le kyste arachnoïdien suprasellaire
Un acte chirurgical possible est associé au traitement
de la puberté précoce.
Autres cas
Dans l’hydrocéphalie, on traite la puberté précoce.
Dans les tumeurs malignes responsables de puberté
précoce, on initie le traitement de la puberté précoce, puis on débute la
chimiothérapie ou la radiothérapie.
Les formes idiopathiques
Dans beaucoup de cas, aucune étiologie n’est retrouvée
(puberté précoce centrale idiopathique).
Interroger la mère sur l’âge de ses 1ères règles pour
rechercher un facteur familial (études par analyse génétique sur les
transmissions familiales de puberté précoce sont en cours).
La puberté précoce chez les enfants adoptés
Une puberté précoce est très souvent notée chez les
enfants adoptés (surtout les filles) venant de pays du tiers monde. Des
hypothèses sont soulevées pour en expliquer leur origine :
4
-Rôle de la
renutrition chez des enfants dénutris à partir de signaux venant du
tissu adipeux pour déclencher la puberté.
Chez ces enfants malnutris
qui ont un développement staturo-pondéral médiocre, une renutrition rapide
entraîne une brusque augmentation de la masse adipeuse ce qui envoie un
signal au niveau du SNC responsable du déclenchement de la puberté. D’autre
part, il est nécessaire d’avoir un certain taux de masse grasse pour que la
puberté se déclenche. Dans des études des années 1980, certains auteurs ont
évalué qu’il était nécessaire d’avoir une masse grasse suffisante (environ
45 kg) pour déclencher la puberté. Ce qui expliquerait que les jeunes
filles anorexiques ou que les athlètes féminines de haut niveau n’ont pas
de règles.
4
Rôle des
œstrogènes environnementaux ? L’environnement des pays occidentaux
est saturé en œstrogènes.
Par exemple le changement de
sexe de certains poissons dans les lacs américains sous l’arrivée massive
d’œstrogènes extérieurs ; beaucoup de femmes prennent la pilule, ce
qui a une incidence sur le taux d’œstrogènes éliminés dans les eaux usées.
Chez les enfants, il est
possible que l’absorption passive d’œstrogènes joue un rôle dans les
pubertés précoces, mais cela reste difficile à mettre en évidence.
Dans les cas de puberté précoces chez les enfants
adoptés, on traite comme dans les autres cas le mécanisme de la puberté,
après avoir éliminé les causes organiques avec un bilan classique.
Traitement des pubertés précoces centrales
Généraliés
Les objectifs et indications du traitement freinateur de
la puberté précoce chez les filles tiennent compte de divers
paramètres :
4
De l’adolescente, gênée par leur nouvelle apparence
4
Des parents, inquiets de la survenue précoce des
règles
4
Du médecin, inquiets pour la taille
4
Du degré d’évolutivité (cf tableau)
Identification des
pubertés précoces évolutives chez la fille
|
Critères
|
Forme évolutive
|
Forme peu évolutive
|
Evolutivité clinique
Age osseux
Utérus
Pic de LH au test Gn-RH
Recherche d’une cause centrale
Traitement
|
Oui
Pronostic de taille < à la taille cible
longueur > 36 mm
Pubère
s ≥ 5 UI / L
IRM
Oui
|
Non
Pronostic comparable à la taille des parents
Prépubère
Valeurs prépubères
Non
Non
|
Les produits disponibles
Les médicaments actuels sont très efficaces, bien
tolérés, sans grave effet secondaire, mais coûteux et plus ou moins douloureux.
Il repose sur les analogues de la GnRH qui bloquent la
synthèse de LH et de FSH en occupant les sites récepteurs de la GnRH. Ils
doivent être prescrits en continu :
4
Triptoréline (Decapeptyl ®) utilisé par voie I.M.
o
3 mg tous les 28 jours (AMM puberté précoce)
o
11 mg tous les 90 jours (AMM pour l’adulte / étude
pédiatrique en cours)
4
Leuproréline (Enanthone®), utilisé par voie S.C.
o
3,75 mg tous les 28 jours (AMM puberté précoce)
o
1,25 mg tous les 90 jours (AMM puberté précoce)
Ces produits sont conditionnés sous forme de microbilles
lipidiques d’où la nécessité d’injecter sans tarder le produit une fois
reconstitué. Selon la tolérance la crème Emla ® peut être utilisée.
Avec 4 injections par an (formes trimestrielles), ce
traitement est devenu très acceptable pour l’enfant, mais le risque d’oubli
est non négligeable avec une injection toutes les 12 à 13 semaines.
Les points à surveiller pendant le traitement
4
Une prise de poids, surtout si une surcharge
initiale existait
4
La tolérance aux injections qu’elles soient I.M. ou
S.C.
4
La compliance ; son non respect justifie que
les injections soient réalisées en hospitalisation de jour
4
Le retentissement psychologique
4
La vitesse de croissance,
4
L’âge osseux.
4
L’existence d’un déficit en hormone de croissance
dans les formes neurogènes (gliome, irradiation) justifie l’adjonction de
cette hormone au traitement.
Les résultats du traitement freinateur
Ils sont bons :
4
Le ralentissement de la vitesse de croissance est
obtenu en 6 mois ; une vitesse de croissance de 4 à 5 cm par an
correspond à une croissance normale pour l’âge.
4
Les pics de LH et FSH chez la fille, le taux de
testostérone chez le garçon reviennent à des valeurs prépubères. Les règles
ne surviennent pas. Les seins chez la fille ne disparaissent pas, mais cessent
de pousser.
L’arrêt du traitement
Le traitement est habituellement arrêté à l’âge où
commence la puberté :
4
vers 11 ans chez la fille
4
vers 13 ans chez le garçon
Poursuivre le traitement diminue l’amplitude de
croissance finale. Toutefois l’âge optimal d’arrêt est encore controversé
et devrait être évalué dans des essais prospectifs.
Le bénéfice du traitement concerne la taille
Chez des filles ayant présenté une puberté précoce, le
bénéfice obtenu par la triptoréline sur la taille adulte a été comparé, à
partir d’observations anciennes de puberté précoce (contrôles historiques),
à la taille finale de filles, n’ayant pu bénéficier de ce type de
traitement. (tableau ci-dessous)
|
Triptoréline (N = 58)
|
Contrôles historiques (N = 86)
|
Age de début de la puberté
|
6,3
± 1,6 *
|
5,3 ± 1,9
|
Taille cible (cm)
|
160,1
± 4,4
|
|
Taille prédite avant traitement
|
156,4 ± 6,3
|
|
Taille finale
|
161,1 ± 5,9 **
|
152,3 ± 7,6
|
* P = 0,001 vs contrôles historiques ; **
P < 0,001 vs T prédite et P < 0,001 vs contrôles historiques (JCEM
1999)
|
Le traitement permet d’atteindre au moins la taille
prédite.
Mêmes constatations chez les garçons dans une étude
similaire : la taille prédite est atteinte surtout chez ceux qui
avaient une puberté très précoce avec un pronostic de taille catastrophique
(1,40 m à 1,50 m).
3.3. Puberté précoce de cause périphérique
Le diagnostic
Les pubertés précoces de cause périphériques sont
beaucoup plus rares et sont difficiles à repérer cliniquement. Dans la
plupart des cas, le diagnostic est fait sur :
4
L’absence d’activité de l’axe hypothalamo-
hypophysaire au test à la GnRH mettant en évidence :
4
Des taux de FSH et LH effondrés (0,2 – 0,3) et sans
pic alors que les taux d’œstradiol ou de testostérone sont très élevés
4
L’échographie pelvienne chez la fille, à la
recherche d’une tumeur de l’ovaire.
Trois exemples de puberté précoce de cause
périphérique :
4
Le syndrome de Mac Cune-Albright
4
La tumeur de la granulosa chez une petite fille
4
La testotoxicose chez un petit garçon
Tableau des principales
causes de puberté précoces de cause périphériques
|
Etiologies
|
Filles
|
Garçons
|
Autonomie gonadique
|
Mac Cune –Albright
Kystes ovariens récidivants
|
Mac Cune –Albright
Testotoxicose
Pseudo-hypoparathyroïdes
|
Tumeurs gonadiques
|
Tumeurs de la granulosa
|
Adénomes Leydigiens
|
Origine surrénalienne
|
Tumeurs
Blocs enzymatiques
|
Tumeur sécrétant de l’hCG
|
|
Garçons (rares)
|
Autres
|
Hypothyroïdie
Causes exogènes
|
Le syndrome de McCune-Albright
Il fut décrit en 1960
4
Puberté précoce d’origine gonadique
4
Tâches café au lait en carte de géographie
intéressant souvent un hémicorps (différentes de la neurofibromatose de
Recklinghausen)
La dysplasie fibreuse des os longs (fractures)
Ces enfants sont porteurs d’une mutation activatrice de
Gs alpha survenant tôt au cours de l’embryogénèse, affectant certains
tissus en particulier la thyroïde, la peau et l’os.
La prise en charge thérapeutique est compliquée :
4
Il est inutile de freiner la puberté puisque l’axe
hypothalamo-hypohysaire est au repos
4
Le traitement repose sur les inhibiteurs de
l’aromatase pour effondrer le taux d’œstradiol
Si l’on ne traite pas, la puberté évolue par poussées
avec pour conséquences :
4
des règles
4
une soudure précoce des cartilages.
La Tumeur de la granulosa
L’échographie pelvienne est un examen important chez la
petite fille. Elle permet de ne pas passer à côté d’une tumeur ovarienne,
dont le traitement est au moins chirurgical.
Le tableau clinique est marqué par une évolutivité
rapide des stades (S2 - P2 à S3-P3) avec une accélération de la vitesse de
croissance, associée à des taux d’œstradiol et d’inhibines B très élevés.
La testotoxicose
C’est une maladie liée à une mutation germinale
activatrice du récepteur de la LH. Les enfants d’une même famille avec la
même mutation ne font pas tous une puberté précoce. On ignore la cause du
déclenchement de la puberté précoce avec un taux de testostérone très élevé
et une LH et Gn-Rh basses. Il n’y a aucun signe clinique.
4.
LES RETARDS PUBERTAIRES
4.1. Généralités
Le retard pubertaire
Il est définit par :
4
L’absence de développement des seins chez une fille
de 13 ans
4
L’absence d’augmentation du volume testiculaire
chez un garçon de 15 ans
La démarche diagnostique est identique à celle de
la puberté précoce :
4
Affirmer le retard pubertaire. Il y a moins de
discussions sur les limites d’âge, mais il n’est pas toujours évident de
faire la différence entre :
o
Retard pubertaire : enfant qui a commencé sa
puberté et qui l’arrête (par exemple une fille réglée une fois puis plus de
règles)
o
Impubérisme : absence complète de puberté (fille
de 15 ans et absence de développement des seins).
4
Déterminer l’origine centrale ou
périphérique :
o
Origine centrale ou Hypogonadisme
hypogonadotrope caractérisée pas l’absence de sécrétion de GnRH, de
FSH et LH que l’on dépiste par le test LHRH avec gonadotrophines basses
sans pic.
o
Origine périphérique traduisant une maladie de la
gonade (ovaire, testicules). Les taux de FSH et de LH sont très élevés.
Le diagnostic différentiel
Le retard simple de la croissance et de la puberté, chez
le garçon, est très fréquemment rencontré :
4
Infléchissement de la courbe de vitesse de
croissance pendant 1 ou 2 années vers 10 ans
4
Démarrage pubertaire tardif vers 14 – 15 ans.
Chez ces enfants, consultants tôt du fait d’une
inquiétude liée à la taille, il n’est pas facile de définir une stratégie.
A quel moment déclencher un bilan d’exploration pour ne pas rater un
diagnostic ?
4.2. Les hypogonadismes centraux
Le craniopharyngiome
C’est la tumeur
cérébrale la plus fréquente en pédiatrie. En pratique, il faut
déclencher un bilan le plus exhaustif avec avant tout une IRM cérébrale à
la recherche d’un craniopharyngiome devant :
4
Une cassure de la courbe de croissance
4
L’absence de signes de puberté ou des signes de
puberté tardifs avec des gonadotrophines basses
Il existe un risque important de compression du chiasma
optique (avec évolution rapide vers la cécité totale).
L’intervention chirurgicale doit être le plus précoce
possible, d’où un recours facile à l’IRM dans les cassures de croissance et
les retards pubertaires pour dépister les petites tumeurs.
La chirurgie doit épargner la région
hypothalamique ce que permet l’aspiration trans-sphénoïdale, mais la
crainte des neurochirurgiens est de ne pas enlever totalement la tumeur et
de laisser des reliquats qui vont repousser.
Sur ces reliquats, on a recours actuellement à la
radiothérapie ciblée (la radiothérapie conventionnelle est abandonnée du
fait des déficits cognitifs qu’elle induit surtout chez les enfants traités
en bas âge).
La principale complication en cas de destruction de
l’hypophyse (compression tumorale, chirurgicale) est la survenue d’une
obésité morbide par dérégulation du comportement alimentaire.
En effet, les craniopharyngiomes opérés par voie haute,
parce qu’il a fallu enlever la coque fibreuse haut placée, ont tous des
courbes de poids qui s’envolent.
En plus d’avoir un hypopituitarisme complet pour lequel
les enfants vont devoir prendre un traitement, se développe une obésité
monstrueusement importante. Après l’intervention neurochirurgicale, la
croissance reprend de façon très correcte. C’est le choix du traitement qui
va conditionner l’évolution.
Les maladies génétiques
Parmi celles responsables d’hypogonadisme
hypogonadotrope, on dénombre de multiples syndromes par absence de GnRH. Il
s’agit de maladies congénitales. L’enfant a déjà des signes cliniques à la
naissance qui, parfois, passent inaperçus :
4
Une micropénis chez un enfant né à terme
(verge < 2,5 cm)
4
Une cryptorchidie bilatérale
Leur présence doit faire doser absolument la
testostérone chez le nouveau-né ou le nourrisson de moins de 3 mois.
4
Si la testostérone est effondrée, il existe une
très forte probabilité d’anomalies pubertaires, car normalement entre 0 et
6 mois le taux de testostérone chez le garçon est élevé (cf. § II).
4
Ainsi, entre 0 et 6 mois avec une simple prise de
sang et une enquête généalogique, il est possible de bien orienter le
diagnostic.
En l’absence de dépistage précoce, il ne se passe rien
pendant la petite enfance. C’est vers 15 – 18 ans qu’arrivent ces garçons
parce que leur puberté n’a pas commencé ou ne se poursuit plus :
4
Leur développement et leur croissance ont été
satisfaisantes car la production d’IGF1 est normale. Ils ont continué à
grandir de 4 à 5 cm par an comme des enfants en phase prépubertaire.
4
Leurs organes génitaux ont l’aspect de ceux d’un
enfant de 4 ans.
Dans le syndrome de Kallmann, on retrouve parfois une
agénésie rénale, des syncinésies d’imitation. Il existe deux gènes connus
responsables de cet hypogonadisme central du garçon :
4
une forme liée à l’X (la mère transmet, et les
garçons sont malades)
4
une forme autosomique dominante.
Le retard pubertaire est lié à une absence de sécrétion
de gonadotrophines. Il est associé à une hypo ou une anosmie. Ces 2
troubles sont dus à l’absence de migration (normalement concomitante) des
neurones olfactifs et des neurones à la GnRH au cours de l’embryogénèse
4.3. Les retards pubertaires d’origine périphérique
Le syndrome de Turner,
La plus fréquente des dysgénésies gonadique, le syndrome
de Turner atteint 1/2000 filles, ce qui ne représente que la partie
immergée de l’iceberg puisque la presque totalité des syndromes de Turner
se terminent par une fausse couche précoce. Cliniquement on trouve :
4
Un retard de taille prononcé <- 2 DS
4
Une absence de signe pubertaire avec des dosages de
FSH et LH de type ménopause, car les ovaires sont non fonctionnels.
La plupart des syndromes de Turner devraient être
dépistés devant un retard de taille <-2DS par un caryotype.
4
Seulement 30 % ne le sont que devant une absence de
développement pubertaire.
4
Actuellement, le diagnostic anténatal est plus
fréquent, lié à l’augmentation des amniocentèses réalisées dans le cadre du
dépistage de la trisomie du fait de l’âge de la mère ;
4
La discussion d’une interruption thérapeutique de
grossesse possible est difficile, car il s’agit d’une maladie compatible
avec la vie, mais aussi extrêmement lourde pour ces enfants très
médicalisés au cours de leur vie.
Chez ces petites filles, les ovaires sont normaux
jusqu’à 16-17 semaines de grossesse, puis se produit une accélération de
l’apoptose avec une régression considérable du stock de follicules qui
auront totalement disparu à la naissance.
En l’absence de diagnostic précoce, il ne se passe rien
jusqu’à la puberté puisque la FSH est normale, et il n’est pas possible
actuellement de faire le diagnostic cliniquement.
4
C’est l’échographie pelvienne qui montre un utérus
encore tout petit à 15 ou 16 ans et des bandelettes ovariennes à la place
d’ovaires (les 2 chromosomes X sont nécessaires au développement ovarien)
4
Le caryotype confirmera le diagnostic :
nombreux types sont possibles (45 X/46 XX, 45 X/ etc).
4
En cas de mosaïque avec présence du chromosome Y,
il est nécessaire de pratiquer l’ablation des bandelettes ovariennes pour
risque de survenue non exceptionnelle de tumeur.
Dans le syndrome de Turner on peut
retrouver d’autres signes cliniques :
4
Des signes osseux : cubitus valgus,
ostéoporose
4
Des signes cutanés : nævus, mamelons écartés,
implantation basse des cheveux, ptérygium coli
4
Des malformations cardiaques : coarctation de
l’aorte
4
Des anomalies rénales : rein en fer à cheval
4
Des troubles du métabolisme lipidiques
4
une hypothyroïdie, un diabète ou une HTA, de façon
plus fréquente que dans la population normale
Ces jeunes filles, habituellement décrites avec un
retard intellectuel, présentent, en fait, une surdité de transmission et de
perception :
4
Nécessitant une surveillance ORL soutenue avec
audiogrammes répétés,
4
Le traitement des otites, pose de yoyos, et
appareillage auditif précoce.
Si la surdité est bien prise en charge, le développement
intellectuel est le plus souvent normal (sauf si une anomalie en anneau de
l’X, qui est associée à un retard mental plus important).
La coarctation de l’aorte est liée à une anomalie de la
qualité du tissu élastique de la portion ascendante de l’aorte responsable
d’une dilatation de cette portion et de décès par rupture de la crosse. Une
surveillance échographique ou par IRM tous les 2 ans pour pouvoir procéder
à la pose d’une prothèse en téflon dès que le diamètre de l’aorte atteint
des valeurs critiques.
L’induction de la puberté se fait avec un traitement
œstroprogestatif assurant un développement pubertaire normal avec règles et
cycles normaux. Mais, il s’agit d’une insuffisance ovarienne avec une
fécondité nulle d’où la nécessité d’avoir recours au don d’ovocytes avec
risque accru de grossesse à risque.
Le recours à l’hormone de croissance est également
nécessaire, car le pronostic de taille est mauvais (1,41 cm) ; il est
entrepris dès que le diagnostic de Turner est posé (pendant une 15aine
d’années si le diagnostic a été précoce)
Dysgénésies gonadiques du garçon
La FSH et LH sont élevées
Le syndrome de Klinefelter
Le début de la puberté est sensiblement normal puis
arrêt et pas d’augmentation du volume testiculaire.
Les séquelles de chimiothérapie par cyclophosphamide
La réversion sexuelle
Il s’agit d’un défaut de développement des gonades
primitives, morphotype mâle avec phénotype féminin.
Les anorchidies
Le garçon (XY) naît sans testicule et avec une verge de
taille normale. Il n’y a pas d’utérus.
4
Normalement, on ne sort pas de la maternité si les
testicules ne sont pas palpables. Jusqu’à preuve du contraire, un garçon
qui n’a pas de testicules palpables, c’est une fille qui a un bloc 21. Pour
les chirurgiens, il s’agit de torsion anténatale des testicules.
4
Le testicule fœtal fabrique l’hormone
anti-mullérienne à partir de la 12-14ème semaines de grossesse, ce qui
induit la régression de l’utérus. Il s’agit d’une anomalie survenue entre
la 14-39ème semaine de grossesse.
4
Si le diagnostic est fait en période néo-natale,
l’absence de tissu testiculaire peut être affirmée par
o
Des taux nuls de testostérone è
reflet de l’absence d’activité des cellules de Leydig)
o
Des taux nuls de l’hormone anti-Mullérienne è
reflet de l’absence de l’activité des cellules de Sertoli
Sinon, on voit ces garçons parce que leur puberté ne se
produit pas. On induit la puberté avec un traitement par testostérone. Ce
sont des sujets infertiles et on pose des prothèses testiculaires à la puberté.
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